Kate surveillait la moindre réaction d'Yvan. Tremblement infime, frisson, soupir... C'était encourageant tout ça. Et puis il avait les mains baladeuses. En l’occurrence, il s'intéressait à ses fesses. Ça aussi c'était bon signe. C'était toujours chiant quand il fallait tout faire tout seul.

Ah, visiblement, le mordillement de l'oreille, ça lui faisait de l'effet nota Kate au vu de l'espèce de gémissement soupiré qu'il lâcha. Elle saurait s'en souvenir.

Elle le laissa reprendre la main une minute lorsqu'il l'obligea à écarter les cuisses. Il était très sensuel dans ses gestes. Sans être le cucul-romantique qu'elle pensait qu'il était au début, puisqu'il fourra sa langue entre ses lèvres dès qu'il le put. Il était doué avec sa langue. Elle lui accorda mentalement un bon point.

Elle lâcha un soupir plus appuyé que les autres lorsqu'il laissa trainer ses doigts près de ses sous-vêtements. Ah, elle venait de se trahir légèrement. Il allait se croire très doué après ça...

Elle n'entendit pas vraiment ce qu'il lui dit ensuite. Elle était occupée à le tripoter, et à réfléchir à ce qu'elle lui ferait ensuite.

Puis elle fut proprement soulevée dans les airs par les bras musclés du danseur. Avant de faire un vol plané jusqu'au lit sur lequel elle rebondit. Wow... Ça avait été à la fois terrifiant. Et terriblement excitant. Les plumards, c'était son aire de jeu préféré.

Et puis Yvan se cala entre ses jambes, s'amusant à balader sa langue sur son ventre. Oooh le coquin, ça chatouillait.

Puis elle décida que c'était son tour, et elle se tortilla pour se libérer de son étreinte. Il voulut se relever pour la rattraper, mais elle se jeta sur lui et le cloua au lit de son poids. Non pas qu'elle était grosse. Non. Juste qu'elle lui roula une pelle grand format.

Elle laissa ses mains trainer sur son torse, puis descendre sur ses cuisses. Alors... l'oreille... Elle retesta, pour voir, en passant la pointe de sa langue sur son lobe, puis en la mordillant encore.

Il eut à peine le temps de réagir qu'elle descendit dans son cou avec la pointe de sa langue, puis qu'elle commença à embrasser son torse, pendant que ses mains trainaient négligemment vers son entrejambe. Il avait pas l'air trop mal équipé...

Grace ne lui laissa pas le temps de continuer à jouer. Elle reprit les choses en main et le retourna sur le dos. A nouveau, ces baisers. Et puis, ces caresses. Yvan gémissait doucement, les yeux fermés, appréciant chaque contact. Il avait définitivement envie d'aller plus loin. Pourtant... Le sort jouait contre lui.

La porte s'ouvrit en grand, avec fracas. Yvan repoussa brutalement Grace du bras pour se relever à demi, appuyé sur son coude. La lumière, bien que faible, provenant du couloir lui permit de reconnaitre le garçon qui lui avait apporté ses vêtements. Il le regarda tomber en avant, les yeux dans le vide, un filet de sang dévalant son front et l'arrête de son nez. Derrière le cadavre, deux hommes. Bien bâtis. Trop bien bâtis. Dans des costumes de luxe. Et en accessoire, des neuf millimètres avec silencieux. Charmant.

"On peut faire quelque chose pour vous ?" accrocha Yvan.

Ils s'étaient peut-être tout simplement trompé de chambre. Si ça se trouve, à côté, il y avait un président d'une quelconque compagnie à soudoyer.

"Yvan, du GogoBoy, c'est bien toi ?"
"Mais oui Mouloud, regarde la photo."

Mouloud... Yvan devint blanc comme un linge. Si jamais...

"Ah oui, pardon Tony."

Ses muscles se crispèrent. Ah oui. Tony et Mouloud. Inutile de résister, ça ne ferait que précipiter leur mort. Yvan jeta un coup d'oeil à Grace et murmura :

"Surtout, ne tente rien de stupide."

On ne savait jamais, elle pourrait hurler dans l'espoir que quelqu'un vienne les sauver. Yvan referma son pantalon par dessus la petite bosse qui désenflait, devant le retournement de situation, et lorgna sur sa chemise. Il avait encore un t-shirt, c'était vrai. Mais il aurait aimé avoir sa chemise en plus. Parce que sous peu, ils allaient avoir froid.

"Allez ma petite dame, habillez vous un peu. On vous embarque tous les deux. Monsieur Beackerman souhaite s'entretenir avec toi," ajouta-t-il à l'adresse d'Yvan.

Oh, magnifique. Ce qui était bien, c'était qu'il était impossible de se faire une idée sur ce qui l'attendait. Ca pouvait être une bonne nouvelle. Plus probable, ça le foutrait encore plus dans la merde qu'il ne l'était déjà.

MAIS PUTAIN DE CHIOTTES DE MERDE MAIS C'ETAIT PAS POSSIBLE ! songea Kate au moment où la porte s'ouvrit à la volée Et où elle se retrouva projeter sans douceur sur le lit. MAIS MERDE A LA FIN ! continua-t-elle à tempêter en pensée lorsqu'elle se redressa sur les coudes. Puis elle vit l'un des employés tomber raide mort. Ah, bon, ok. Là, ça puait. Le cul pouvait attendre.

Deux mecs en costards cravate armés de flingues bouchaient la sortie. Oh mais c'est pas possible, ce type portait la poisse. Il était canon, elle avait envie de se le faire, mais il portait la poisse. Nan mais sérieux, les flics au club, les mafieux du dimanche ici... Cette planque n'était plus ce qu'elle était. Elle allait demander un remboursement et rendre sa carte de membre tiens !

En tout cas, son danseur eut l'air d'avoir les foies lorsque Tony et Mouloud révélèrent leur noms. Il était devenu encore plus blanc qu'un cul de cadavre. Et puis il eut la gentillesse de lui dire de ne rien tenter de stupide. Non, sérieux ? Il la croyait assez conne pour s'attaquer de but en blanc à deux types armés taillés comme des armoires à glace ?

Elle se releva en grommelant lorsqu'ils lui demandèrent de se rhabiller. Sérieusement, ils l'embarquaient aussi ? Voir ce machin chose Beackerman ? Elle le connaissait vaguement, de réputation, et franchement... elle aurait préféré s'envoyer en l'air avec son danseur. Elle renfila ses vêtements et passa devant Yvan, se faufilant entre les deux armoires.

Oh... jolis flingues. Vous compensez un manque physique quelconque ? ironisa-t-elle lorsqu'elle avisa leur joujou.

Elle repoussa ses cheveux en arrière, les décoinçant du col de son manteau. L'un des deux -Tony... ou Mouloud... elle n'avait pas bien retenu quel nom appartenait à qui vu qu'elle était sexuellement frustrée et qu'elle s'en tamponnait comme de sa première couche de toute façon – l'attrapa par le bras pour être sûre qu'elle n'allait pas se barrer.

Ensuite, il la fourra sans ménagement à l'arrière d'une voiture noire. Et même si le véhicule était spacieux, entre les deux gogos et Yvan, elle se sentait à l'étroit sur la banquette arrière. Elle lâcha un soupir. Quand elle pensait qu'elle était à deux doigts, deux putains de petits doigts de le désapper et de se le faire !

Trop occupée à grommeler intérieurement, elle ne remarqua pas tout de suite que la voiture s'était arrêtée. Et puis Tony, ou Mouloud -elle n'avait toujours pas plus retenu leur nom- la traina dans une immense propriété pendant que le deuxième s'occuper d'Yvan. Oh chiottes... combien de temps elle allait perdre avec cette histoire hein ?

Oh... Monsieur... Beackerman je suppose ? demanda-t-elle lorsqu'elle se retrouva en face de l'homme qui avait l'air d'être le boss.

Elle dégagea sèchement son bras de... enfin du type... et elle leva fièrement le menton pour faire face à son interlocuteur.

Vous savez que vous êtes la deuxième personne à m'empêcher de m'envoyer en l'air ce soir ?

Une vanne... Il lui avait pourtant bien dit de ne rien faire de stupide ! Yvan fusilla Grace du regard pendant qu'il enfilait sa chemise. Une fois que tout le monde fut près, Tony et Mouloud les conduisirent à la fameuse limousine douze places. Yvan crut bien que Beackerman les attendait à l'intérieur, pourtant ils se serrèrent à l'arrière, les deux hommes de main aux extrémités. Ca lui brûlait la langue de demander ce qu'on lui voulait, mais il savait bien qu'on ne lui répondrait pas.

Une fois à la villa, Mouloud le saisit fermement par le bras, tandis que Tony, un peu plus délicat, s'occupait de Grace. Yvan ne se débattit pas, la perspective d'être troué de balles ne l'enchantait pas. Quoiqu'il aurait pu hésité si on lui avait annoncé une séance de torture. Beackerman avait une certaine réputation dans le domaine.
On les amena justement devant lui. L'homme les accueillit dans sa salle à manger, ses fesses sur le bord de la table. A côté, une bouteille de cognac et un verre à moitié rempli. L'homme prit une gorgée et les étudia. Juste avant que Grace ne joue encore une fois les malignes. Yvan retint son souffle, son regard passait de Beackerman à Grace à toute vitesse. L'homme fixait la jeune femme, son habituel sourire poli sur le visage. Ce mec était l'une des créatures les plus effrayantes qu'Yvan connaissait. Pourtant, il n'était lui même pas un tendre. Mais ce n'était pas le pire encore.

"Qui c'est, celle-là ?" lança Beackerman d'une voix douce, ses doigts caressant le bord de son verre.

L'homme n'était vêtu que d'un t-shirt et un jean, avec des baskets, mais il rayonnait de charisme. Tony répondit immédiatement.

"Ce n'est qu'une femme qui était avec lui. On a préféré la ramener. Tu veux qu'on la mette dehors ?"

Beackerman sembla prendre une seconde réflexion.

"Hum... Non, ça ira. Madame... Mademoiselle... Je m'en fous de vos problèmes de libido. Et de vous toute entière d'ailleurs. Tout ce qui m'intéresse, c'est lui."

Yvan eut le droit à un petit signe de tête. Charmante attention. Il serra les dents. Pourtant... Il n'y avait encore rien à craindre.

"J'ai appris pour la boîte de strip-tease. Vous allez rester à dormir ici cette nuit. Nous nous entretiendrons demain matin. D'ici là, apprends à ta bonne femme à se tenir, okay ?"

"Oui, Allic."

Il ne tenait pas à la vie de Grace, mais plutôt à la sienne. Yvan lui listerait les choses à ne pas faire.


Ils se retrouvèrent enfermés dans une chambre luxueuse, avec un grand lit deux places pour super obèses, en compagnie de Tony qui s'installa dans un fauteuil et commença à se rouler une cigarette. Yvan s'assit au bord du lit et observa Grace. Il l'arrêterait si elle tentait quoique ce soit de dangereux pour leur santé.

C'était franchement dommage qu'il soit aussi rustre. Parce qu'il n'était pas moche. Non pas qu'elle se le serait fait. Parce qu'actuellement, elle avait envie de se faire Yvan. Et comme il la traitait comme un vulgaire objet, ça ne jouait pas en sa faveur. En plus, elle avait entendu dire qu'il lui manquait quelque chose pour plaire à Monsieur Son Altesse Royale qui se la pète Beackerman.

… Mais franchement... quel était l'intérêt de la garder ici si, comme il venait de le souligner, il n'en avait rien à foutre d'elle ? Nan parce qu'elle avait des trucs à faire elle. Elle avait un taf. Il fallait bien qu'elle gagne sa croûte si elle voulait se payer un show hebdomadaire avec Yvan en vedette au Gogoboy. Non pas qu'elle soit en manque de thune... mais quand même.

De nouveau, elle se retrouva trainer par le bras, par... Tony. Oui, c'était Tony celui-là. Pendant ce temps, Mouloud trainait Yvan de la même façon ?. Kate laissa négligemment trainé ses yeux sur les fesses du danseur. Quel gâchis qu'elle n'ait pas réussi à se le faire...

La porte de la chambre claqua derrière Tony lorsqu'il la referma derrière lui, juste avant d'aller s'installer dans sa fauteuil. Nan mais merde quoi. Elle allait jamais pouvoir se le faire...

Quoi ? lâcha-t-elle en voyant Yvan qui l'observait.

Qu'est-ce qu'il croyait ? Qu'elle allait faire une connerie et butter Tony ? Elle n'était pas si bête, elle avait du métier. Et puis... La flemme. Autant attendre la suite des évènements. Elle retira son manteau et l'abandonna dans un fauteuil, puis elle avança vers la fenêtre pour jeter un œil dehors à l'extérieur, les bras croisés sur sa poitrine.

Sinon... t'as fait quoi au boss de la mafia ?

Elle avait bien saisi que c'était à cause de lui qu'ils s'étaient retrouvés là. Alors que franchement... si monsieur Beackerman avait su qui elle était exactement... Il se serait plutôt soucié d'elle.

Oh... c'était chiant de pas savoir... Et elle n'était pas tellement en possibilité de torturer quelqu'un pour savoir. Ennuyeux à mourir. Ça devint encore plus ennuyeux lorsqu'il commença à lui donner les instructions basiques. Fais pas de conneries, j'ai pas envie de mourir, blablabla... Elle n'était pas une débutante dans ce domaine, loin sans faut. Et Mosieur son altesse Beackerman lui avait déjà demandé de tuer des gens pour lui. Parce qu'il voulait brouiller les pistes, une connerie comme ça, elle ne se souvenait plus trop. Elle ne demandait pas trop d'explications quand on lui filait des contrats. Mais comme personne ne savait à quoi elle ressemblait dans le métier, normal qu'aucun de ses types ne sachent qui elle était.

Elle se retourna en entendant le froissement du tissu. Il venait de se déshabiller complètement. Et ça n'avait l'air de faire ni chaud ni froid au mafieux, occupé à lire un bouquin. Elle soupira. Bon... bah autant aller se pieuter aussi. Elle abandonna ses vêtements en tas sur le sol, avec ses bottes, et alla se glisser, en sous-vêtements, du côté libre du plumard. Elle espérait qu'au moins il ne ronflerait pas.

… Il était sacrément chiant l'autre à tourner les pages de son livre. En plus... il avait besoin de lumière pour bouquiner. Elle se redressa sur les coudes.

Eh ! Tu veux pas aller voir ailleurs si j'y suis ? Parce que j'en ai ma claque et je compte juste dormir, alors c'est pas la peine de me surveiller, merci !

Elle se recoucha. Il avait intérêt à se barrer, il la gonflait rien que par sa présence. Et ça n'avait rien à voir avec le danseur à côté d'elle dans le lit.

Kate se tortilla un peu sur le matelas, jusqu'à trouver la bonne position. En temps normal, elle n'aurait pas été très emballé à l'idée de dormir tranquillement dans un territoire ennemi. Mais bon, elle était sexuellement frustrée, elle était fatiguée, et elle avait des tonnes de gens à tuer et à terroriser le lendemain. Autant qu'elle se repose tant qu'elle le pouvait.

Elle somnolait. Elle allait s'endormir d'une minute à l'autre. Elle ne réagit pas vraiment au pas de Tony sur le plancher. Il s'approchait du lit. Et puis elle sentit le matelas tanguer lorsqu'Yvan se leva. Mais l'information ne s'ancra pas tout de suite dans son esprit.

Elle ouvrit les yeux au moment où la porte de la salle de bain claqua et où la sourire cliqueta. Et là, elle percuta. Nan, ils n'allaient quand même pas... Bordel, ils n'allaient pas s'envoyer en l'air dans la salle de bain quand même! Ce n'était pas qu'elle était contre l'homosexualité, ni contre le fait que quelqu'un d'autre se fasse Yvan. Juste qu'elle était en manque, merde quoi!

Elle avait plusieurs options. Soit s'endormir -ce qui allait s'avérer compliqué s'ils couchaient dans la pièce d'à côté et qu'ils étaient un minimum bruyant-, soit se rendre sourde -là aussi, c'était difficilement réalisable-, s'enfoncer la tête dans l'oreiller -méthode à l'efficacité contestable-, ou se barrer. Après un temps de réflexion, elle opta pour cette solution. Au point où elle en était de toute façon...

Elle quitta le lit et se rhabilla. Première étape, sortir d'ici. Et ça commençait par ouvrir la porte. Fermée à clé, bien évidemment. Si c'était trop facile, ce n'était pas drôle. Elle farfouilla dans ses poches, jusqu'à dénicher l'objet qu'elle convoitait. Une épingle à cheveu. Gagné. Crocheter les serrures, elle adorait.

Elle mit à peine quelques secondes à déverrouiller la porte. Et lorsqu'elle l'ouvrit, elle se retrouva nez à nez avec... un type.

Ah oui tiens... Je t'avais oublié toi...