Sven allait pleurer.C'était le repère des pires tordus qu'il ait jamais vu. Non mais franchement, des mafieux gais qui s'embrassent dans les couloirs à l'heure de la pose, ça faisait pas très sérieux. Et leur regards pleins de sous entendus lui donnés la chaire de poulpe. Sven avait, chose qui ne lui était encore jamais arrivé, peur pour son cul. Il en aurait hurlé. C'est mecs étaient beaux comme des dieux (du moins la plupart, parce que ce petit gros là dans le coin... Et pis Jambon beurre...) et pourtant ils lui filaient la trouille. D'ailleurs Sven n'aurait pas donné cher de sa peau s'il avait du lutter contre un de ces hommes. Du reste, Sven ne savait pas se battre. Il s'en sortait toujours parce qu'il courrait vite, summum de la lâcheté. Mais quand il s'agissait de cogner...: La première fois que Sven avait vu son sang, à ses 4ans, il avait vomis dans le décolleté de la maîtresse... C'est d'ailleurs pour ça quand passant devant la salle de torture le cyber vira au blanc, puis au vert.
Heureusement Allic ne c'était pas attardé et l'avait vite conduit devant une porte littéralement ensevelie sous les chaînes. Ce qui ne servait strictement à rien puisqu'Allic et sa bande de joyeux compagnons avaient paumé la clé. D'ailleurs en parlant des hommes de papy... Si Sven allait travailler en plein cœur de leur repère, il avait intérêt à investir dans un nouveau cadenas. Entrée INTERDITE. Sauf pour le patron et peut-être bien les beaux yeux de Tony. Mais on verrait ça plus tard. Pour l'instant Sven avait le regard rivé sur l'immense terrain de jeu qui s'étalait devant lui. Ses yeux brillaient comme ceux d'un gosse devant ses cadeaux de la fête du soleil! Il était tellement content qu'il ne remarqua même pas la demi-tonne de poussière qui recouvrait absolument tout. En revanche le garçon fit la moue devant l'attirail du parfait petit chimiste, qui lui était absolument inutile. Pas bien ça... "ze voulait une console de zeux moi!". M'enfin, puisqu'Allic allait lui payer ce dont il avait besoin. Et ensuite il pourrait enfin accomplir son destin: créer toujours de nouvelles drogues et dominer le monde!
La sonnerie de son portable le tira de son délire et Sven entama deux trois déhanchés débile, avant de se rappeler devant qui il était. Rhaaa la honte... Pour se donner contenance, il sortit son téléphone. Il ne comprenait pas grand chose au fonctionnement de cet appareil de Modernis, trop archaïque (" non je me la pète pas parce que ma technologie est supérieure!"), mais il ne doutait pas de pouvoir dompter l'engin rapidement. En attendant il jeta un coup d'œil sur l'écran. Un nouveau message de Nioon: "ramène des carottes". Sven poussa un gros soupir ( il détestait les carottes) puis ce tourna vers son nouveau boss qui venait de lui parler.

- Ben... Ya du boulot. J'ai essentiellement besoin de matos Cyber et y'a deux trois trucs pas vraiment légales. Enfin, j'suppose que ça va pas trop te poser de problème pour les faire rentrer dans la ville. Il me faudrait aussi un numéro à qui je puisse envoyer ma liste et le nom de deux trois contacts qui nous feront des prix intéressants. Et quand tout sera là, je vais avoir besoin de quelques bras pour l'installation. Mais bon on devrait plutôt bien s'en sortir.

Il sourit à Allic puis reporta son attention sur son téléphone le temps d'envoyer, laborieusement, un "Ok. Mais c'est moi qui cuisine". Comme ça, avec un peu de chance, il arriverait à faire oublier les carottes assez longtemps pour qu'elles moisissent et qu'il n'ait pas à en manger. Et sur cette réflexion des plus fourbes il lança un splendide sourire entendu à son patron qui voulait tout bonnement dire: "alors, je suis pas un employé du Tonnerre?".

Allic rassura encore une fois Sven, décidément c'était l'employeur parfait ce mec, en lui assurant qu'il recevrait toute l'aide nécessaire. Il mentionna même Tony le bogoss et le regard de Sven s'éclaira d'une lueur... Malsaine. Des beaux mecs torses nus, suants en soulevant des meubles et tout ça sous ses ordres... Il s'y voyait déjà. Allic ajouta quand même qu'il était heureux de ne pas se taper le sale boulot, ce qui était normal. Après tout c'était le chef et il n'y connaissait rien en fabrication de pilules magiques façon Sven. Ce qui allait parfaitement au cyber, qui ne voyait de toute façon pas son boss suer en portant des cartons. Il est de notoriété publique que les patrons ne suent pas. Cependant ils ont toujours de bonnes idées, comme aller se bourrer la gueule.

- M'importe, du moment que ça s'boit!

Sven emboita le pas à Allic, le suivant gentiment à travers les couloirs de la baraque. Heureusement qu'il avait bonne mémoire parce qu'aussi non il aurait été obligé de demander une carte. Quoi qu'il en soit le chemin qu'ils suivaient les cracha finalement dans une salle, apparemment une cuisine-réfectoire, bondée de monde. Le duo se fraya un chemin parmi les hommes qui tournèrent quasiment tous la tête vers le petit nouveau et le vénéré parrain. Ce dernier choisit d'ailleurs une table et Sven posa son cul sur une chaise libre non loin de là. Presque tout de suite après quelqu'un lui fourrait un verre entre les mains. Rhum. Il allait bien s'entendre avec ces gens. Le garçon porta ensuite un toast à Allic "à notre nouvelle collaboration et vive les rencontres hasardeuse toussa toussa" et avala son verre d'une traite presque sans tousser. Le premier d'une longue série.
Une bonne heure plus tard Sven, le visage rougit par l'alcool, chantait gaiment une chanson paillarde avec le reste des mafieux. Le réfectoire s'agitait, buvait, rigolait grassement, et Sven se sentait comme un poisson dans l'eau. Il gesticulait dans tous les sens et papotait avec quiconque voulait rencontrer le nouveau dealer de la maison. Il finit tout de même par revenir s'assoir près d'Allic, où une place venait de se libérer.

- Allic Beackerman, merci! Tu peux compter sur moi pour te fournir une cam de qualité et agrandir ton marché. Grâce à toi je vais enfin pouvoir faire ce que j'aime et payer mon loyer, alors quoi qu'il arrive j'te suis!

Allic leva les yeux vers Sven et admira... sa mine lumineuse. Et surtout son regard brillant. On aurait un gosse à qui on avait promis d'offrir le dernier jouet à la mode. Le mafieux sourit largement, avant de secouer doucement la tête. Jamais personne sous ses ordres ne lui avait témoigné une telle reconnaissance ! En général on était plutôt soulagé, parce que dans la merde sinon. Mais Sven ne semblait pas avoir "besoin" de ce job à tout prix. Il semblait juste très content. Allic se mordit la lèvre inférieure un instant, avant de faire signe à son nouvel employé d'emprunter le chemin de la sortie, d'un petit mouvement de tête en direction de ladite sortie.

"Allons boire un coup. Tu trouveras bien ton bonheur."

Puisqu'apparemment, tant que ça se buvait, c'était bon. Allic remonta à l'étage comme il y était descendu, c'est à dire en menant le troupeau (composé de une personne, ça fait beaucoup), sans un regard en arrière. Du moins, en apparence. Parce qu'en réalité, il ne cessait de jeter des petits coups d'œil discrets par dessus son épaule. Est ce qu'il avait eu raison de faire confiance à ce jeune homme qui, malgré sa sympathie et sa volonté évidentes, lui était totalement inconnu ? Cela, l'avenir le lui dirait. Il n'était pas faible. Loin de là. Il avait confiance en ses hommes. Une confiance qui s'était durement gagnée, et certains en portait encore de grandes cicatrices. Allic décida qu'il avait fait le bon choix. Et si ce n'était pas le cas, il saurait bien y remédier. De toutes façons, il lui semblait impensable que Sven soit de mèche de près ou de loin avec la Milice, qui n'avait pas l'air de recruter ce genre d'énergumènes, trop instable.

Dès qu'ils pénétrèrent dans la cuisine, leur environnement sonore fut envahi par un brouhaha très mâle. Les mafieux parlaient haut et fort, beaucoup, se coupant sans cesse la parole. Il y avait de multiples conversations. Si bien qu'on ne comprenait absolument rien si on ne se concentrait pas sur une source précise. Un des malfrats accueilli aussitôt Sven avec un verre et Allic en saisit un plein sur le comptoir, sans se soucier de la personne à qui il appartenait ou encore de ce qu'il contenait. Assez vite, le nouveau fut intégré, on ne cessait de plaisanter avec lui, de lui taper dans le dos et de rire à gorge déployée à son sujet. Allic observait tout cela d'une table, dans les bras de Felicio, qui lui grignotait tout doucement le cou en massant son entrejambes. Mais le big boss n'était pas décidé à bander, manque de bol. Ce qui était bien avec Felicio, c'était qu'il s'en foutait pas mal. Felicio aimait le toucher, c'était déjà pour lui beaucoup. Il ne le décevait pas. Et de toute façon il n'avait pas l'intention de donner plus.

Sven finit par le rejoindre, alors que Felicio était pris dans un duel de bras de fer, une grosse somme d'argent était en jeu. Allic était accoudé sur sa table, son verre levé devant son nez. Il le posa sur le bois quand son nouvel et déjà populaire employé posa ses fesses à côté de lui. Allic allait dire quelque chose mais Sven pris les devants, clamant haut et fort que le big boss pourrait compter sur lui. Allic sourit largement, montrant une rangée de dents impeccables.

"C'est accepté avec plaisir."

Il leva son verre à Sven et avala son contenu d'un trait. Union scellée officiellement par la beuverie. La Famille Beackerman avait un nouveau fils.


[Je pense qu'on peut s'arrêter là ?]