Droguons-nous, dans les bois...

Une nouvelle infâme journée commençait pour Allic Beackerman. La douleur ne s'estompait pas. Il vivait avec chaque jour, s'efforçait de faire plus ou moins bonne figure devant les autres. Il devait garder son titre de big boss, ne voulait pas risquer un revers de la part de ses hommes. Alors il se montrait fort. Même si la mort de Grim lui rongeait le cœur. Si au moins il avait pût se droguer ! Mais non, il avait fallu qu'il se promette de ne pas replonger, en sa mémoire. Il buvait peu aussi, sinon il allait vite retomber dans l'alcoolisme. Enfin, il n'avait jamais été alcoolique. Il buvait juste beaucoup, mais ce n'était pas de l'addiction. Non, la coc' surpassait ça.

Allic marchait dans les rues noires. Noires de la nuit et vide de monde. Il devait être trois heures du matin. Il faisait froid pour Modernis State, sa gorge était protégée d'une écharpe fine et il avait fermé son long manteau. Ses cheveux étaient censés être beaux, soyeux, coupés courts. Mais de longues mèches désordonnées couraient sur ses épaules. Il devait passer chez le coiffeur de toute urgence. La clope au bec, Allic tourna dans une rue et parvint sur une place. Tous les magasins étaient fermés. Il descendit dans le métro, sans avoir l'intention de prendre le train. Il s'assit près d'un clochard puant et sortit de sa poche une grosse liasse de billets.

"Tiens. Va te prendre un repas et une chambre à l'hôtel."

L'homme mit un certain temps à émerger. Allic lui confisqua sa bouteille de rhum à moitié vide et le regarda s'éloigner en tanguant. Le mafieux regarda les rares personnes passer, sifflant son alcool tranquillement, s'allumant une cigarette de temps à autre. Il se réchauffait. Voilà, il devait avoir l'air fin. A la place du clochard. Et il resta ici des heures. Le flux de personnes augmentait. A plus de six heures, il avait terminé son rhum. Il devait empester l'alcool. L'envie de dormir le prit. Il n'avait pas fermé l'œil depuis plus de vingt quatre heures. Mais il avait peur de tomber dans le monde des songes. Parce qu'au réveil, il était seul.

Allic se moucha, il avait attrapé froid. L'homme enfila ses gants. Les gens commençaient à le regarder. Et lui avait mal au cul. Le banc n'était pas très confortable. Alors il se leva mais ses jambes étaient engourdies par l'alcool, le froid, la fatigue, l'immobilité. Il s'effondra en avant, la face contre le sol sale. Merde. Quelle dépravation. Il espérait que jamais son fils ne le verrait dans cet état.

Invité

Il faisait noir depuis longtemps. Sven aurait déjà du être de retour chez Nioon mais il n'avait pas envie de rentrer. La nuit l'appelait. Lui soufflait des promesses d'aventures que seule l'immensité de la ville pouvait satisfaire. Alors Sven traînait sa carcasse au hasard, sans but. Le froid le mordait mais honnêtement, il s'en foutait. La température à Cyber était bien plus redoutable et pour l'instant son gros pull en laine et ses vielles mitaines le réchauffait assez. Sven eut un petit rire quand ses pensées s'envolèrent vers son hôte. à sa place, l'hybride serait déjà mort de froid, frileux comme il était.
Le temps passa vite, si vite que Sven ne parvint pas à le retenir. La bouteille de vodka, les joints, et la "pilule d'oublie" l'aidèrent en revanche à s'endormir sous un porche. Il dormit donc, une heure, peut être deux. Au réveil, il avait les yeux explosés et la tête dans le cul. Pas fameux. Il se força à se lever et à marcher, histoire de se dégourdir les guiboles. Son corps étaient engourdie mais après deux cent mètres environ il se réveilla.
Un rire gras finit de le ramener à la réalité. à vingt mètres environ un groupe de miliciens patrouillait, apparemment sans beaucoup de sérieux. Mais il était quand même plus prudent de les éviter. Il était tard, ou plutôt très tôt. Et Sven avait pas vraiment la tête de celui qui se lève à l'aurore pour aller bosser. Pas envie de se justifier, de s'expliquer, de se confronter à des gens plus con que lui. Surtout que dans sa poche, bien au chaud, une dizaine de pilules psychotropes attendaient d'être consommées. Valait mieux pas que la milice tombe dessus, sous peine de belles emmerdes.
Sven s'engouffra dans le métro pour sauter dans une rame vide qui venait d'arriver. Le jeune homme laissa les stations défiler au hasard, bien tranquille dans son wagon désert. Tranquillité qui fut vite troublée. Une dizaine de personnes venaient d'entrer, le visage fermé et le regard vide. La mine réjouie des moutons lui donnait pas particulièrement envie de rester et Sven sortit avant la fermeture des portes. Sur le quai, un gars venait de se vautrer lamentablement. Le garçon pensa d'abord à un clodo trop amoché par l'alcool pour tenir debout mais il déchanta vite. Il lui suffit en effet de s'approcher pour remarque que l'homme n'était pas n'importe qui: veste de bonne facture, belles chaussures. Le jeune cyber se pencha pour le relever sans trop savoir pourquoi. Ce type, il en avait rien à foutre. Mais bon le laisser ici, le nez dans la merde, c'était plutôt sale non? ha fichu conscience! Lui qui n'en avait guère...

- Hé m'sieurs, ça va aller?

Une paire de grosses semelles vint se planter devant son nez. Allic pensa immédiatement à Julian. Suivit une inquiétude. Non, ce n'était pas la voix de Julian. Tant mieux s'il ne connaissait pas ce jeune homme. Ce n'était pas le genre de position dont il aimait se vanter.
Est-ce qu'il allait bien ? Bien sûr que oui !

"Non... "

Ce n'était pas son genre de se confier à un inconnu dont il n'avait même pas regardé le visage. Allic n'alla donc pas plus loin. Sa simple réponse était déjà de trop, car trop honnête. Il força sur ses bras pour se redresser, mis un pied à terre, attendit que le tremblement dans sa jambe passe et se mit debout, son poids réparti presque dans son entier sur son côté droit. Il allait attendre que la jambe gauche se remette avant de tenter une marche.
Il contempla la personne qui avait osé s'inquiéter de son sort. Un jeune homme oui, ainsi qu'il l'avait deviné à la voix. Ce devait être la journée, on aurait dit un ado rejeté à la rue. Allic avait malheureusement donné tout son liquide au clodo de tout à l'heure. Le mafieux s'alluma une autre cigarette. Son paquet était léger. Il allait devoir en racheter. Il alluma sa clope et tendit le paquet au jeune homme. Juste avant de se rendre compte qu'il était en train de fumer la dernière. Comme il se sentait l'âme généreuse, il décida de lui offrir un truc quand même.

"Suis moi, je vais retirer du liquide et après je t'achèterai des cigarettes."

Il se détourna, faillit tomber mais se rattrapa à une rambarde qui avait connu de meilleurs jours de fraicheur. Allic réussit tout de même à se remettre droit sans s'écrouler.

"Oups."

Prochaine étape : l'escalier. Avant de commencer l'ascension, le mafieux se tourna vers son clodo du jour.

"Tu fumes au moins ? Parce que sinon je peux te payer un verre. Ou des bonbons si tu y tiens."

On pouvait se demander pourquoi un mec aussi friqué tenait autant à acheter quelque chose à un garçon qui avait l'air plutôt... punk. Allic lui même se le demandait. C'était peut être parce qu'il ne voulait pas rentrer dans une maison trop vide à son goût, bien que peuplée de mafieux. Ou alors qu'il voulait compenser pour le fils qu'il n'aurait jamais. En tout cas, pas celui qu'il voulait. Un autre sans doute, qu'il aimerait moins, issu d'un utérus quelconque, une mère qu'il n'aimerait jamais. Ou encore, c'était parce qu'il avait bien bu et qu'il avait tendance à avoir des coups de folie ces derniers temps.

Allic jeta un regard vers la lumière du matin, aveuglante lumière. Il enfila ses lunettes de soleil, à la dernière mode, et entreprit de grimper les marches une à une, s'agrippant à la rambarde qui traversait l'escalier en son milieu.

"'tain c'est dur."

Ah oui, quand on était bourré, c'était pas facile. Il devait avoir l'air bien débile comme ça. Avait on déjà vu un mec sortir du métro dans un tel état ? En plus, ils étaient à quelle station déjà ? Allic ne se souvenait plus où il était allé. Il se souvenait simplement d'avoir traversé des rues désertes. Et au fur et à mesure qu'il montait, la fraîcheur du dehors lui glaçait les sangs. Il faisait super froid le matin ! Ou bien était ce parce que l'effet du rhum se tarissait ?

Invité

-Non...

Oui bon, ça, on s'en s'rait douté... L'inconnu se leva tant bien que mal, tendant son paquet de cigarettes à Sven. Haha, très drôle. Il était vide. Mais bon, les hommes ivres sont des proies faciles et l'homme enjoignit à son cadet de le suivre. à la clé, des clopes. Bha, au moins, il aurait pas perdu sa journée. Et pendant que l'autre se démenait pour marcher vers la sortie, Sven se triturait le cerveau. Mais qu'est-ce qui lui prenait putain? à suivre comme ça une épave.... C'était pathétique.
Arrivé au bas des escaliers, l'inconnu lui posa une question. Il se foutait de sa gueule? Des bonbons? Il avait pas six ans... Et d'ailleurs les bonbons c'étaient souvent dégueulasse, et Sven en raffolait pas.

- Te fait pas de bille, des cigarettes c'est parfait. Et un verre dans ton état... Ce serait pas une bonne idée.

Et dans le miens non plus, songea le garçon. Parce que fallait bien avouer qu'il était pas vraiment frais... Enfin, il allait toujours mieux que son inconnu, qui peinait à monter les escaliers. Le pauvre avait de sérieuses ratés et alors qu'il faillit manqué une marche près du sommet, Sven le rattrapa.

- Doucement papi, va pas te casser la gueule une deuxième fois.

Paf. Juste retour des choses. Bon, maintenant, des sous. Sven guida son p'tit vieux ( puisqu'il marchait comme un croulant) jusqu'à un distributeur. Il laissa au soins de l'inconnu l'extorsion de billets à la machine. Une fois fait, il l'entraîna jusqu'à un bar tabac. L'avait pas perdu de vue ses clopes le gamin. Mais bon, un café ne ferait de mal ni à l'un, ni à l'autre.

- Salle ou terrasse? Va t'assoir j'vais commander. Qu'est-ce' tu veux?

Les gens le regardaient avec un air dégoûté, qui témoignait de son état pathétique. Pourtant, aucun ne bougeait pour l'aider. C'était drôle, surtout quand on savait qu'il avait droit de vie ou de mort sur la plupart d'entre eux. Qu'il pouvait décider de mettre leur existence en pièces. Et dire que c'étaient ces mêmes gens qui adulaient son portrait sur les portes du magasin AB, qu'ils le pressaient de les sauver du joug de la Milice. Il se sentait du coup encore moins concerné par le sort des Modernis au vu de leur comportement. Personne ne lui avait même envoyé ses condoléances, pourtant la mort de son fiancé n'avait pas été cachée au public. Parasites. Opportunistes. Humains.

Il dérapa sur une des dernières marches et vit le sol se rapprocher. Ca allait faire mal. Pourtant, il ne toucha pas le béton. Le jeune homme qui s'était déjà intéressé à lui l'avait retenu. Wouah... Il venait d'où celui là ?
Papy... Il n'avait que vingt sept ans !

Une fois en haut, Allic prit une grande inspiration d'air glacial et pollué. Ca le revigorait.

"T'as raison, un verre ce serait pas prudent."

Il devait empesté le rhum à trois kilomètres.

"Bien. Par là."

Allic se laissa soutenir jusqu'au distributeur de billets, sur lequel il s'appuya pour ne pas s'écrouler. La tête lui tournait. Ce rhum était vachement fort ! Le mafieux enfonça sa carte dans la fente et composa le code. Il s'en souvenait. Ou plutôt, c'était un automatisme. De gros billets furent régurgités par l'appareil et Allic les glissa dans la poche de son manteau, avant de remettre sa carte de retrait dans son porte-feuilles. Un petit manège auquel il était habitué. Ce n'était pas la première fois qu'il retirait du fric complètement à la ramasse.
Le garçon les mena jusqu'à un bar-tabac. Allic avançait déjà de manière plus rectiligne, mais il se rassurait en tenant le bras du jeune homme. Une fois dans l'atmosphère enfumée du lieu, le mafieux fut abandonné à la caisse. Son compagnon de fortune lui demanda ce qu'il voulait et l'homme rigola doucement. On ne demandait jamais ce que voulait boire Allic Beackerman le matin. Parce que c'était hautement évident. Bien sûr, celui-ci ne le connaissait pas. Et aucun de ces hommes n'était dans les parages, puisqu'il avait réussi à les semer. Pour une fois, il était seul. Ca ne lui faisait pas peur, mais il devait demander pour obtenir quelque chose.

"Un cappuccino."

Il acheta ensuite un paquet de Red Lark et rejoignit la table où s'était installé le jeune clodo. En attendant qu'arrivent leur commande, Allic se décida à engager un semblant de conversation. Il retira son manteau et son écharpe, dévoilant une chemise blanche surmontée d'un gilet noir sans manche, sans oublier la petite croix en argent, qu'il portait aujourd'hui autour du cou.

"Alors ?" fit-il en libérant ses doigts de ses gants en cuir. "Tu t'appelles comment ? Moi c'est Allic. Prends une cigarette."

Il fit glisser le paquet encore recouvert de son plastique vers le jeune homme, avec son briquet (jaune, un smiley-vampire dessiné dessus en noir). Il était probable qu'il avait de quoi s'allumer une clope, mais quand on offrait une cigarette, c'était tout ou rien. Question de principe.

Invité

Le café était enfumé et suffoquant de chaleur. Encore des patrons qui ne lésinaient pas sur le chauffage. à croire qu'un léger coup de froid sur Modernis sonnait comme la fin du monde. Mais bon, pas leur faute. Après tout ces gens avaient l'habitude de vivre sous le soleil quasiment toute l'année. Une vraie vie de lézard.Ta vie, maintenant. Au moins, y'allait avoir un paquet de nanas en mini jupes.

- Un cappuccino.

Sven se dirigea vers le comptoir ou il passa commande. Un cappuccino donc, et le café le plus noir et serré qu'ils avaient. à Cyber ce genre de boisson, infâme pour le commun des mortels, s'appelait le Kla. Et le garçon doutait fort qu'il soit commercialisé ici. Une fois sa mission accomplie, il alla s'assoir, attendant patiemment le retour de son épave. Ce qui ne tarda pas. L'homme enleva son manteau, dévoilant des vêtements chic mais passe-partout, ce qui conforta Sven dans l'idée que ce mec n'avait d'ordinaire rien à faire ivre mort dans un métro.

- Alors, Tu t'appelles comment ? Moi c'est Allic. Prends une cigarette.

- Sven.

Difficile de faire plus court. Sven enleva d'abord son pull, se retrouvant en simple marcel blanc qui laissait voir des bras translucides. Il lui faudrait du temps avant d'adopter le bronzage en vigueur pour la plupart des habitants. Mais Sven était pas spécialement pressé. Il prit ensuite un cigarette dans le paquet d'Allic et l'alluma avec le briquet qu'il lui tendait. Le dessin le fit sourire. Maintenant il savait que son interlocuteur était pas franchement du même avis que la milice.
Une fille passa. Jean en cuir moulant et décolleté provoquant. Vulgaire, mais appétissant quand même. Sven suivit l'inconnue du regard sans aucune gène puis, quand elle disparut dans l'arrière salle, il reporta son attention sur Allic.

- Alors, qu'est-ce qui amène un monsieur comme toi à se transformer en épave imbibée de rhum dans le métro?

Oui, Sven avait reconnu l'odeur du Rhum. Qui devait pas spécialement être de qualité d'ailleurs. Et oui, il se foutait de la réponse... Plus ou moins. Il savait même pas ce qu'il faisait là, à boire un café avec un inconnu. Mais le garçon détestait le silence et il était hors de question qu'ils se regardent dans le blanc des yeux indéfiniment. Donc, il avait posé la première question qui lui était passé par la tête. Parce que même si au fond la vie d'Allic ne l'intéressait pas, il était quand même curieux.

Sven. Le silence prit une place confortable entre eux. Allic ne s'attendait pas à un point final aussi vite. Bon. Sven.

Vivant plutôt de nuit, couvert et comme un malfrat depuis sa plus tendre enfance, Allic Beackerman n'avait pas spécialement la peau foncée. Du moins, elle était plus pâle que la moyenne Modernis. L'homme arborait tout de même un léger hâle naturel. Donc, lorsque le jeune homme en face de lui dévoila son corps, il eut un instant freeze. Cette pâleur était impressionnante. Et pour avoir forniqué de très nombreuses fois avec l'un d'entre eux, à toutes les heures de la journée, sous tous les éclairages possibles, il savait que ce n'était pas un teint de vampire. Il semblait malade. Peut être qu'il était mourant. Dans ce cas, il devait n'en avoir rien à faire de se détruire un peu plus la santé avec du tabac.

Allic surprit Sven à sourire devant le motif de son briquet. Est ce qu'il allait lui exposer une morale à la noix sur le danger des vampires, le dénoncer à la milice qui patrouillait ? Non. Qu'il soit partisan ou ne se sente pas du tout concerné par l'affaire, cela importait peu à Allic. Lui même n'était pas un passionné de la cause. Il était partisan parce qu'il faisait toujours des choix allant en ce sens, mais il ne cherchait pas les emmerdes avec les miliciens.
Le temps qu'Allic allume lui aussi une autre cigarette, il avait perdu l'attention de Sven. Le jeune homme semblait passionné par quelque chose. Le mafieux chercha ce dont il s'agissait, mais ne compris pas. Ca avait dû lui passer sous le nez. Pourtant, Sven avait eu un regard plutôt gourmand. Allic repéra une seule personne baisable, et le jeune homme était dans le dos de son vis-à-vis.

"Un monsieur comme moi ?"

Allic ricana en faisant tomber un peu de cendre dans le cendrier. S'il savait à qui il était en train de s'adresser...

"Et bien... Comme à peu près toutes les épaves imbibées de rhum de ce monde. Je voulais oublier."

Allic connaissait bien d'autres moyens d'oublier, autrement plus efficace. Mais il ne pouvait pas les utiliser dehors, il devait conserver sa vie encore un peu. Pour son fils. Et il ne pouvait pas les utiliser à la maison, par crainte de tomber sur ce même fils alors qu'il était défoncé. Il y avait aussi qu'à la villa, il n'aurait plus de limite et pourrait se tuer presque par surprise.

"J'avoue, ce n'était pas la meilleure manière de s'y prendre. Le rhum n'était pas très bon."

Il posa sa cigarette dans l'encoche du cendrier et remercia la serveuse qui apportait leurs commandes, la gratifiant d'un très agréable sourire tout à fait artificiel. La jeune femme s'empourpra et ajouta précipitamment une série de chiffres sur la note, qu'elle glissa tout près d'Allic.
Le mafieux ne fit plus attention à elle dès qu'elle eut tourné les talons. La mousse de son cappuccino était bien plus attrayante. Il y plongea les lèvres. Il adorait ça. Et si quelqu'un avait le malheur d'y plonger un doigt avant qu'il ait lui même commencé, ça bardait. Ou, s'il aimait trop le coupable, il délaissait la boisson.
Allic jeta un œil à la vitre, où s'étalait en gros et à l'envers le nom du café. Ils faisaient un excellent café, il devrait s'en souvenir.

"Et toi ? Tu as un endroit où dormir ?"

Non pas qu'il ait l'intention de recueillit un énième chien galeux dans sa précieuse maison, depuis peu sanctuaire interdit, mais il avait des moyens immobiliers considérables. Et il avait envie de venir en aide à quelqu'un. Sven était bien tombé. Ou plutôt, il avait bien profité de la chute d'Allic. C'était tombé sur lui comme ça aurait pût tomber sur n'importe qui. D'habitude, il s'en foutait bien que des gens crèvent dehors.

Invité

Ainsi donc Allic voulait oublier. Qui, quoi, cela n'avait pas beaucoup d'importance. Sven comprenait, mais selon lui l'alcool n'était pas spécialement efficace pour ça. Et l'homme en face de lui le savait, reconnaissant volontiers qu'il ne s'y était pas pris de la meilleure manière. Et en plus le rhum était dégeu. ça, il l'avait deviné tout seul... L'odeur était épouvantable. Mais maintenant qu'il était consommé, y'avait plus de regrets à avoir.
La serveuse amena leur commande et fondit devant Allic. Elle n'accorda même pas un regard à Sven, qui ne se formalisa pas. Allic était plus âgé, plus classe et plus séduisant. On ne pouvait pas en vouloir à cette fille de tenter une approche. Quoi qu'il en soit Sven avait sa tasse entre les mains et c'était le plus important. Il but une gorgée. Le café était amère: tout ce qu'il aimait. Le liquide brûlant allait lui donner le coup de fouet nécessaire pour bien commencer sa journée.

- Et toi ? Tu as un endroit où dormir ?

Sven leva les yeux, interloqué. Mais c'était quoi cette sollicitude à la con? Franchement... Allic devait s'être cogné plus fort que Sven ne l'avait pensé, ou alors on l'avait bercé trop près du mur à la naissance... Non mais sérieux, pourquoi cette question? Est-ce que le cyber ressemblait tant que ça à un clodo? Ouais bon, il avait dormis dans sa voiture un p'tit bout de temps et il avait pas une thune. Et avec ça, une gueule de déterré et des fringues qui avaient connus des jours meilleurs. M'enfin de là à penser qu'il vivait dans la rue... Coup fatal à son estime. Et en plus il avait Nioon. Ce mec c'était la carte chance de Sven. Il l'aimait bien sa petite star, sous ses airs de mijaurée.

- Disons que je suis chez un ami pour quelques temps. Rien de bien urgent donc... Moi, ce qu'il me faut, c'est un employeur.

Quelqu'un qui avait l'argent et l'ambition de tenter un coup de folie. Quelqu'un qui était prêt à ouvrir un nouveau marché qui, Sven le savait, allait cartonner. Et surtout quelqu'un qui trempait dans l'illégalité. Est-ce que c'était le cas pour papi Allic? Rien de moins sur, mais Sven pouvait tenter sa chance. Parler, fouiner, glaner quelques informations, c'est comme ça qu'il dénicherait sa perle rare.

Sven sembla plutôt surprit par sa dégoulinante générosité. Allic regrettait de s'être intéressé à lui. Comme il se foutait du sort des inconnus en général, il avait oublié un élément essentiel : les gens n'aimaient pas être secourus. C'était comme ça. Ils pouvaient être au bord de la mort, tant pis. Il le savait bien, il était pareil. Et même pire.
Enfin, Sven n'était pas forcément de ceux là, puisqu'il avoua habiter chez un ami. Ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux, mais il était apparemment en phase de transition, puisqu'à la recherche d'un emploi. Et comme il réclamait un employeur, c'était qu'il avait une idée assez précise du domaine dans lequel il voulait briller.

Allic sourit à demi et reprit une gorgée de cappuccino.

"Pas de chance. Tu t'adresses pas à la bonne personne."

Il baissa le ton, amusé.

"Sauf si tu veux risquer la taule."

Il ne craignait pas que le jeune homme le dénonce pour activités suspectes. Ca ne semblait pas être le genre. Et puis, dans leur infinie incompétence, la Milice n'avait pas eu l'idée de mettre sa tête à prix.

"Mais j'ai de nombreux contacts ! Dans bien des branches professionnelles. Dis toujours ce que tu cherches, je pourrai peut être t'aider."

Il "protégeait" pas mal d'artisans. Une petite menace et le garçon serait engagé. Il aurait fait sa bonne action. Trop facile.

Invité

Sven avait le sourire jusqu'aux oreilles. Aurions nous les même valeurs papi? Certainement que oui. Allic avait était plutôt clair. Son domaine d'activité versait dans l'illégalité. Parfait. Sven n'en demandait pas temps mais le destin, c'est le destin. Restait plus qu'à savoir à quel niveau il opérait. Encore une fois, Allic le renseigna. Il disait avoir de nombreux contacts. Bon d'accord, n'importe quel malfrat de bas étage à quelques relations. En revanche aucun ne l'affirmait avec l'assurance d'Allic, et aucun n'avait un carnet d'adresse aussi vaste qu'il le laissait entendre. Il connaissait beaucoup de monde, véreux ou pas. Mais bon quand même... Haut placé l'épave? très probable.

- Ben on peut dire que mon métier à moi, ça serait marchand de rêves. Alors forcément, si vous connaissait quelqu'un qui s'intéresse aux paradis artificiels...

D'accord d'accord, c'était pas bien clair. Mais à Cyber les fournisseurs avaient pris ce surnom là, et certainement qu'à Modernis ça leur était pas étranger. Vendre du rêve à la masse , à part les putes, les dealers et les tenanciers de bars, pas grand monde en était capable. Les religieux et les politiques peut-être... Mais la on entrait dans un autre domaine de perversité bien trop sale pour qu'il soit abordé par deux honnêtes citoyens comme Allic et Sven.
Le garçon écrasa sa cigarette dans le cendrier, traquant sans pitié les petites braises qui voulaient lui échapper. Il prit ensuite sa tasse à deux mains et en vida le contenu en trois grandes gorgées. Il avait mal à la tête. Le bruit et la chaleur il en avait sa claque. Ce genre d'agitation était d'ordinaire réservée à l'heure de l'apéro. Le matin c'était juste casse burne. Mais bon, il allait pas râler vu qu'il paierait certainement pas sa consommation.

- Et pour la case prison pas la peine d'essayer de me faire peur, je m'en fait pas trop. Y'a toujours des risques qu'il faut savoir prendre, alors je vais pas me faire des nœuds au cerveau à l'avance.

Il allait certainement pas se tracasser pour rien. Quand tu choisis de vivre dangereusement, tu l'assumes. Voilà tout. Suffit de se démerder assez bien et de pas être trop con. S'il devait finir en tôle, il irait pas se plaindre puisque ce serait de sa faute tout plein. Mais c'était pas vraiment le sujet.
Sven regarda Allic dans les yeux. Il attendait juste une réponse à la conversation sous-entendue qui s'installait entre eux.

Un sourire. Allic fit de même, en plus réservé. Un sourire qui montrait une certaine interrogation. Quoi ? Il était tellement désespéré que le mafieux venait de lui sauver la vie ? Ou alors c'était l'histoire de la prison qui l'amusait ? Dans ce cas, pour quelle raison. Ah, l'honnête gens était bien plus facile à comprendre que n'importe quel délinquant. Allic aurait bien envoyé son pouvoir à la quête d'informations, mais il ne le maitrisait que trop peu. Et puis, Sven semblait plutôt conciliant, inutile de fouiller sauvagement.

Marchand de rêve. Allic fit comme si ce qu'il venait d'entendre n'était pas du tout extraordinaire, terminant son cappuccino sans sourciller. Sven avait l'air plutôt content de lui mais la base de son métier consistait à ne pas sembler tant intéressé que ça. Maintenant qu'il avait appâté le poisson, il devait maintenir son intérêt intact.
Le mafieux reposa sa tasse et reprit sa clope, presque consumée. Il observait la salle de façon lascive. En vérité, il vérifiait qu'aucune oreille indiscrète ne viendrait les perturber. Il en repéra deux ou trois, mais ça irait. Elles étaient assez loin.

"Du rêve hein ?"

Il prit un sourire moqueur.

"J'aimerai bien voir ça."

Première phase : je suis du genre à tester avant d'acheter. Il doutait qu'il s'agissait de drogue et cela lui rappela sa rencontre avec San le Cyber. Un jeune homme, un artiste, un peu beaucoup cinglé, qui faisait dans le "feu d'artifice". Il avait ainsi étendu son marché et par conséquent sa puissance. Si Sven pouvait lui aussi lui rapporter quelque chose, ce serait un grand bénéfice. Surtout qu'il était plutôt expert en drogue, bien qu'il se soit finalement rabattu sur de la bête cocaïne lors de ses prises quotidiennes. Enfin, ça c'était avant. L'ancien lui. Qui finalement n'était pas si loin.

"Ah oui ? Bah, de toute façon, si t'es pas un hybride, un vampire ou un pro-vampire, tu risque plus grand chose. La Milice ne pense qu'à sa mission stupide de débarrasser le monde de nos chers suceurs de sang."

Sur le mot "débarrasser", Allic écrasa presque avec hargne son mégot dans le cendrier, seul signe de sa haine envers l'organisation rebelle. Son expression faciale était elle très sereine. Puis, croisant les doigts, il reporta toute son attention sur Sven.

"En fin de compte, tu es plutôt chanceux. Je recherche de nouveaux marchés à exploiter. Tu en as sur toi ? Faut que je vérifie la qualité."

Il se demandait aussi de quel genre de psychotrope il s'agissait. Poudre, injection, infusion ? Champignons ? Ou alors de la poudre aux yeux pour petits consommateurs lycéens ?
Allic sortit un billet de son porte-feuilles et le déposa sur la note. Ils allaient peut-être voir ça ailleurs. Il connaissait des tas de coins plus tranquilles pour ça. Et même si les oreilles indiscrètes pouvaient avoir du mal à comprendre leur conversation, elles étaient accompagnée d'yeux qui seraient plus difficilement trompés.

Invité

- Du rêve hein ?

Sven ne répondit pas. Ce n'était pas une question, pas vraiment.

- J'aimerai bien voir ça.

Tu m'en diras tant... évidement qu'Allic voudrait voir ça. Personne n'achète un cheval sans avoir vérifier ses dents. Et de la même manière, personne ne se lance dans un nouveaux marché sans avoir vérifié les produits.
Sven n'eut as le temps de répondre puisque son interlocuteur avait enchaîné sur une phrase plus ou moins philosophique à propos des vampires. Et effectivement, Sven ne risquait pas grand chose. à Cyber, il avait côtoyé des vampires et ils faisaient partie intégrante de la vie de cité. Et il logeait maintenant chez un hybride (il avait appris ça en feuilletant des magasines people). Mais son affection n'allait pas jusqu'à' risquer sa peau pour sauvé un vamp'... Un tel geste... Fallait que sa en vaille vraiment la peine. Sven était trop individualiste, ou trop égoïste, pour les actes de charité.

- En fin de compte, tu es plutôt chanceux. Je recherche de nouveaux marchés à exploiter. Tu en as sur toi ? Faut que je vérifie la qualité.

- Oui, j'ai quelques échantillons.

Allic paya la note et, sans un mot, Sven le suivit à l'extérieur. Le café n'était pas vraiment le meilleur endroit ou l'on pouvait se permettre de parler affaire. Trop d'oreilles indiscrètes. Dehors il faisait toujours aussi frais et, par chance, il n'y avait pas encore trop de monde. Pendant que le garçon suivait son aîné, il lui fit un rapide topo.

- Technologie cyber. Plus performant et pas additif. Ne bousille pas le cerveau ou quoi que ce soit d'autre, sauf si tu te jette du haut d'un pont en plein tripe. Les effets sont multiples et la durée aussi. En fait, je suis capable de copier à peu près toutes les drogues. Le produit cible plutôt les jeunes parce que les consommateurs plus anciens sont acro à des substances qu'ils ne sont pas près de remplacer. Mais selon la pilule, ça peut intéresser quelques amateurs de sensations fortes.

Voilà papi, t'es au courant maintenant. Si Allic n'était pas ce qu'il prétendait être, il pouvait le faire arrêter tout de suite. Mais quelque chose lui soufflait que non.

- Une dernière précision. Comme j'te l'ai dit, ya pas d'addiction. Les drogues fonctionnent souvent grâce à ça, mais pas la mienne. Au contraire. L'idée qu'on ne puisse pas se bousiller la santé tout en profitant des bon côtés, ça à vraiment décidé les septiques. à Cyber, ces pilules avaient complétement submergé le marché.

Une fois dehors, Allic s'acharna à remettre son écharpe correctement autour de son cou. Et pendant que Sven lui expliquait sans trop monter le ton les qualités de sa drogue, il vérifiait discrètement les alentours. Evidemment qu'on les suivait. Miliciens ? Petite mafia ennemie ? Dealers qui se croyaient maîtres de la ville ? Il n'en savait rien, mais ça ne l'inquiétait pas plus que ça.

Le mafieux était très étonné de ce qu'il entendait et aussi très intéressé. Il ne cacha pas vraiment sa surprise. Il ne s'agissait pas de drogue. C'était uniquement un psychotrope. Ou plusieurs. En fait, s'il en croyait Sven, le garçon était capable de produire tous les effets possibles et imaginables, sans créer d'addiction. Plutôt à l'aise en chimie, Allic se posait des tas de questions. Un produit de ce genre agissait avec l'endorphine. Comment faire pour ne pas créer d'addiction. Ca lui semblait totalement incompatible avec le principe du produit. Et pourtant, il ne semblait pas mentir. Il disait même que ça faisait déjà fureur à Cyber. Un produit Cyber donc. Voilà qu'en plus ça ferait une bonne pub. Il pourrait étendre très largement le nombre de consommateurs. Il se ferait un paquet de fric, mais cette donnée ne l'intéressait que peu. C'était plutôt l'idée d'étendre son pouvoir de façon absolue sur Modernis State qui l'enchantait au plus haut point.

"J'aimerai essayer. Je suis sevré, je ne ressens plus le manque de la cocaïne. Ca ne devrait pas poser de problème."

Mais avant...
Allic s'engouffra avec Sven dans une ruelle et se plaqua au mur, son arme au poing. Les deux hommes qui les suivaient tournèrent à l'angle d'un pas incertain. Allic tira une balle dans le front de chaque, le canon de son arme équipé d'un silencieux ne produisit qu'un faible bruit. L'homme tira ensuite les hommes sous des caisses, masquant les corps. Il creva ensuite un sac d'ordures et étala son contenu sur le sang qui avait un peu coulé vers le trottoir, très peu fréquenté à cette heure. Voilà. Un chat avait fouillé les poubelles.

"Allons nous amuser."

Oui, s'amuser. C'était exactement ce dont Allic avait besoin. Prendre une petite pilule magique serait l'idéal.

Ils rejoignirent un square, assez peu fréquenté à cette heure. Sur un banc, partiellement à l'abri des regards grâce à deux arbres (le coin des amoureux ou des consommateurs de produits illicites), ils avaient tout loisir de faire ce qu'ils voulaient.

"Pas quelque chose de trop fort. Je ne voudrai pas me mettre à chanter à tue-tête et attirer l'attention."

Invité

Allic avait l'air curieux. Pourtant Sven n'en dit pas plus. Il allait quand même pas lui révéler ses secrets de fabrications... De tous les rares scientifiques qui bossaient avec la nanotechnologie, il était le seul dans son "domaine" et il n'avait que trop conscience de la valeur de son savoir. Si quelqu'un tombait sur une de ses pilules, il aurait du mal à en percer le mystère.
Au milieu de ses réflexions, Sven remarqua enfin qu'il c'était laissé entraîné dans une ruelle plutôt sordide. Le cyber commençait à se poser des questions quand son mafieux descendit deux pauvres mec d'une balle en plein front. Plutôt expéditif.... Sven resta interdit pendant qu'Allic maquillait la scène de crime. Il n'avait même pas remarqué qu'on les suivait... Mais quoi qu'il en soit, Allic devait être encore plus important que Sven ne l'avait imaginé. Ce qui ne lui plaisait plus trop, d'un coup. Assister à un double meurtre n'avait jamais été dans ses activités favorites...

- Allons nous amuser.

Ha ben ouais, tant qu'à faire... Comment ce type pouvait tuer avec une telle facilité et penser à faire mumuse après? Sven commençait à se dire qu'il était tombé sur un taré. Mais après tout, qu'est-ce qu'il avait cru? Il le savait pourtant, qu'il ne traité jamais avec des tendres... Simplement, il avait pas l'habitude qu'on exécute deux gêneurs sous ses yeux.
Le jeune homme se laissa lourdement tomber sur le banc que lui avait désigné Allic et sortit de son jean un petit pochon en plastique. Une dizaine de pilules s'y trouvaient, de différentes couleurs bien que toutes dans la même teinte. Allic voulait quelque chose de pas trop fort. Pas de chance, Sven n'avait que des hallucinogènes. Il sortit deux des pilules les plus pâles et tendit sa main.

- Hallucinations, illusions et modification de l'état de conscience. J'ai que ça. Mais celles-ci ont une durée d'environ deux heures. C'est le plus court que j'ai concu...

Comparé aux autres produits, c'est sur que c'était court. Mais pour un test, ça irait au poil: Bref, mais très efficace. Malgré tout, Sven n'était pas sur qu'Allic accepte, mais de toute façon il n'avait que ça à proposer. Pour l'encourager, le cyber avala sa pilule d'un air décidé. Il posa l'autre sur la cuisse de son voisin. Qu'il fasse ce qu'il voulait... Le jeune homme se concentrait maintenant sur ce qu'il avait pris. La monté se faisait en douceur, quoi que rapidement. Ce qui était normal, vu la très courte durée du trip. Au bout d'une dizaine de minutes, Sven avait complétement décollé.

Il aurait quand même pût l'aider non ? Un dealer devait bien connaitre ce genre de situations ! Non ? Enfin, ça n'allait pas de paire avec le meurtre et la corruption ? Allic glissa son flingue dans son holster, sous sa chemise. Sven n'était peut être pas du genre à donner un coup de main après tout. Il devait craindre d'avoir littéralement du sang sur les mains. Frimeur.

Une fois bien à l'abri des regards indiscrets, en particulier à cette heure de la journée, Sven exposa ses petits produits. C'était très joli, on aurait plutôt dit des médicaments. Enfin, le mafieux n'était pas dupe. Que ça ait l'air de bonbons ou d'anti-dépresseur (ou VIAGRA), les effets étaient un peu plus performant que ça.
Sven décida d'en prendre une aussi. Ah bon ? D'ordinaire, on en laissait un sain pour contrôler les choses en cas de dérapage. Malgré ce que disait le dealer, ça ne devait donc pas être si fort que ça. Peut être qu'Allic ne se mettrait pas à copuler avec un des arbustes après tout, que ça resterait dans sa tête.

Il avala la pilule, qui passa bien. Les vieux réflexes restaient. Les deux hommes restèrent silencieux à attendre que les effets apparaissent. Allic observait son environnement floral, c'était dans les couleurs des plantes qu'il reconnaissait le mieux l'évolution de son esprit drogué. En quelques minutes, la joie monta. Les hallucinations se présentèrent poliment, avec une petite introduction. Les feuilles étaient d'un vert flashy. Les pétales changeaient de couleur. Il ferma les yeux et appuya l'arrière de sa tête contre un tronc, les pieds sur le banc, genoux fléchis. C'était parti pour un voyage magnifique de deux heures.

Lorsque les effets commencèrent à s'estomper, Allic était assis sur le sol, les épaules contre le banc. Il essuya la bave qui coulait au coin de sa lèvre et frotta ses yeux. Il avait l'impression d'avoir trop dormi et avait du mal à émerger. Son estomac flottait quelque part en dehors de son corps, qu'il ne sentait plus vraiment. Il était léger, léger, il lui semblait qu'il pourrait sauter dans le ciel et être porté par le vent. Le vent aux couleurs pastels. Il voyait le vent, ses courants. Les feuilles ou les papiers qu'il transportait clignotaient. Et puis, peu à peu, sa vision redevint normale. Il se sentait toujours euphorique cependant, ne lui restait aucun souvenir précis de son trip. Il aimait les utiliser comme un rêve, plutôt que de déambuler en délirant. Voilà pourquoi il se calait bien et fermait les yeux. Desfois, ça dérapait. Pas cette fois apparemment. Mais on ne savait jamais.
Allic étira ses bras et, avant d'entreprendre la dure tâche de se lever, chercha Sven des yeux. Avait-il repris conscience avant l'artisan ? Ca ne l'étonnerait pas, il avait un corps très résistant.

Invité

Sven avait repris "conscience" à une dizaine de mètre du banc, assis en tailleur près d'une petite marre. Il avait suivit une fée mais avant qu'il ne tombe à l'eau, un buisson l'avait arrêté. Les poissons avaient encore une couleur irisée et les nuages ressemblaient à de la barbe à papa, mais dans l'ensemble ça allait. Le jeune homme se rappelait un peu trop parfaitement de tout ce qu'il avait vu, à cause de sa mémoire défaillante (ou sur-développée, c'est vous qui voyez). Pourtant, avoir des souvenirs aussi net de ses hallucinations était quelque chose de très, très dérangeant. Dans ces conditions, difficile de dissocier le réel et l'imaginaire. Sven sortit une boîte métallique de sa poche d'où il prit une de ses pilules d'oubli. Deux minutes après, les souvenirs s'estompaient et perdaient un peu de leur authenticité. Le cyber se leva péniblement pour retrouvé Allic. Il avait l'impression de flotter, ce qui n'était pas désagréable. Son compagnon était lui aussi redescendu et gravité autour du banc.

- T'as fait bon voyage?

Pourvu qu'il dise oui. Sven savait que son avenir dépendait de la réponse, mais étrangement ce n'était pas le plus important pour le moment. Il fallait d'abord que le duo se remette de leur expédition. Et puis, en scientifique soucieux (laissez moi rire), il tenait à savoir si tout c'était bien passé.

- Un café? ou autre chose? Ce coup ci c'est moi qui offre.

Nioon lui avait donné un peu d'argent local et il avait de quoi payer deux consomations. Et il avait bien envie de boire quelque chose. Il était pas dans un état fameux, avec la nuit qu'il avait passé, alors s'assoir à un café lui semblait raisonnable. De toute façon ils allaient pas camper ici. Pas que le coin soit pas charmant mais, à l'avis de Sven, les distractions étaient limitées et ce banc devait avoir d'autres habitués.

Sven le trouva avant lui, il avançait dans sa direction. Allic vérifia qu'il ne lui restait plus de bave et se leva, s'aidant du banc.

"Oh oui. Beaucoup. C'était très agréable."

Il passa une main sur son ventre vide d'organe.

"Et ça l'est encore."

S'il avait ce genre de sensations dans la durée, c'était que le trip avait été un succès. Et qu'il pouvait acheter. Mais avant, Sven eut la bonne idée de proposer un petit remontant. Certainement histoire de se remettre les idées au clair. Mais alors... S'il offrait la conso... C'était qu'il n'était pas si pauvre ! Si ça se trouvait, il avait même déjà quelques succès. L'effet délinquant provenait sûrement de son look un peu Cyber. Quelque chose comme ça.

"Okay. Je te laisse décider de l'endroit."

Après tout, c'était lui qui invitait. Allic se contenterait de suivre. Et prendrait son deuxième cappuccino de la journée. Non ce n'était pas de trop. Pas pour Allic Beackerman.

***

Une fois installé devant son café, il décida qu'il était temps de parler affaires. Et surtout d'être un petit plus honnête. Oh, il n'avait pas menti. Mais ce qu'il n'avait pas dit été très lourd. Après avoir vérifié que personne ne les espionnait encore, il se lança, à voix basse mais intelligible pour son vis à vis.

"Je m'appelle Allic Beackerman. Et je suis le parrain de cette ville. Le big boss de la mafia de Modernis State".

Il espérait avoir été assez clair comme ça.

"J'aimerai investir dans tes produits. Mais... Il faudra que tu partage ta recette. Je ne veux pas tout perdre avec ta mort."

C'était certainement dur pour Sven si, comme il l'avait compris, il était le concepteur et créateur. Mais en business, il y avait des règles d'or à respecter. On visait toujours dans la continuité. Allic n'aurait même pas accepté le contraire avec un vampire. Eux aussi claquaient, quand bien même ils pouvaient survivre des siècles. Voir des millénaires.

Invité

Papi avait aimé. Sven aurait presque sauté de joie, mais il c'était retenu. Pas vraiment par sens des convenances, mais plutôt pour pas perdre toute crédibilité. C'est donc un sourire flottant sur ses lèvres que Sven avait choisit un bar avec l'air très sur de celui qui sait où il va. En vérité il n'en avait pas la moindre idée et c'était contenté de choisir l'établissement le plus proche du parc. Il avait ensuite passé commande et rejoint Allic à la table qu'il avait choisit, les deux tasses dans les mains. Il avait préféré les ramener lui même, plutôt que d'être dérangé par un serveur. Ceux là avait toujours le chic pour couper une conversation privée.
Et là, le choc. Papi était un monstre de la pègre locale. Sur le coup, le cyber avait faillit s'étrangler avec son café. Putain! Il avait ramassé le parrain de la mafia dans le métro complétement sec, et il l'avait rendu stone dans un parc à la merci de tous! La merde...

- Tu veux dire que j'ai incité l'homme de l'ombre le plus important a consommé des hallucinogènes alors que deux minutes avant il était poursuivit?! Putain... Si tes hommes savent ça, ils vont m'en vouloir...

Oui bon, il avait inconsciemment mis en danger la vie d'Allic Beackerman, mais il y pouvait plus grand chose. Et puis maintenant que papy s'intéressait à son boulot, ben il avait pas à craindre de représailles. Du moins en théorie.
En revanche... Y'avait comme qui dirait "divergence d'intérêt. Sven, révéler ses secrets? Merde, on lui avait jamais faite celle là. Sauf qu'Allic lui laisserait pas trop le choix, ça se sentait. M'enfin... ça faisait chier quoi! Et puis surtout personne allait rien piger à sa "recette". C'était par pour se venter (non non...) mais ce qu'il avait mis au point, rares étaient ceux qui pourraient en faire autant. Sans compter le fait que ça sentait le piège à des kilomètres à la ronde...

- Je voudrais pas être emmerdant mais ça me briserait le cœur de laisser mon bébé à n'importe qui, surtout sans garantie derrière... D'un autre côté, je comprend ta position...

Oui mais alors que faire? Il avait bien un petite idée derrière la tête mais d'abord... Le cyber sortit une cigarette d'un paquet quasiment vide et l'alluma. son tabac était franchement dégueulasse mais fumer était productif chez Sven.

- Imaginons que je te laisse ma recette, comme tu dis. Après tout je prend pas de risques parce que le gars capable de la comprendre tout seul est pas encore né... Donc en précaution à un éventuel décès de ma part, je forme quelqu'un de chez toi. Même si j'ai pas vraiment l'intention de mourir avant longtemps...

La nouvelle avait l'air de salement le déconcerter. Il y avait de quoi quelque part. Avec un titre pareil, il pouvait paraitre impressionnant. Alors qu'en fait, il s'en foutait pas mal d'être surprotégé.

"Ouais. C'est ça. Et mes hommes s'en branlent. Ca fait des lustres que je prends des risques bien pire que ça. Alors t'affoles pas. Mes hommes sont mes hommes. J'ai pas l'intention qu'ils te fassent la tête au carré."

Inutile de lui dire que le contraire était vrai aussi. Ca se devinait tout seul.
Pendant que Sven réfléchissait à sa proposition, Allic buvait tranquillement son cappuccino. Il n'était pas inquiet, pour avoir vécu cette situation des dizaines de fois. Il finissait toujours par avoir ce qu'il voulait.
Finalement, le jeune homme opta pour un compromis. Evidemment qu'il n'était pas d'accord avec le fait de livrer sa recette. D'après lui, c'était aussi parce qu'elle était compliquée à assimiler. Allic voulait bien le croire, il n'avait même pas encore pigé le mécanisme de base qui empêchait l'addiction. Ce qui était magnifique, c'était que Sven était arrivé tout seul à la conclusion qu'aurait de toute façon émise Allic. Mais en affaires, il ne valait mieux pas tout révéler tout de suite. On pouvait avoir des bonnes surprises. Tomber sur un pigeon prêt à vous donner bien plus que vous ne lui auriez réclamé.

"C'était à quelque chose comme ça que je pensais tu vois. Je t'achètes ton produit, les droits et l'exclusivité. On parlera du prix après. Et tu restes à bosser dans un de mes labos, tu formes un jeune chimiste diplômé et assez aguerri. Est-ce que ça t'irait comme ça ?"

L'histoire de l'achat, avec une somme plutôt rondelette, devrait terminer de le convaincre. Et tout serait dans la poche. Une fois le savoir transmis à quelqu'un de son réseau, ce serait un jeu d'enfant d'établir son empire de drogue non addictive sur la ville.

Invité

[ Désolée d'avoir été longue, mais le mixte nouvel an+rentrée ne pardonne pas... Et qu'allic excuse le langage de ce pauvre Sven...]

Allic l'avait plus ou moins rembarré. Plus que moins en fait... Mais Sven s'en branlait pour la simple et bonne raison qu'il était si content qu'il aurait passé à son futur boss tous ses caprices. Alors si papi se croyait increvable, il allait pas le contrarier...Mais tout le monde meurt un jour non? Alors valait mieux être prudent, surtout quand on s'appelait Allic Beackermann et qu'on avait une tripoté d'ennemis. Encore qu'il était pas le plus démunie, ni le plus à plaindre...
M'enfin, pour l'instant ledit Monsieur Beackerman était assis à la table d'un bar et faisait une proposition alléchante à Monsieur Mortensen qui lui aussi n'était pas à plaindre. Il espérait juste qu'Allic ne retournerais pas sa veste. Parce que lui contait bien être fidèle, du moins autant qu'il le pouvait. Quand on a un bon patron, on fait tout pour le garder. Et le parrain de la mafia, ben sur l'échelle des patrons les plus importants (de 1à 10), on fait pas mieux.

- Ouaip, c'est plutôt un bon plan, mais faut être clair: je tiens à un bon salaire. Si mon bébé ce vend bien sur, ce dont je ne doute pas. Et je veux pouvoir refuser un des types que tu me proposais, s'il s'avère qu'il est vraiment trop con. D'ailleurs il me faut pas un chimiste mais si tu connais quelqu'un qui s'y connais dans les microtechnologies, je prend.

Oui, quelqu'un qui aime les tout petit robots qui vont faire la tawa dans le cerveau et qui font le ménage après. Bon vu comme ça c'est pas tellement crédible. Mais bon Sven était un génie dans le fond. Dans la forme c'était pas encore ça... Quand aux diplômes... "Met toi les dans le cul et fais l'avion avec, ça nous changera! Parce que moi des diplômes, j'en ai pas." Ce qui ne l'empêchais pas d'être brillant et efficace. Par contre Sven se demandait comment Allic allait lui dégoter ça. M'enfin c'était pas son problème. Et puis après tout il avait tout le temps pour enseigner ses secrets.

Moins stupide qu'il l'avait d'abord cru, le Sven ? Et bien oui. Monsieur avait ses exigences. Et monsieur faisait bien. D'un côté, ça rassurait Allic. Il n'avait pas affaire au premier imbécile venu qui avait volé le produit d'un autre scientifique. C'est que cela portait à croire en tout cas. Il y avait toujours un risque. Mais... Les gêneurs n'avaient jamais vraiment gêné Allic. Même avec un contrat béton. La mort réglait toujours le problème.

"Hum..."

Il faisait semblant de réfléchir. Alors qu'il avait déjà accepté intérieurement. Restait le problème de l'apprenti. A part Cyber, il ne voyait pas où en trouver. A moins que... Non, il était trop stupide pour ça. Bah, il aviserait le moment venu.

"Ca pourrait me convenir. Par contre, tu n'auras pas de salaire au pourcentage. C'est ma seule condition. Que ça marche bien ou non, tu recevras la même somme chaque mois."

Et c'était déjà très bien, vu les sommes qu'il livrait généralement.

"Enfin, si vraiment c'est si génial, on pourra toujours envisager une petite augmentation. Quant à ton apprenti, j'arriverais à le trouver. Je finis toujours pas avoir ce que je veux."

Sur cette belle parole, il s'alluma une autre cigarette et jeta un coup d'œil par la fenêtre. Le soleil brillait plus fort. Une transaction s'achevait. Bonne nouvelle. Ne restait plus qu'à signer les papiers.

"Tu m'accompagnes au QG ? C'est pour le contrat."

Le QG de la mafia se trouvait dans le quartier résidentiel. Il s'agissait d'une maison, un peu moins impressionnante que la villa, mais avec deux sous-sols et un étage. Il avait ses appartements ainsi que beaucoup d'autres mafieux. C'était un lieu empli de testostérone. En chemin, il téléphona à son comptable, Jean Bonbeur, afin qu'il prépare le tapuscrit du contrat.

Invité

Comme Sven avait posé ses conditions, Allic posa les siennes. Et comme celles du cyber avaient été acceptées, il en fut de même pour celles du mafieux. Après ce laborieux raisonnement, Sven hocha du bonnet avec conviction, surtout que le patron parlait déjà d'augmentation. Vint ensuite la question de l'apprenti. Mais encore une fois Allic promettait monts et merveilles et encore une fois Sven le regarda avec des étoiles dans les yeux et de la bave au coins de la bouche. Avec ou sans idiot à former, Sven reprenait le boulot. Et ça l'enchantait. E puisque Beackerman lui promettait qu'il lui trouverait un larbin...

- Je n'en doute pas. Et maintenant?

- Tu m'accompagnes au QG ? C'est pour le contrat.

- Tout de suite!

Sven trouvait la solennité de toute l'affaire vraiment bizarre. à Cyber il ne signait pas grand chose et il se demandait même s'il savait encore écrire... Il était toujours en train de dessiner, mais il n'écrivait quasiment plus depuis le lycée. M'enfin, c'était pas vraiment le sujet. Pour l'instant le jeune homme se contentait de gentiment suivre Allic, comme un bon toutou. Ce qu'au fond, il était. Mais un toutou qui a un job, c'est toujours mieux.
Quoi qu'il en soit il finit par entrer dans une baraque assez sympa, remplie de gueules toutes plus sympathiques que les autres. Quoi qu'il préféra fixer le sol jusqu'à ce qu'un certain Jean Bonbeur arrive. Comme il avait l'air plus rassurant que les autres (comprenez: comme il était pas baraqué et conçu pour tuer), Sven lui lança un grand sourire. Mais l'infâme ne répondit pas et se contenta de lui tendre une feuille. Le cyber fit semblant de lire puis apposa sa signature, S.M (pour Sado Maso et pas Sven Mortensen, non non), en bas du contrat. Il rendit celui-ci au coincé puis se mordit la lèvre, perplexe.
Il devait être 10 ou 11 heure du matin et toute la question était de savoir: est-ce une heure convenable pour fêter ça dignement?

Sven ne rechigna pas. Comment aurait-il pu de toute façon ? Mwahaha... Hum.
Allic marcha donc jusqu'au Q.G. en compagnie du jeune homme, leur faisant prendre quelques détours afin qu'il ne puisse pas se repérer. Pas tout de suite. Prudence est mère de sûreté, et Allic ne rigolait pas avec la sécurité de son Q.G. C'était tellement compliqué d'en trouver un bien. Surtout en ce moment, il n'avait vraiment pas envie de déménager.

Allic marchait devant, guidant Sven à travers les mafieux. Ces derniers ne faisaient pas vraiment attention au jeune homme. Ils étaient occupés à parler bruyamment ou a tripoter leurs armes. Chacun vaquait à ses occupations. Bon, il y avait toujours un ou deux rigolos pour tenter de faire peur au nouveau avec un regard qui tue, mais ce n'était pas méchant !

Une fois dans son bureau, Allic retrouva Jean Jean, qui se mit à le fixer avec des yeux de merlan frit enamouré. Le big boss le savait mais fit semblant de rien. Il n'avait pas envie. Du coup, Jean Jean était de mauvais poil et fit signer son truc vite fait mal fait à Sven, après lui avoir expliqué les grandes lignes et détaillé le salaire, les histoires de pourcentage auxquelles seul Jean Jean le comptable comprenait quelque chose.
Pendant ce temps, Allic réorganisait son bureau, enlevait la poussière, nettoyait des vieilles traces de cappuccino, ce genre de choses. Ca faisait super longtemps qu'il n'était pas venu ici.

Alors que Sven avait apposé sa magnifique signature, Tony, beau mafieux musclé et svelte, poussa la porte, apparemment heureux de trouver son boss ici. Il reluqua Sven au passage, lui accordant un petit sourire appréciateur, puis rejoignit Allic, afin de lui murmurer quelque chose à l'oreille. Le big boss hocha la tête et Tony déposa un baiser léger sur ses lèvres. Jean Jean tourna brusquement les talons et sortit précipitamment du bureau. Il voulut claquer la porte mais s'y prit mal et celle ci se rouvrit. Bon. Tony lâcha un petit rire étouffé et haussa les épaules, avant de disparaitre à son tour, accordant un nouveau coup d'œil à Sven.

"Tu veux voir le labo ? Il est décrépi. Plus personne ne l'utilise depuis longtemps. Je ne fabrique plus la came. Tu me diras s'il manque quelque chose. A moins que tu préfère voir ça une autre fois ?"

Oui, Allic s'était à nouveau concentré sur Sven.

Invité

Faire la fête n'était donc pas la priorité pour le moment. Tant pis. Sven aurait un millions de chances pour fêter sa victoire une fois sortit de cette baraque de dingues. Pour l'instant il préférait se concentrer sur le ballet compliqué que suivaient les visiteur de papi. Il y avait ~~Jambon-beurre~~ Jean Bonbeur, son nom prêtait à confusion (non mais à quoi pensaient ses parents?!), qui venait de faire une crise de jalousie et qui avait complétement foiré sa sortie. Mais il y avait surtout ce beau mafieux qui avait bécoté grand-père et avait accordé à Sven quelques regards à tomber par terre. Un peu plus et il bavait sur le mobilier de son boss. Mais, Satan merci, l'homme était sortie à temps.
Le patron était donc tout à lui et proposa même une petite sortie. Le lieu n'était parait-il pas des plus séduisant, mais on ne refusait pas de sortir en aussi charmante compagnie que celle de Mr Beackerman. Parce que son clodo, une fois remis de sa gueule de bois, ben il avait plutôt fière allure.

-Avec plaisir. ça me plairait assez de repérer les lieux. Surtout s'il a besoin d'être retapé.

"ça tombe bien, j'adore bricoler le dimanche après-midi" aurait-il volontiers ajouter s'il n'avait pas craintde faire une remarque un peu trop déplacée. Maintenant que grand -pè... Allic était son patron, il éviterait de faire le con en sa présence. Du moins dans la mesure du possible. En revanche Sven s'inquiéter: est-ce que le labo se trouvait loin? Pas qu'il n'ait pas appréciait la balade pour venir jusqu'ici, mais il avait peur de mettre des heures à rentrer. Il se souvenait parfaitement du chemin qu'ils avaient pris (merci la mémoire d'éléphant), mais quelque chose lui disait qu'Allic ne lui avait pas fait emprunter la route la plus courte. Quelque chose lui disait également qu'il valait mieux se taire sur le sujet. Un parrain ne fait jamais rien à la légère et il n'apprécierait surement pas de s'être fait ba*sé sur la sécurité aussi facilement. On ne se fait pas berner par un bleu sans qu'il en paille le prix. Et Sven était mauvais payeur.
Il se leva calmement, cédant le passage à Allic. Dans les couloirs de la maison, il tenta bien de faire un effort de conversation du style "la déco est très réussie, les tâches de sang sur le tapis sont d'origine?", mais comme il était nul à ce jeu la il ferma vite sa grande gueule. Le silence était préférable, et de loin.

[J'adore ton post ! XD]

Oui, Sven voulait bien. Alors c'était parti. Allic prit la tête du convoi, ses flingues bien en évidence par dessus sa chemise (dans leur holster). Ils traversèrent quelques couloirs, descendirent deux escaliers, pour se rendre à la cave. Sur leur route, ils croisèrent nombre de mafieux. Certains offraient un sourire coquin à Allic, qui faisait semblant de ne rien voir (il avait l'habitude). D'autres vaquaient à leurs occupations. Un petit nombre se bécotait (la pause, certainement). Et une bonne part, disons un cinquième, reluquèrent ouvertement le petit cul du nouveau, avec affiché clairement sur le visage : "J'espère qu'il va pas le tuer parce que putain quel canon !".

En sous-sol, ils passèrent à côté de la salle de torture, dont la porte était ouverte. On voyait clairement les tâches de sang sur le sol, les murs, la chaise au milieu. On avait pu apercevoir des chaînes et des outils de bricolage, les instruments préférés d'Allic, qui avait une faiblesse pour le marteau et les vis.
Après quelques tournants, ils parvinrent devant deux portes rouillées, les grandes poignées maintenues ensemble par des chaînes et un cadenas. Allic tira dessus et le tout coula sur le sol.

"C'était juste pour dissuader, on a perdu la clef de ce truc qu'à longtemps." expliqua-t-il en désignant le gros cadenas de l'index.

Il tira les battants, qui grincèrent et se bloquèrent plusieurs fois. Mais Allic en vint à bout. Le mafieux testa l'interrupteur. Rien. Mettant à mal sa mémoire, il fouilla un placard pour y trouver une lampe de torche et éclairer la scène.
Paillasses, machines, il y avait tout pour la chimie. Et pour les drogues. Mais ça sentait le moisi.

"Faudra remettre la lumière, l'eau et acheter du matériel de nanotechnologie. Tu me diras ce que je dois commander. Alors, ça te va ?"

Même si l'endroit était pourri, il y avait la place. Et le mobilier nécessaire.

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Droguons-nous, dans les bois...

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