Kate poussa la porte et s'arrêta une seconde devant ce spectacle. Hum... un mec se désappait sur le rythme d'une musique techno qui donnait presque mal à la tête devant un parterre de femmes hystériques et en chaleur. Glauque. Mais elle avait envie d'un verre, et c'était le seul endroit dans le coin.

Elle s'avança vers le bar et commanda un verre, se perchant sur un tabouret, regardant distraitement le spectacle. Ah tiens, il avait fini visiblement. Il récupérait ses quelques frusques et retournaient en coulisses.

Le barmaid déposa son verre sur le comptoir au moment où un nouveau danseur entrait en scène. Elle but une gorgée de son verre, puis pivota pour le regarder. Il était pas mal. Non, il était carrément canon. Mais bon, elle n'allait pas non plus l'admettre à voix haute.

Il commença à se déshabiller, et n'avait presque pas montrer un bout de peau que toutes les femmes de l'assemblée avaient l'air prête à se jeter sur lui pour abuser de lui. Pathétique... Elle avait beaucoup plus de classe que ça.

C'est qui ? se renseigna-t-elle auprès du barmaid en montrant le danseur d'un signe de tête.

Yvan. L'un de nos meilleurs danseurs.

Le meilleur parce qu'il ramenait le plus d'argent sans doute... Elle lui jeta un bref coup d'œil pendant qu'il continuait à se déshabiller et à provoquer l'hystérie.

C'est possible d'avoir un show privé ?

Yvan avait entamé les choses sérieuses. L'éclairage s'était fait plus tamisé, donnant à sa peau des couleurs fantasques et mystérieuses. Elles étaient déjà toutes folles de son regard sombre, qui ne dévoilait rien. Il allait faire monter la température un peu plus. Les boutons étaient tous défaits à présent, et il commençait à se déhancher un peu plus. Soudain, il se pencha en avant, passa sa main sur sa cuisse, la remonta en même temps que son buste se redressait, et passa sur son entrejambe en donnant l'impression qu'il serrait fortement son paquet. Une simple impression, qui produisit une certaine hystérie. Il en profita pour retirer sa chemise et la jeta dans le public, qui se l'arracha avec des cris de hyène.
Petite pause. Il continua à danser pour ne pas casser le rythme, mais pouvait se déconcentrer un petit peu. Une fille était au bar. Roger, le barman, lui parlait. Et ils le regardaient. Yvan pesta intérieurement tout en repartant élégamment sur son entrecuisse, ses doigts agrippèrent avec agilité le bouton qui fermait son pantalon. Il espérait que ce n'était pas encore une autre boîte qui voulait le débaucher. Il en avait assez de dire "non". Après un show, il désirait se reposer. Les proprios avaient beau lui annoncer tout un tas d'avantages, rien n'était sûr. Il préférait rester là où il était, car il était bien traité.

Yvan termina donc la danse en sous-vêtement moulant à paillettes, terminant dans une pose très aguicheuse. Il se figea. Les lumières s'éteignirent. Et il fila sans demander son reste.
Une fois dans les coulisses, il enfila le peignoir en soie noire que lui tendait le patron. Il portait le vêtement assez lâchement, une épaule découverte, le cordon trainant sur le sol. Ce n'était pas ce qu'il attendait le plus.

"On a un privé pour toi dans une demi heure."

Yvan refusa de répondre, la main tendue. Le boss soupira et lui fourra son paquet de Kool entre les doigts. Yvan s'en prit une, attendit le feu du patron et prit une grande bouffée. Lorsqu'il eut recraché toute la fumée, il consentit à prêter attention au petit extra proposé. Ou plutôt imposé.

"Qui c'est ?"

Il craignait la réponse. Espérait ne pas avoir raison.

"Une femme."

Ben oui. Quoi d'autre ? Il avait la guigne. Yvan hocha la tête pour acquiescer, de toute façon il n'avait vraiment pas le choix. Il grilla sa cigarette en deux minutes et rejoignit sa loge privée. Et oui, quand on faisait partie des trois meilleurs danseurs, on avait sa loge privé. On vous dorlotait comme un poulet avant de le mettre au four.
Yvan retira son peignoir une fois seul et jeta son mégot dans son cendrier personnel, une pièce d'art déco particulièrement laide que le boss lui avait offerte en croyant lui faire plaisir. Après avoir jeté le paquet sur la coiffeuse, il alla se passer la tête sous l'eau. Et puis, il se parfuma. Ca ne lui faisait pas plaisir, un show privé. Mais il ne pouvait pas le faire à l'arrache. Ca aurait entrainé des ennuis. Qui l'ennuieraient, par définition.

L'homme, pendant sa demi heure, s'enfila ce qui resta du paquet.

Be Kool !

Spoiler:

Kate sirotait son verre, jambes croisés négligemment devant elle, admirant le spectacle. Oui, ce n'était pas parce qu'elle avait demandé un show privé qu'elle ne devait pas apprécier la fin de cette danse.

Elle aimait bien le côté « lumière tamisée ». Ça donnait un air mystérieux à Yvan. Les cris d'hystérie redoublèrent. Bordel, elle avait l'impression qu'elles étaient toutes en manque. Genre, elles avaient toutes un t-shirt « je suis seule, prends-moiiiii ». Il fallait un peu de tenue dans la vie.

Et puis Yvan eut la bonne, la merveilleuse idée de jeter la chemise qu'il venait de retirer dans la foule en délire de femmes en chaleur. Le pire ? Elle préférait se battre plutôt que de le regarder se déhancher. Oh, il était sexe, ça elle l'admettait.

Elle eut l'impression furtive qu'il lui lança un regard pendant qu'elle discutait des détails de son show privé avec le barmaid. Peut-être une impression.

Ça n'eut pas vraiment l'air de le perturber, puisqu'il se resaisit l'entrejambe -ou il en donna l'impression tout du moins- et continua à se déhancher sur la musique. Elle se demanda s'il allait se déshabiller totalement. Si oui, il se ferait certainement violer par la bande de chaudasses qui hurlaient hystériquement devant lui.

Ah, tiens, non... songea-t-elle lorsque les lumières s'éteignirent sur un Yvan encore en sou-vêtements. Heureusement qu'il n'était pas allé plus loin. Il y aurait pu avoir quelques morts dans la bagarre pour attraper ses sous-vêtements.

Mademoiselle ?

Elle se retourna à demi vers le barmaid, appuyé contre le comptoir, assise négligemment sur son tabouret.

Veuillez me suivre s'il-vous-plait.

Elle descendit d'un bond élégant de son perchoir et suivit l'homme vers l'arrière-salle, dans une petite pièce à la lumière là aussi tamisée. Une petite musique d'ambiance en fond sonore donnait carrément l'envie de faire des folies.

Elle pirouetta vers le barmaid qui l'avait guidé ici et lui donna un gros paquet d'argent. Un très très gros paquet. Bah oui, elle avait envie de profiter de son show privé looooongtemps.

Amenez-moi des trucs à boire. Et des clopes aussi.

Elle n'attendit pas l'assentiment du type et claqua la porte au nez du type ou presque. Puis elle se laissa tomber dans l'un des fauteuils présents dans la pièce, la nuque contre un accoudoir, les jambes par-dessus l'autre, regardant pensivement les lumières dansantes sur le plafond en attendant.

Il y avait des rideaux, des coussins, des bougies, des tapis moelleux... Elle devait le reconnaître, c'était la grande classe. Elle jeta un coup d'œil à sa montre. Encore une demi-heure, et elle pourrait profiter d'Yvan sans les cris des hystériques qui s'étaient battues pour sa chemise...

Kate releva la tête lorsque la lumière s'éteignit brusquement. Occupée à tirer sur sa clope, elle ne faisait presque plus attention au reste.

Elle plissa les yeux lorsqu'un point lumineux apparut sur la scène, et elle abandonna sa position -nuque sur l'accoudoir, jambes par-dessus l'autre- pour s'asseoir dans son fauteuil et apprécier le spectacle.

Un spot éclaira la scène lorsqu'elle souffla la fumée de sa cigarette. Aaaah. Enfin ! Sa tenue avait un charme indéniable. Le mafieux dans toute sa splendeur quoi.

Elle ne s'attendait pas à ce que la musique soit aussi sereine, après avoir entendu celle qui passait dans la salle principale du club. Mais ça collait plus à l'ambiance intimiste du lieu. La petite musique calme aurait carrément fait tâche comme bruit fond des hurlements des hystériques.

Elle s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, histoire de rester dans l'ombre pendant que son danseur particulier ondulait en rythme. Elle tenait à préserver un peu de mystère.

Lorsqu'il se rapprocha d'elle avec un regard qui donnait l'impression qu'elle allait se faire manger toute crue, elle sourit. Elle regrettait de moins en moins d'être entrée ici.

Il avait de supers fesses songea-t-elle lorsque les-dites fesses lui passèrent sensuellement sous le nez. Musclés et tout. Mais elle s'interdisait de toucher pour l'instant. Elle avait payé pour une longue, très longue séance. Elle n'allait pas tout gâcher en le tripotant d'entrée de jeu.

Elle suivit des yeux le fessier du danseur lorsqu'il frôla savamment son corps, sans la toucher. Elle rejeta de nouveau de la fumée, et écrasa le reste de sa cigarette dans un cendrier. Et elle attrapa l'un des nombreux cocktails apportés par le serveur pour en boire une gorgée.

Bouah... ce truc était coloré, mais c'était le seul point positif. Il devait y avoir plus de jus de fruits que d'alcool là dedans. Elle préféra reporter son attention sur Yvan. Voir un mec se trémousser sous ses yeux, ça allait bien l'aider à boire ce truc.

Elle ne quitta pas des yeux les fesses de son danseur personnel lorsqu'elles se rapprochèrent de ses cuisses. Lorsqu'il rabattit son chapeau sur son visage, elle comprit que c'était le signal pour lui faire comprendre qu'il passait à la deuxième étape. Elle allait pouvoir toucher alors ?

Enfin pour l'instant, c'était surtout lui qui touchait, puisqu'il lui écarta les cuisses. Bon, ok, il n'avait qu'à commencer à toucher. Il remonta, effleurant ses cuisses en se redressant. Il recommença ce petit manège plusieurs fois, et Kate eut tout le temps de l'admirer. Il était encore plus canon de près.

Elle commençait à imaginer à quoi il pouvait ressembler sans ses vêtements, et comme pour lui répondre, il arracha son gilet. Oh pas mal du tout jugea-t-elle, le torse du danseur juste sous son nez, le visage tout près du sien.

Puis il lui signala d'une voix terriblement sexe qu'elle pouvait toucher. Elle espérait bien, vu le prix qu'elle y avait mis. Et puis, ça aurait été un crime que de ne pas pouvoir le faire. Alors lorsqu'il prit sa main pour lui faire caresser lui-même son torse, elle ne chercha même pas à la retirer.

Au contraire, lorsqu'il la lâcha, elle continua à lui caresser le torse, du bout des doigts. Il avait la peau douce, il devait se faire des tas de gommage ou autre connerie du même genre. Puis il se rapprocha d'elle, son corps frôlant son visage. Elle laissa glisser sa main sur son torse pendant qu'il continuait son numéro. Il sentait bon dis donc. Elle allait finir par devenir une cliente très régulière de ce cabaret si ça continuait...

Kate en était encore à le tripoter tout en douceur lorsque tout d'un coup, la magie du moment s'envola. Les lumières s'allumèrent brusquement et la musique se coupa. Elle n'était pas habituée de ce genre de lieux, mais ça puait quand même les embrouilles.

Et lorsque la porte s'ouvrit sur deux flics, ses craintes furent confirmer. Elle leva les yeux au ciel. Elle avait dépensé une fortune -enfin... elle était pétée de thunes, alors tout était relatif- pour un show dont elle n'allait même pas voir la fin.

Elle se redressa dans son fauteuil pendant qu'Yvan jetait un œil au patron. Sans doute pour mesurer l'ampleur de la situation. Puis il se retourna vers elle. Elle résista à la tentation de lui faire un magnifique sourire. Elle se leva en voyant les policiers s'avancer. Elle était bonne pour une nuit au poste visiblement.

Le reste se passa très vite. Yvan se dégagea, puis il se précipita vers elle et la hissa sur son épaule. Eh mais ! Qu'est-ce qu'il faisait !

Pendant les quelques minutes qui suivirent, elle eut l'impression d'être un vulgaire sac à patate qu'on trimballait d'un point A à un point B. Mine de rien, ça secouait pas mal, même si Yvan avait une foulée à peu près souple.

Il s'arrêta néanmoins assez vite. Heureusement. Elle n'allait pas tarder à rendre son dernier cocktail avalé à ce rythme. Quoique cette odeur proprement répugnante de poubelles...

Il la posa enfin, et elle prit appui du bout des doigts sur le mur. Elle avait les jambes un peu flageolantes. Elle profita du discours d'Yvan pour se reprendre. Oh, il allait la protéger ? Comme c'était mignon... Et puis bon, pas le choix, pas le choix... elle n'avait pas choisi le danseur le plus moche, alors ce n'était pas aussi désagréable que ça en avait l'air. Elle lâcha un soupir.

Vous auriez dû récupérer la chemise, vous allez attraper froid.

Elle jeta un œil pour vérifier que la rue était libre. Elle avait un endroit où se planquer.

Vous venez ?

Elle ne l'attendit pas et s'engagea dans la rue. Heureusement, ce n'était pas très loin. Il suffisait de connaître le chemin. Il lui collait définitivement aux basques... C'était pas pour lui déplaire. Au bout de quelques minutes à peine, elle arriva devant le bâtiment qu'elle cherchait. Elle jeta un dernier coup d'oeil avant de s'engager dans la rue. Déserte.

Sans plus se poser de questions, elle se dirigea vers le bâtiment, poussa la porte d'entrée et se dirigea d'un pas résolu vers le comptoir.

Grace annonça-t-elle au comptoir, glissant un gros tas d'argent sur le bois du meuble.

L'employé installé derrière celui-ci ne posa pas plus de question et empocha l'argent, lui remettant une clé en échange.

Elle fit signe à son gogodanseur préféré de la suivre. C'était le seul, alors il était logiquement son préféré. Mais en même temps, elle avait pris de la qualité pour une première fois, elle doutait d'en trouver un qui lui arriverait à la cheville.

Par habitude, elle vérifia le numéro de la clé qu'on lui avait donné. C'était parfaitement inutile, puisqu'elle était une habituée. Les habitués avaient leur chambre. La sienne était toujours prête à l'accueillir lorsqu'elle avait besoin d'une planque.

Elle atteignit enfin la porte de sa chambre, qu'elle déverrouilla, puis elle laissa Yvan pénétrer à l'intérieur. Elle referma aussitôt la porte derrière eux, et alluma la lumière.

Salle de bain par là. La réception peut vous trouver des vêtements. Et il n'y a qu'un plumard

Sous-entendu, nous allons devoir le partager. Elle s'avança vers les fenêtres et tira les rideaux. Puis elle se tourna vers lui.

Et sinon... j'avais payé pour un show XXL.

Tu fais comme tu le sens mon chéri pensa-t-elle lorsqu'il lui dit qu'il allait se fournir en vêtements. Elle lui jeta un dernier coup d'œil pendant qu'il se dirigea vers le téléphone, et elle eut presque des regrets. Pourquoi diable lui avait-elle dit qu'il pouvait avoir des vêtements en demandant à la réception ? Il n'était pas moche du tout après tout, et il aurait très bien pu rester comme ça. Ah mais quelle idiote !

Lorsqu'il eut fini de téléphoner, il se tourna vers elle, lui adressant un sourire. Oh... il n'avait pas ouvert la bouche qu'elle sentit le coup fourré. Et effectivement. Elle soupira en se laissant tomber sur le lit. Elle allait devoir retourner à son club. Repayer une fortune. Et avec sa chance, ça finirait encore en débarquement policier. Quant à une réclamation ? La flemme. Autant casquer et avoir le show direct.

… Mais il la prenait vraiment pour une gamine en fait. Va dormir, bouge pas, fais pas çi, fais pas ça. Elle lui avait dégoter la planque idéal en cinq minutes top chrono. Ce n'était pas la première fois qu'elle se planquait des flics.

Mais bon. Il n'était pas dégueu à regarder. Alors ça compensait. Et puis... elle aimait bien le côté un peu directif du personnage. Ses regrets de lui avoir indirectement fourni des vêtements s'envolèrent lorsqu'il se rhabilla. Finalement, ça lui allait plutôt bien.

Il alla ensuite s'affaler dans le fauteuil. Il avait vraiment l'intention de passer la nuit assis là, à surveiller l'extérieur ? Il était véritablement parano. Personne ne se serait aventuré jusqu'ici pour les faire chier. Encore moins les flics. Parce que la plupart tenait à la vie.

Puisqu'il ne faisait plus attention à elle...

Elle se leva du lit, et se débarrassa de son manteau, le déposant sur le matelas. Elle abandonna ses bottes au pied du lit, et commença à se déshabiller, laissant tomber short et haut sur le sol. Puis elle détacha ses cheveux, les démêlant du bout des doigts. Puisqu'il lui avait ordonné de dormir, autant se mettre en condition...

Oh... la pauvre petite chose... pensa Kate lorsqu'il lui fit remarquer qu'elle aurait pu se déshabiller ailleurs. Elle l'avait choqué ? Elle sourit. Mon dieu, il ne lui fallait pas grand chose. Et tout de suite après, il s'éclipsa dans la salle de bain. Il attendait qu'elle soit décente ? Il n'avait pas à se plaindre, elle aurait pu carrément tout enlever.

Enfin bref... Elle profita de son absence pour étirer ses bras au-dessus de sa tête, faisant jouer les muscles de son dos. La journée avait été longue. Elle relâcha ses bras et ramassa ses vêtements sur le sol, les pliant avec soin pour les déposer sur une petite table, dans un coin. Cependant, elle aurait eu besoin d'en avoir des propres. Bah... Elle verrait ça demain matin avec l'un des employés.

Elle se laissa tomber sur le lit avec un soupir appréciateur, s'allongeant sur les couvertures, fixant le plafond. Elle réfléchissait à des trucs un peu sans intérêt. Elle avait des tonnes de choses à faire demain, elle espérait qu'elle aurait quitté sa planque d'ici là. Mais Yvan ressortit de la salle de bain à peine quelques minutes après y être entré, interrompant ses réflexions.

Elle se redressa, s'asseyant sur le lit. Il lui avait jeté un petit coup d'œil.

Quoi ? Je ne suis pas assez décente ? Je dors rarement tout habillé vous savez.

Kate le regarda avec un certain intérêt arpenter la pièce en grommelant. Il avait une tête de tueur sanguinaire. Il lui donna carrément l'impression de bouder lorsqu'il s'enfonça dans son fauteuil.

Mais il se releva aussitôt, l'air encore plus furieux qu'avant. Il devait vouloir lui faire peur. Elle le regarda donc traverser la pièce et éteindre la lumière. Ensuite, elle l'entendit s'étaler durement sur le sol. Eh bien... elle aurait bien aimé savoir comment il s'était débrouillé pour le coup. Mais elle eut la gentillesse de se mordre les lèvres pour ne pas rire.

Il lâcha un grognement lorsqu'on frappa à la porte, et il se ridiculisa encore plus en essayant de l'ouvrir. Bah oui mon grand, toi et ta parano avaient décidé de la verrouiller. Elle jeta un œil. Oh, c'était qu'un employé. Un dont elle ne retenait jamais le nom. Ça servait à quoi de toute façon ?

Elle n'entendit pas trop les mots qu'il prononça, mais ça n'eut pas l'air de plaire à Yvan. Dès que la porte fut refermé, il lui balança quelque chose au visage. Mais ce ne fut que lorsque les choses en questions atterrirent sur le lit qu'elle put les identifier. OOOh des capotes... Ça devait venir du type de l'accueil. Pour lui, dès que deux personnes étaient réunis dans la même chambre, c'était forcément pour coucher. Quel manque de classe...

Il éteignit la lumière pendant qu'elle examinait l'une des capotes. Goût fraise ? c'était quoi l'intérêt ? En plus, elle n'aimait pas ça...

Elle avait vu l'ombre d'Yvan rejoindre son fauteuil et s'y enfoncer. Et puis il lui sortit quelque chose de franchement désagréable. En réponse, elle lui balança le-dit préservatif.

Essayez, vous, ça vous rendra peut-être plus aimable.

Elle s'étira encore, et lâcha aussitôt :

Vous devez être sacrément mal baisé pour réagir comme ça.

Elle attendit une demi-seconde, puis conclut :

Vous savez quoi ? Je vais venir tous les soirs dans votre club et demander tous les soirs un show privé XXL.

Tout ça rien que pour te faire chier mon pote.

Ah, visiblement elle avait touché un point sensible en le traitant de « mal baisé ». Il n'y avait que la vérité qui pouvait blessé en même temps hein. Il monta carrément sur le lit avec ses chaussures, et la capote à la fraise atterrit non loin de son visage. Puis il commença à vociférer.

Bon, elle pouvait concevoir que c'était le meilleur employé de la boite, il devait de loin être le plus canon. Oh, et elle « appartenait » à sa boite ? C'était pas du trafic d'esclave ça ? s'amusa-t-elle. Quant à sa « bonne » volonté, elle aurait plutôt parié sur sa mauvaise volonté. Mal baisé, c'était certain.

Le matelas s'affaissa légèrement lorsqu'il se laissa tomber dessus avec une élégance rare... Il faisait son poids le petit père, mais il avait des muscles, alors ça se justifiat. Elle retint un soupir à s'assit à son tour, fixant son ombre.

Elle s'approcha de lui, jusqu'à ce que leur visage soient tout prêt. Elle sentait même son souffle. Il avait l'air furieux.

Et moi je dis... que tu es toujours sacrément mal baisé. Mais c'est pas ta faute si tes amants sont nuls. Tu les choisis mal, bon, ça arrive.

Elle se rassit sur le lit, s'éloignant de lui. Et toc, dans les dents monsieur le danseur j'me la pète ! Tu m'fais pas peur le moins du monde et tu ferais mieux de le comprendre dès maintenant.

Kate pensa qu'elle avait bien fait d'opter pour un repli stratégique, à la tête du lit. Parce qu'il devait postilloner vu la façon dont il vociférait.

Et puis il eut un temps d'arrêt. Ah, là il avait dû se rendre compte de l'ampleur de ce qu'il venait de dire. Il se contenta d'un vague salut, et il opéra un repli dans son fauteuil. Elle retint un soupir. Ah, franchement... les hommes...

Elle attendit un peu. Que sa respiration se ralentisse. Et lorsqu'il fut à moitié assoupi, elle se leva en silence. Elle dormait tellement souvent ici qu'elle connaissait l'emplacement de chacun des ressorts qui grinçaient. Toujours sans un bruit, elle se rapprocha de lui. Il était sacrément mal baisé, bon, ce n'était pas si grave. Elle pouvait y remédier. Ce n'était pas tellement dans ses plans au début, mais puisqu'il lui avait demandé ! C'était de sa faute si les choses dérapaient tiens !

Il avait les mains sur les accoudoirs. Elle en avait l'impression en tout cas, elle ne voyait pas grand chose. Et il avait la tête un peu penché sur le côté. Elle se mordilla la lèvre inférieure pour retenir un sourire lorsqu'elle se pencha sur lui, en silence. Elle retenait même son souffle, histoire de ne pas le réveiller en respirant trop fort.

Leur visage furent bientôt tout proche de nouveau. Elle n'attendit pas plus longtemps et l'embrassa. Il avait les lèvres tièdes, douces. Et il avait aussi l'air à moitié dans le coltard puisqu'il ne la repoussa pas, même quand elle insista un peu. Ou alors, il avait vraiment envie de se faire bien baiser pour une fois...

Kate se recula. Juste pour voir. Ça n'avait pas eu l'air de le déranger une seule seconde. Au contraire. Il s'avança et l'embrassa à son tour. Il commença même à lui caresser les cheveux. Aieuh... mais y avait des noeuds...

Mais c'est qu'il était entreprenant le petit danseur pensa Kate lorsqu'il y mit la langue. Elle répondit à son baiser. Des fois qu'il change d'avis, autant en profiter pour le dévergonder.

Elle rompit le contact juste une minute, le temps de le repousser contre le dossier du fauteuil et de s'asseoir à califourchon sur lui. Ses mollets rentraient tout juste entre les accoudoirs du fauteuil et ses cuisses.

Puis elle s'empara de nouveau de ses lèvres. Elle posa la main libre d'Yvan, celle qui ne lui caressait pas les cheveux, sur sa hanche. Elle le gênait pour se coller contre lui. Elle bougea le bassin pour être en contact avec lui le plus possible.

Elle passa même la main dans ses cheveux, pendant que l'autre caressait son cou, du bout des doigts, comme si un papillon se posait sur sa peau.

Ça sembla le surprendre un peu, elle en profita pour remettre la langue. Jusque là, elle était restée dans une espèce de tendresse. Le moment de la découverte quoi. Il était temps de voir ce qu'il avait dans le ventre.

Bon. Elle devait reconnaître qu'il n'était peut-être pas si mal baisé que ça. En tout cas, il savait y faire. Elle eut un léger sursaut en sentant les doigts du danseur effleurer ses reins, puis l'une de ses fesses et enfin sa cuisse.

Elle ne s'attendait pas à ça. Yvan le mal baisé serait-il... un romantique du sexe ? C'était possible ça ? Cette pensée l'amusait beaucoup, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi.

Surtout que les caresses papillonnantes dans son cou lui avaient fait lâcher un petit soupir. Il avait l'air bien parti pour la tripoter en douceur. Ce petit jeu là pouvait durer un moment.

Et puis il arrêta de l'embrasser. Aaah mais ! Elle faillit ouvrir la bouche pour protester, mais il commença à l'embrasser dans le cou. Bon... ok. Elle ne dirait rien. L'embrasser dans le cou, c'était un peu son poids faible. Elle s'efforça de ne pas le montrer. Pas tant qu'elle n'aurait pas trouver sa faiblesse à lui. Les caresses dans le cou lui faisaient de l'effet, certes, mais il lui fallait sûrement un peu plus que ça. En tout cas, il n'avait plus l'air trop en rogne.

Il commença à lui embrasser la poitrine, mais là aussi, sans brutalité. D'habitude, les mecs fourraient presque la tête entre ses seins. Et puis ils lui arrachaient ses fringues sans délicatesse. Pas très pratique pour ensuite se rhabiller et traverser la ville. Et avec les filles, ce n'était pas toujours beaucoup mieux. L'avantage, c'est qu'elle pouvait leur piquer leurs fringues. C'est pour ça que la plupart du temps, elle déshabillait ses conquêtes féminines avec plus de délicatesses.

Et puis il la plaqua brutalement contre lui. Oh. Après le stade « je suis un grand romantique » le stade « un peu de brutalité » ? Aucun problème. Elle adorait quand il y avait de l'action.

Elle lui releva le visage et déposa un baiser sur ses lèvres, insistant très vite pour y mettre la langue et ne pas lui laisser le temps de réagir. Elle le caressa encore une minute dans le cou, et se décolla légèrement de lui. C'est qu'il la plaquait fermement contre lui ! Mais elle avait besoin d'un minimum d'espace pour le désaper. Elle l'avait à peine touché au club, et elle avait juste eu le temps de sentir qu'il avait la peau douce.

Elle fit sauter les boutons de sa chemise, et la lui enleva, l'obligeant à enlever ses mains de son corps. Elle la balança dans un coin, sans se préoccuper plus longtemps d'un vulgaire bout de tissu. Bon, les choses sérieuses maintenant. Elle le plaqua contre le fauteuil histoire qu'il ne bouge pas trop, puis elle glissa ses deux mains sous son T-shirt, pour lui caresser l'abdomen. Il avait du muscle là-dessous. Elle s'amusa à varier la pression de ses mains pendant qu'elle mordillait son oreille avant de descendre dans son cou, et de mordiller doucement la peau. Ses mains remontèrent plus haut sur sa poitrine. Elle allait vraiment finir par lui enlever ce t-shirt...