Please to meet you

Un bruit bizarre s'échappa des lèvres de Damian. Entre le ronflement et le grognement. Ça lui arrivait parfois. Il se tortilla dans son lit, se tourna sur le dos. Et une mèche de cheveux rousse trouva sympathique d'aller faire un tour dans sa bouche ouverte. Il la mâchonna entre ses lèvres, puis il sembla réagir à cette intrusion. Ah nan hein, il avait pas recommencer à bouffer ses cheveux! Ses magnifiques cheveux roux enfin!

C'était foutu maintenant, il était réveillé. Il se redressa sur un coude. C'était quand même pas agréable de se faire réveiller par ses propres cheveux. Il se leva, se prit les pieds dans le drap, et s'étala de tout son long sur le sol. Aïe. Ça faisait mal. Et puis c'était d'un pratique pour se dépatouiller de tout ça dans le noir.

Ah, victoire! se réjouit-il en réussissant enfin à se relever.

Il se stabilisa sur ses jambes. Tiens, bizarre, il tanguait. Il n'avait pourtant pas bu la veille. Ou alors il avait bu suffisamment pour oublier qu'il avait bu? Ou alors, il s'était juste relevé trop vite. Oui, plus vraisemblable. Il sentit son bandeau glisser de ses yeux et jugea préférable de le défaire pour le renouer derrière sa tête. Bon, manger...

Ah putain! Mais qu'est-ce que ça foutait là ça hein? Et d'abord c'était quoi? Il tâtonna devant lui. Bon... il savait pas exactement ce que c'était. Tout ce qu'il savait, c'était que ça venait de lui démolir le genou.

Il grommela en se dirigeant vers sa cuisine. Cette journée avait quand même super mal commencé. Il s'était gamelé, pris un truc dans le genou -truc pas encore identifié d'ailleurs- et pire que tout, il avait recommencé à mâchonner ses cheveux!

Il s'étira, baillant, grommelant, et soupesant l'idée de retourner se pieuter. Et puis il sentit un courant d'air vers son entrejambe. Il tâtonna. Ah tiens, il était tout nu. C'est vrai qu'il sentait que ça pendouillait pas mal. Pourquoi il était tout nu? Ah oui... il n'avait pas retrouvé son caleçon hier soir -bien qu'il ne savait plus trop pourquoi il l'avait enlevé. Bah... a priori, il était toujours aveugle, il n'avait pas miraculeusement recouvré la vue depuis la veille. Donc, il aurait tout autant de difficultés à retrouver son caleçon aujourd'hui. Et ce n'était pas comme si la vision de son corps nu de dieu de la classe allait le traumatiser.

Il tâtonna sur la table, et trouva un reste de barre énergétique entamée. Il la renifla prudemment, et comme il ne décela aucune odeur suspecte, il l'enfourna dans sa bouche. Hum... mais c'était tout collant comme il fallait... depuis quand ça trainait là ça? Bah... ça restait un truc comestible qui suffirait à calmer les grognements de son estomac.

Il se figea en plein mouvement de la mâchoire, l'oreille tendue. C'était quand même pratique d'être aveugle parfois. Comme il n'y voyait rien, son ouïe d'hybride s'était considérablement affinée, et lui permettait -entre autre- d'entendre du mouvement devant sa porte d'entrée. Sans un bruit, il se faufila dans la pièce principale, avalant le reste de barre énergétique. Si ses souvenirs étaient exactes, il avait abandonné Serenity sur la table basse la veille. Bon... ils étaient presque exacte, en fait, son arme était dans le canapé, entre deux coussins. Chargée, prête à l'emploi.

Il s'avança vers sa porte, le flingue au poing, toujours sans un bruit. Il posa la main sur la poignée, et avant même que son visiteur n'ait eu le temps de frapper, il l'ouvrit brusquement, levant son arme à ce qu'il appelait la hauteur idéale. En gros, si son adversaire était grand, il tirait dans le ventre, s'il était plus petit il visait la tête. Ou les épaules. Enfin il était sûr de toucher quelque chose quoi.

Donne-moi une bonne raison de ne pas te tuer.

C'était la promo du jour. D'habitude, il demandait au moins trois bonnes raisons.

Sa mission a Modernis State avait lamentablement échoué. Il n'avait pas compris ce qu'il devait y faire, et puis quelque chose s'était passé. Il y avait eu une explosion, qui avait fait sauter ni plus ni moins que le centre de commandement de la ville. Comble du malheur, le dragon n'avait pas réussi à se dégoter une seule plaquette de chewing gum.
Alors qu'il était parti vers sa montagne, pour se rendormir, Z avait ressenti un picotement familier au milieu de son dos. Là où, une fois, lors d'une mission, un vampire lui avait brisé plusieurs vertèbres. Il s'en était fait poser en métal à la Cyber Junkyard. Bien sûr, le récit complet de cet aventure était bien plus dramatique et riche de détails croustillants, mais Z n'avait pas envie de s'attarder pour une séquence nostalgie. Le message était clair : il devait se rendre à la Décharge.

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Le jeune homme longeait le mur d'un couloir. Il s'agissait d'un de ces nouveaux immeubles Cybers, qui offraient un minimum de confort aux habitants. On était bien loin de l'époque des cubes et des communautés de pauvres. Mais Z était confiant. Cette richesse superficielle ne durerait pas. Les natures profondes des cités et de leurs habitants les rattraperaient toujours, quels qu'aient pu être les progrès.
Pour le moment, Z avait d'autres préoccupations que la destinée des villes, ou même sa mission. Il avait faim. Et il courait après un lapin carnivore échappé d'un laboratoire en ruine. Son épée, énorme en largeur comme en hauteur, frôlait le plafond, laissant parfois de petits sillons dans le plâtre. Il tâchait de respirer doucement, mais c'était parfois difficile, surtout lorsqu'il pensait voir une petite queue touffue tressauter devant lui.
Soudain, une lampe a priori grillée se ralluma, sur sa gauche. Le lapin était là, face à lui, il le fixait avec ses yeux rouges injectés de sang. La bave dégoulinait de ses petites dents pointues. Z raffermit sa prise sur son épée et banda ses muscles, se préparant à l'assaut. Un bruit, plus loin dans le couloir, le fit sursauter et le lapin tourna la tête. Une poignée de secondes plus tard, la porte d'un appartement s'ouvrit. Celui qui était entre sa proie et le jeune homme. Dans l'encadrement, apparut un homme. Nu. Z n'était pas tellement surpris. Mais il détestait être dérangé. En plus... Est ce qu'il le menaçait ? Ca devenait ridicule, il ne le visait même pas !
Le lapin fit mine de se retourner pour s'enfuir à l'opposé de Z, mais il hésita et attendit, son nez remuant frénétiquement. Ne prêtant plus aucune attention à l'homme nu, le Dragon tenta de percer les ténèbres du couloir, à quelques mètres devant lui. La lampe faiblissait. Qu'est ce qui se cachait dans les ombres ?