Kate se mordillait la lèvre inférieure pendant qu'elle mettait la dernière main à sa coiffure. Elle plaqua une autre mèche de cheveux contre son crâne avec une épingle et examina une dernière fois sa coiffure. Hum... ça irait. Déjà qu'elle avait fait un effort...

Elle se détourna de son miroir avec une petite pirouette et attrapa une cape en velours rouge sombre qu'elle enfila par-dessus sa robe. Il ne pleuvait certes pas pour l'instant, mais elle n'avait pas envie de prendre le risque de ressembler à une pouilleuse en arrivant chez les Castellis. Mais elle regrettait tout de même son manteau... Oui mais voilà, avec sa robe, ça n'allait pas.

Elle rabattit la capuche de sa cape sur sa tête, dissimulant son visage dans l'ombre, et elle descendit les marches pour rejoindre le hall. Mary était en train d'astiquer le sol. Les autres s'occupaient des chambres.

Mary, la bibliothèque est dans un état lamentable. Que ça soit corrigé lorsque je reviendrais.

Oui madame murmura-t-elle.

Elle lâcha un soupir suffisamment audible pour que l'humaine le perçoive. Du coin de l'œil, elle la vit trembler. Oh, décidément, elle était très forte pour terrifier les gens... Elle ouvrit les portes et ne se préoccupa pas de les refermer. Il fallait bien que ses serviteurs servent à quelque chose...

Le trajet ne lui prit pas longtemps. Elle grimpa sur les toits et traversa la ville de cette façon, surveillant la course du soleil. Bin oui, elle n'avait pas de sentiments, tout ça, mais elle avait le respect des convenances. Se faire désirer, certes, mais pas quand il s'agissait du travail.

Elle descendit des toits en arrivant à proximité de la demeure des Castellis, et se dissimula dans l'angle d'une maison, surveillant les gardes. Dès qu'ils détournèrent les yeux, elle traversa vivement la rue, les pans de sa cape volant derrière elle. En quelques secondes à peine, elle escalada la grille et se laissa tomber gracieusement de l'autre côté. Elle prit même le temps de lisser les plis de sa cape après s'être relevée, avant de se diriger vers un coin d'ombre où elle soupçonnait Yvan de se dissimuler.

Tout en marchant, elle commença à délacer sa cape, qu'elle retira et plia sur son bras, dévoilant sa robe. Un jupon noir qui frôlait le sol, et un bustier violet sombre paré de reflets. Une bande de tissu noir retenait la robe, derrière sa nuque. Elle plaqua adroitement une mèche de cheveux contre son crâne en la sentant se détacher. Hum... son chignon ne tenait pas. Elle réajusta la fleur en soie violette qui ornait ses cheveux, sur le côté gauche de son crâne. Hum... Ça aurait été définitivement plus pratique avec un miroir...

Elle soupira. Tant pis, ça irait bien. Elle venait pour tuer pas pour s'amuser. Elle s'arrêta devant une flaque d'ombre, et demanda :

Alors ? Je te conviens ? se renseigna-t-elle.

Ce n'était pas que son avis l'intéressait, non. Juste qu'il fallait bien faire la conversation...

Kate vérifia une autre fois sa coiffure, vérifiant que les mèches sur sa nuque tenaient toujours attachés par exemple. Ça ne l'empêcha pas de remarquer le haussement de sourcil léger d'Yvan. Elle renonça à le remercier du compliment qui suivit en revanche. Elle avait eh bien... un peu la flemme. Déjà qu'elle était venue. Et en robe ! Elle n'avait pas mis une robe depuis des siècles...

Quant à lui... Hum... elle ne voyait pas une grande partie de ses vêtements, dissimulés par la cape qu'il réajusta, mais ce n'était pas vraiment nécessaire. Il avait juste, eh bien... la grande classe.

Elle se laissa guider à l'intérieur du manoir Castellis. Elle trouvait cette verrière et ce foisonnement de végétaux en tout genre de mauvais goût. C'était juste... trop. Jolie, certes. Mais un peu trop. Elle préféra la déco de chez elle, tout en sobriété.

Arrivée à l'entrée de la salle de réception, Yvan lui fit signe d'approcher, ce qu'elle fit, néanmoins sans lui accorder plus de regard que lui. C'était l'heure des instructions...

Hum... se mêler aux invités, facile. Rassembler tout le monde, ça aussi elle savait faire. Les enfermer dans la salle... sérieusement, il doutait qu'elle puisse faire ça ?

Lorsqu'il eut fini de lui donner ses instructions, elle ferma les yeux, et respira profondément pour se calmer. Et prendre le temps de rentrer dans son rôle.

Puis sans un regard pour lui, elle s'avança d'un pas royal vers le reste des invités, un sourire radieux sur le visage. Première étape, engager la conversation. Échanger des mondanités.Se mêler aux invités quoi. C'était chiant... Elle conserva néanmoins son sourire à chaque conversation qu'elle entama avec quelqu'un.

Enfin... ça c'était jusqu'à sa rencontre avec Jacob Ambrose. Jacob Ambrose était un hybride, né à Modernis. Et puis ses parents étaient morts. Et il avait appris qu'un oncle riche lui cédait quelque chose à Gothik, alors il était venu. Au départ, ses intentions étaient claires. Récupérer l'héritage de ce vieil oncle vampire (d'ailleurs, il se demandait ce qui avait bien pu lui arriver) et retourner chez lui. Sauf qu'il n'avait pas prévu que ce serait une grande maison à moitié délabrée, difficile à embarquer sous le bras.

Mais il adorait cette maison. Il avait eu un coup de cœur pour elle dès la première fois qu'il avait vu cette bicoque. Et maintenant, il remerciait son bon sens. Pour la simple et bonne raison qu'il venait de voir apparaître un ange.

Il prit une profonde inspiration, et remercia le ciel de l'avoir doté d'un pouvoir de maitrise qui lui permettait de contrôler son flux de sueur. Oui, il admettait, il ne trouvait pas ça très utile, en temps normal. Mais en l'occurrence, ça l'était. Il ne voulait pas prendre le risque de suer devant cette apparition divine. Il s'avança vers elle et s'éclaircit la gorge, dans le but de maitriser sa voix tremblante.

Euh... bonjour, enfin bonsoir, puisque nous sommes le soir...

Il lâcha un petit rire nerveux qui s'étouffa dans sa gorge lorsqu'elle se retourna et qu'il croisa le regard bleu clair de la vampire.

Je voulais juste vous dire... vous dire que... que je vous trouvais ravissante et que... Au fait, je m'appelle Jacob, Jacob Ambrose.

Katherine. Mais appelez-moi Kate, comme tout le monde.

Oh Diable... songea Kate. Encore un qui lui léchait les bottes pour coucher avec elle. Enfin... celui-là était quand même particulièrement niais dans sa façon d'être. Elle serra néanmoins la main de l'hybride, en conservant un magnifique sourire qui le fit rougir. Ah, mauvais choix, elle n'aurait pas dû continuer à sourire, il allait le prendre pour lui alors que ce n'était pas son intention.

Euh... je... bafouilla-t-il, toujours écarlate, alors que les conversations des invités, présents en masse maintenant que la fête battait son plein, bourdonnaient autour d'eux. Peut-être que vous.. voulez un verre, vous voulez que j'aille vous chercher quelque chose à boire ? Nous pourrions... discuter.

Oh, ça aurait été un plaisir répondit Kate. Mais j'ai malheureusement du travail. Voyez-vous je suis... la gouvernante des Castellis enchaina-t-elle lorsque son cerveau lui fournit un mensonge crédible, ce qui fort heureusement, il fit rapidement. C'est moi qui ait organisé cette soirée, et je dois désormais rassembler les invités. Mais ce fut un plaisir de vous rencontrer.

Elle inclina légèrement la tête pour le saluer et se détourna aussitôt. Discrètement, elle chercha Yvan des yeux et lui repéra dans un coin. Mais elle ne se préoccupa pas plus que lui.

Elle sortit dans le jardin et décida de sortir aux invités le même mensonge qu'à... Jacob... quelque chose... La continuité dans un mensonge, c'était important. Cela évitait la surenchère du mensonge, et puis cela lui évitait d'en imaginer un autre tout aussi crédible.

Alors elle expliqua à chacun que Castellis avait l'intention de faire un petit discours d'accueil pour ses invités, et qu'il était nécessaire qu'ils se rassemblent tous dans la grande salle. Ce que tous s’empressèrent de faire. Et heureusement, ça aurait été ennuyeux si elle avait dû les tuer pour manque de coopération.

Une fois fait, elle fit une dernière fois le tour du jardin, afin de vérifier qu'elle n'avait oublié personne. Puis elle retourna à l'intérieur, refermant les portes derrière elle, portes qu'elle bloqua avec une espèce de lance, qui armait une armure, et qu'elle coinça entre les poignées. Elle répéta l'opération sur toutes les portes de la salle. Personne ne la remarqua faire. Il n'y avait même pas de gardes ici -ce qu'elle trouva être une grossière erreur- et tous les invités étaient tournés vers l'estrade.

Une fois la dernière porte barricadée, elle pirouetta. Bon, il était temps d'offrir à son prince noir préféré -en même temps, c'était le seul- une entrée théâtrale. Elle leva la main gauche, et ferma les yeux pour se concentrer. Puis, elle referma lentement le poing, et chacune des bougies présentes dans la salle vit sa flamme décroître, jusqu'à n'être plus qu'un tout petit point lumineux. Elle rouvrit les yeux, le temps de voir une ombre se déplacer, pendant que tous les autres invités s'extasiaient de ce spectacle de jeu de lumières.

Puis elle referma les yeux pour reprendre sa concentration, elle rouvrit à demi le poing, et la lumière des bougies présentes sur la scène se ralluma. Il était effectivement temps que le spectacle commence.

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Kate rouvrit les yeux -après tout, elle en avait fini avec son pouvoir- et croisa les bras derrière son dos au moment où Yvan commença à parler. Son choix vestimentaire avait décidément été très inspiré, il transpirait littéralement la noblesse et la classe typique du vampire. Et puis... le côté lame géante prête à vous découper en rondelle suffisait à faire le reste et à impressionner.

Elle avança un peu pour se rapprocher de l'estrade, à pas lents, presque dansants, tout en écoutant distraitement ce que disait Yvan. Le fond ne l'intéressait pas beaucoup, après tout, elle savait déjà, dans les grandes lignes, ce qu'il allait dire.

Il acheva son petit discours sur une menace qui lui plaisait beaucoup. Ça annonçait des meurtres, beaucoup de meurtres. Elle était à présent à quelques pas de la scène.

Et puis quelqu'un protesta, entrainant d'autres protestations. Quelqu'un qui était légèrement en retrait, sur sa gauche. Elle n'attendit pas d'ordre d'Yvan, ce n'était pas nécessaire, elle savait ce qu'elle avait à faire. Et ça compensait toutes les mondanités qu'elle avait dû subir et le sourire qu'elle avait dû plaquer sur son visage.

L'homme, un vampire, sembla la reconnaître. Évidemment, elle lui avait sorti le même mensonge qu'aux autres, qu'elle était l'organisatrice de la soirée. Et il avait l'air de lui reprocher ce petit discours...

C'est un scandale ! Je veillerais personnellement à ce que vous soyez...

Elle ne lui laissa pas le temps de finir. Au début, elle donna seulement l'impression de poser sa main sur sa poitrine, comme pour le calmer. Et puis d'un mouvement rapide, ses ongles s'enfoncèrent dans sa poitrine, déchirant tout sur son passage. Hum, elle faisait des merveilles avec des ongles en bon état. Et elle attrapa le cœur du vampire, le serrant entre ses doigts, le faisant lâcher un gargouillis de douleur.

Elle regrettait que ce ne soit pas un humain. Sentir les derniers battements de cœur d'un homme sur le point de mourir, c'était... indescriptible. C'était au delà de toutes les émotions qu'elle ne ressentait pas de toutes façons. Lorsqu'elle sentait ce dernier battement de cœur, elle se sentait... tellement vivante...

Mais ce n'était pas un humain. Ça avait d'autres avantages. Elle tira le cœur d'un coup sec, l'arrachant de la cage thoracique du vampire, y laissant un trou béant. Et lui faisant lâcher un hurlement à réveiller les morts. Les humains ne hurlaient jamais de douleurs, et elle adorait entendre ces victimes hurler. Pas par sadisme, enfin pas seulement.

L'organe dans la main, le sang qu'elle avait jusqu'au poignet dégoulinant le long de son bras, elle pirouetta vers Yvan et lui lança le cœur.

Tiens moi ça lança-t-elle.

Il y avait un silence de mort dans la salle, excepter pour quelques irréductibles qui ne comptaient sans doute pas se laisser impressionner si facilement. Elle les comprenait.

Le vampire sans cœur vacilla, mais elle le retint avant qu'il ne s'effondre sur le sol, pour le pousser violemment contre le sol. Hum... crâne explosé au vu du bruit que cela avait produit jugea-t-elle.

Mais elle poursuivit son œuvre vers un autre vampire, qui s'avançait lui aussi vers elle. Il était armé. Ça tombait bien. Elle n'avait pas pris ses armes, pas la place avec sa robe. Et elle n'en avait pas franchement besoin. Elle attrapa son bras, le lui tordit violemment, produisant un craquement lugubre. Quelqu'un hurla à ce moment-là, alors que son adversaire lâchait un simple grognement de douleur.

Elle récupéra l'arme dans sa main et la lui planta dans la gorge profondément. Jusqu'à la garde. Elle ne se préoccupa pas plus de lui et pirouetta, comme si elle dansait, évitant une attaque maladroite d'un troisième vampire. Elle l'étourdit d'un coup de coude, puis lui attrapa la tête qu'elle fit violemment pivoter sur le côté, le mettant hors-jeu.

Elle releva la tête, rejetant dans ce mouvement une mèche de cheveux en arrière. Pas une seule tâche sur sa robe. Mais ce léger décoiffage l'ennuyait. Et plus personne n'osait l'approcher.

Alors ? Qui est le prochain ?

En effet, Kate remplit parfaitement son office. Elle offrit même un petit spectacle, propre à impressionner tous ces nobliaux. Yvan n'eut aucune réaction, il resta totalement de marbre, même quand elle lui tendit un cœur tout frais (pour celui d'un vampire). Il tendit la main et garda l'organe à bonne distance, afin de ne pas salir ses vêtements. Le sang partait mal. Et il n'avait pas encore de blanchisseuse. Le sang dégoulinait entre ses doigts, formant une petite mare sur l'estrade. Yvan n'y prêta pas plus d'attention que cela. Il avait parfaitement conscience de l'image qu'il offrait aux spectateurs rassemblés. Et elle lui plaisait énormément.
Lorsque Kate eut terminé de jouer, appelant qui voulait à la combattre, Yvan s'apprêta à ramener l'attention sur lui-même. Mais il devait y avoir une dernière intervention.

Un cri sauvage résonna sur sa gauche. Kate était à l'opposé. Yvan vit un vampire s'élancer dans sa direction, une fine lame dans la main. Le Prince Noir ne bougea pas, se contenta de tourner sa tête vers l'agresseur. Il savait bien que Kate allait résoudre le "problème" sans qu'une tâche de sang ne saute sur ses habits. Pourtant, quelqu'un voulu jouer les héros. Il entendit un clair "Non !" passionné et le sang gicla. Il fut épargné par les éclaboussures, mais son expression était celle d'un homme atterré. Les yeux écarquillés, une moue mêlant dégoût et surprise sur les lèvres, le nez plissé, les sourcils plus froncés que jamais. Yvan lâcha le cœur comme s'il s'était agit d'une vieille chaussette (plortch) et rejoignit la victime. Il avait voulu le sauver. Oui, ce garçon était vraiment stupide. Comme s'il avait réellement courut un danger ! Même si Kate n'avait pas été présente, il n'en aurait fait qu'une bouchée.
Yvan mit un genou à terre, déposa sa faux tout à côté et prit le jeune Castellis dans ses bras. La lame avait transpercé son cœur, et était restée en lui. Yvan arracha le fleuret et le jeta plus loin. Ce n'était pas dramatique, il allait s'en remettre. L'agresseur, surprit, avait réculé. Du coin de l’œil, Yvan le voyait figé. Il faisait confiance à Kate pour s'en occuper.

"Mon fils ! Mon enfant !"

Castellis. Il saisit le jeune entre ses bras et le serra. Yvan secoua la tête.

"Il va guérir, ce n'est rien de plus qu'une égratignure," fit-il d'un ton sévère.

"Vous ne comprenez pas, répliqua Castellis en ne quittant pas son fils des yeux. C'est un hybride. Il a beaucoup de parts vampires, mais il reste un hybride. Ce genre de blessure est mortel pour lui."

Et il serra encore plus son fils agonisant, déjà inconscient. Yvan se releva. Il n'y pouvait rien. Sauf s'en servir. Comme martyr. Au fond, il était touché. Les Castellis, finalement, le défendaient. S'il en croyait ce dont il avait été témoin dans la serre.

Kate pirouetta sur la gauche en entendant un cri. Elle avança, l'air déterminé, mais un gamin voulut jouer les héros. Ah les gosses... toujours à faire des conneries. Conneries que quelqu'un devait ensuite réparer. Ça l'emmerdait déjà de réparer les siennes, alors celles des autres...

Elle vit Yvan prendre le gosse dans ses bras. Il lui faisait du sentimentalisme ou quoi ? En tout cas, l'agresseur, sûrement pris de court, avait reculé.

Elle profita de ce bref laps de temps où il était déconcentré pour utiliser sa vitesse vampirique et se l'attraper à la gorge. Celui-là, il fallait en faire un exemple. Elle referma le poing sur la gorge du vampire, faisant suinter le sang lorsque ses ongles taillées à la perfection lui entrèrent dans la chair.

Et elle le regarda avec un intérêt certain lâcher des gargouillis et des gémissements de douleurs. Et puis elle entendit Castellis dire que son fils n'était qu'un hybride. Et que donc... eh bien il allait passer l'arme à gauche. Quelle tristesse... Mais dans le fond, cette mort l'arrangeait... Dès le premier soir, ils se retrouvaient avec un gosse mort en martyr. Il allait quasi devenir un héros. Si on passait sous silence le fait qu'il avait essayé de sauver un vampire qui n'en avait nul besoin. Les martyrs ne pouvaient pas être des idiots, sinon leur mort passait pour tout à fait autre chose qu'un acte de foi et d'héroïsme.

Et l'instrumentalisation de cette mort commençait maintenant. Par la punition de son meurtrier. Elle serra encore plus fort sa main sur la gorge du vampire. Elle sentait la chair céder sous ses ongles. Si ça continuait comme ça, elle allait bientôt pouvoir lui arracher les entrailles par la gorge.

…Eh mais... c'était pas idiot ça. Bien qu'un peu trop complexe à réaliser. Elle avait mieux.

Elle balança le vampire au sol, et profita du bref moment pendant lequel il glissa sur le carrelage en répandant du sang partout pour s'avancer vers un homme et récupérer l'épée qui pendait à sa ceinture.

Puis elle retourna à côté du vampire, s'agenouilla près de lui, et lui planta la pointe de l'épée dans le ventre, juste sous le nombril.

Il lâcha un cri de souffrance. Oh diable, mais quelle chochotte... D'un geste sec, elle lui ouvrit l'abdomen en deux, puis délaissa l'épée pendant qu'il hurlait sa souffrance. Oh, ça va hein. C'était juste une petite blessure de rien du tout. Elle aurait pu cicatriser en moins de deux.

Bon, là évidemment, ça ne risquait pas.

Elle plongea sa main à l'intérieur de la blessure béante et farfouilla dans les entrailles du vampire, jusqu'à attraper un bout d'intestin. Elle tira dessus jusqu'à en dégager une bonne longueur pendant que le vampire la regardait faire d'un air horrifié.

C'était intéressant, comme expression. L'horreur mêlée d'une dose d'incompréhension, et de la peur de l'inconnu. Même après tous ces siècles d'entraînement, elle avait encore du mal lorsqu'il s'agissait d'exprimer un mélange d'émotions.

Elle tira le vampire derrière elle par les intestins, jusqu'à se retrouver sous un lustre. D'un air dégagé, elle lança les-dits intestins au-dessus de sa tête, puis elle hissa le vampire, jusqu'à ce qu'il s'y retrouve pendu.

Il y avait un silence de mort dans la salle de réception, seulement brisé par les sanglots de Castellis père qui pleurait sur le presque-cadavre de Castellis fils. Mais les gens avaient l'air de s'en foutre un peu, ce qu'elle pouvait comprendre. Voir un vampire se faire accorcher à un lustre par l'intestin grêle était de loin plus intéressant. Elle recula pour admirer son œuvre.

Elle avait pendu sa victime de manière à ce qu'elle ait les bras en croix, et elle avait passé une boucle d'intestin sous son menton pour qu'il garde la tête relevée. Le sang dégoulinait à flot sur le sol. Elle aurait presque pu être fière de son œuvre.

Si l'un de vous s'avise de le décrocher, ou de l'achever, je lui fais pire prévint-elle sans se retourner. Cette décoration me plait. Et elle démontre à la perfection le sort réservé à ceux qui s'en prendront aux von Dast et à leurs alliés.

Kate se retourna, les yeux plissés, cherchant des yeux celui ou celle qui l'avait applaudie. Il fallait vraiment pas être bien pour l'applaudir. Objectivement parlant, c'était crade. Vraiment dégoûtant. Mais bon. C'était pas son problème. Fin pas plus que ça.

Phase II du plan. Après le « regardez ce que je fais à mes ennemis », c'était le temps du « regardez comment je récompense ceux qui me sont fidèles ». Choissisez votre camp en conséquence.

Kate se demanda quand même si Yvan ressentait vraiment de la compassion pour le sort du jeune Castellis, tout au fond de lui, lorsqu'elle le vit poser une main sur l'épaule du père.

Elle se fit aussi la réflexion qu'Yvan adorait la mise en scène. La faux, la voix forte pour impressionner l'assistance. Le vampire pendu au lustre qui gémissait de douleur. Le cœur qui dégoulinait sur la scène.

Il lâcha deux ou trois autres phrases qui acheva de tétaniser l'assistance. Puis il se détourna. Princier, altier. La grande classe quoi.

Elle lui emboîta le pas quelques secondes plus tard, mais elle sembla se souvenir de quelque chose lorsqu'elle passa près des Castellis.

… Les intenstins devraient lâcher d'ici quelques heures. Débarrassez-vous du corps comme vous l'entendez.

Elle suivit Yvan, mais sembla se rappeler d'autre chose, au bout d'un peine un pas, lorsque son regard bleu clair tomba sur le corps du jeune Castellis. Là, elle devait dire un truc. Histoire de montrer qu'elle n'était pas totalement insensible.

Toutes mes condoléances pour votre perte murmura-t-elle en se penchant pour que lui seul l'entende. Les von Dast sauront vous récompenser.

Elle se redressa, et d'un pas léger, elle se dirigea vers la sortie. Elle remarqua au passage que chacun prenait soin de s'écarter d'elle. Sauf une personne. Le noble qui lui avait adressé la parole en rougissant tout à l'heure. Il eut même l'audace de lui attraper la main pour la retenir.

Katherine commença-t-il.

Elle se dégagea. A moins qu'il ne veuille mourir, il valait mieux pour lui qu'il évite de la toucher. En plus, son bras était couvert de sang. Ce n'était pas vraiment hygiénique.

Au revoir Jacob lâcha-t-elle un peu sèchement.

Elle rattrapa Yvan en quelques enjambées.

Alors ? Satisfait de ta première soirée de campagne de reconquête ? s'enquit-elle.

Kate sourit lorsqu'elle passa devant les gardes Castellis. L'un deux fit mine de s'approcher, pour la retenir, mais il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle se retourna gracieusement, continuant à avancer en reculant :

Vraiment ? Vous êtes sûrs de vouloir tenter votre chance ?

Elle rejoignit enfin Yvan, mais elle était trop occupée à examiner les ongles de sa main gauche pour trouver quelque chose à lui répondre. Humpf, il y avait des morceaux de chair et de peau sous ses ongles. Ça allait lui prendre des heures pour nettoyer ça. Elle devait faire attention à ne pas en mettre partout sur sa robe. Elle y tenait, un peu. Ou pas...

Tiens, qu'est-ce qu'il faisait ? se demanda-t-elle en voyant Yvan enfiler des gants. Puis il lui précisa qu'elle n'était pas obligée de venir. Tu parles, si ça impliquait encore du sang, elle n'allait pas se gêner pour rester.

Le carreau qu'évita Yvan heurta le pavé et atterrit près de ses pieds. Elle rattrapa la faux de son compagnon lorsqu'il la rejeta en arrière. Oh, un combat à mains nues ? Intéressant. Elle s'appuya contre la grille et le regarda faire. Ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait assister à ça. Autant profiter du spectacle.

Mais elle s'en désintéressa vite. Elle avait les mains dégoûtantes. Et elle en avait mis partout sur le manche de la faux. Elle espérait qu'il n'allait pas lui en vouloir, elle allait devoir feindre la culpabilité sinon.

Le Kalingrad -elle en était quasi sûre d'après son accoutrement- se retrouva plaqué au sol -elle se fit la réflexion qu'avoir un genou appuyé précisément à cet endroit, ça devait faire mal- mais Yvan ne l'acheva pas.

Non, sérieusement ? Je m'occupe de tes déchets ?

Elle lâcha un soupir de vexation, et posa son pied sur la gorge du Kalingrad, appuyant suffisamment pour lui faire mal et le retenir au sol rien que par ce biais.

Oh tiens, je te connais toi. Je crois que j'ai tué ta sœur. Elle avait essayé de me tuer en première... Mais tu ne l'avais pas bien pris du tout... Tu pleurais et tout.

Le Kalingrad grogna et se releva d'un bond, mais Kate reprit aussitôt son équilibre et l'attrapa par la gorge et pour lui précipiter violemment la tête contre le mur le plus proche. Avec un « SPROTCH », le crâne du vampire fut proprement éclaté contre la pierre et quelques bouts de cervelles giclèrent. Beurk, elle en avait sur le visage...

Elle soupira et arracha un bout des vêtements du Kalingrad et s'en servit pour essuyer son visage et éponger un peu le sang qu'elle avait sur les bras. Elle était déjà plus présentable... Elle délaissa le morceau de tissu souillé et emboîta le pas à Yvan, puis le rattrapa et lui remit sa faux.

Attention, y a du sang dessus prévint-elle d'un ton léger, avant de reprendre l'examen de ses ongles.

Elle s'arrêta soudain de marcher.

Oh... zut, j'ai oublié ma cape... L'un des membres de ma secte a dû en laisser une au manoir, certes, mais je vais devoir me mettre à sa recherche...

Il y eut un silence, et elle fronça légèrement les sourcils.

En même temps, je devrais faire demi-tour pour récupérer l'autre...

Et donc, autant en chercher une autre. Enfin... en faire chercher une autre. Il fallait bien que ses serviteurs fassent ce qu'ils faisaient de mieux, servir. Elle pirouetta vers Yvan avec la grâce qui était la sienne et se renseigna sur la suite des festivités.

Alors...Quelle est la prochaine étape ?

Manoir Kalingrad ? Et beh, il devait vraiment avoir une dent contre eux songea Kate. Ils en avaient zigouiller deux dans le jardin -elle était tombée sur un bout de cadavre pendant qu'elle rameutait les invités dans la grande salle- et ils venaient tout juste d'en envoyer un autre ad patres.

Mais bon, ce n'était pas elle le chef, alors si il voulait récupérer un truc, elle se contenterait d'emboîter le pas.

Le brusque changement de direction d'Yvan ne la perturba pas. N'importe qui avec un peu de jugeote aurait tout de suite pensé à passer par une entrée secondaire. Elle évita le regard des gardes en se faufilant entre les friches qui peuplaient le jardin. Elle devait faire attention à ne pas abîmer sa robe avec les ronces qui peuplaient le lieu.

D'un bond, elle se faufila par la fenêtre, se réceptionnant en silence sur le sol couverte d'une moquette épaisse. Yvan était déjà dans le couloir. Elle le suivit à son tour, vérifiant qu'il était vide avant de le suivre.

Elle fronça le nez en passant devant le petit salon. Leur encens puait. Sinon, la petite brune là-bas était pas mal. Mais bon, c'était une Kalingrad. S'envoyer en l'air avec l'ennemi, c'était mal. Elle en était quasi sûre. Mais bon, ça n'empêchait pas d'être ennemi. Elle ne comprenait pas pourquoi elle ne pouvait pas coucher puis tuer le mec, ou la fille, tout de suite après.

Encore une fois, elle s'était faite distancée par Yvan. Il était déjà à l'autre bout du couloir. Quant à elle, elle décida de prudemment se replier dans une pièce le temps qu'un groupe de Kalingrad passait dans le couloir. Ils avaient l'air dans les vapes, mais ils avaient peut-être l'esprit suffisamment clair pour trouver sa présence ici incongrue.

Elle se retourna à demi, histoire de voir où elle avait atterri. Tiens, un couple en train de s'envoyer en l'air. Ils ne semblaient même pas s'être rendu compte de sa présence. Non, la fille continua à gémir et le mec à pousser des râles poussifs. Ah, non, là elle simulait... Les Kalingrad faisaient vraiment tout de travers, même le sexe...

Elle jeta un coup d'œil dans le couloir. Personne en vue. Elle se faufila hors de la chambre, laissant la fille gueuler à plein poumon ce qui semblait être le nom de son amant. Hum alors voyons, où avait-il bien pu partir. Elle se fia à son odorat. Elle se fit la réflexion qu'elle aurait dû le renifler un peu, histoire de situer son odeur. Ça aurait été tellement plus facile de le retrouver... Mais elle n'avait pas pour habitude de renifler les gens.

Elle choisit une direction, un peu au hasard, et après une volée ou deux de marches, elle atterrit dans devant une pièce sans fenêtre, fermée par une lourde porte, actuellement entrouverte. Elle se tâta avant de jeter un coup d'œil. Elle espérait qu'elle n'allait pas y trouver un autre couple. Ça aurait été lassant.

Elle jeta un œil. Ah non, il n'y avait que Yvan. qui était occupé à examiner un parchemin sous cloche. Les autres objets avaient l'air de lui indifférer totalement.

Désolée du retard. J'ai été retenue par des Kalingrad dans un état second qui déambulaient dans les couloirs. Ils n'ont vraiment aucun goût même pour la débauche.

Elle le rejoignit. Il semblait un peu surpris de la voir là.

Quoi ? Tu croyais que j'étais partie ?

Elle contourna la cloche de verre, de manière à la placer entre eux et annonça :

J'ai pas mal de défauts, mais je suis loyale. Fais-moi un peu confiance.

C'était facile pour elle de l'être. Elle ne comprenait pas l'intérêt d'une trahison, c'était en général quelque chose qui était motivé par la colère ou la vengeance, sentiments qu'elle ne pouvait tout bonnement pas ressentir. Et puis c'était emmerdant de changer de camps. Autant garder celui qu'elle avait choisi.

Elle détourna ses yeux bleus clairs du regard d'Yvan pour regarder le parchemin.

C'est ce que je crois ?

Kate se fit la réflexion qu'Yvan pouvait vraiment être très directif lorsqu'il le voulait. Et puis il lui fit un discours sur le thème du « c'est pas que j'ai pas confiance en toi, t'es pas mon clebard ».

Elle l'écouta à peine, préférant se concentrer sur ses actes. Elle recula lorsqu'il le lui demanda, principalement parce qu'elle n'avait pas envie de perdre un morceau dans l'histoire, elle tenait à chacune des parties de son corps après tout. Elle se demandait quand même si ça allait marcher. Ça semblait être assez expérimental.

Et visiblement, ça marcha. Il saisit la cloche et s'en débarrassa au sol, le temps d'étudier le parchemin. Elle bailla pendant qu'il s'efforçait de retenir les caractères présents sur le papier. Elle fronça le nez pendant qu'il était occupé à badigeonner la lame de sa faux. Il y avait une odeur... mais c'était à moitié couvert par le souffre de ce truc verdâtre et immonde. Par précaution, elle chercha instinctivement des issues de secours.

Et la suite des évènements lui donna raison. Et zut. Elle savait bien que ça sentait l'embrouille. Les filles en cuir avaient toute l'air de sado-masochistes. Plutôt sadique que masochiste d'ailleurs. S'il y en avait eu une ou deux, pourquoi pas. Mais une dizaine, ça commençait à faire beaucoup.

Elle préféra regarder le parchemin voletait sur le sol plutôt que sur les paroles de Kalingrad père. Eh bien, s'ils torturaient aussi bien qu'ils s'envoyaient en l'air, elle n'avait aucun souci à se faire.

Les filles SM les entourèrent aussitôt pour les escorter vers les cachots pendant que le père préférait aller voir ailleurs. elle enjamba la faux d'Yvan au passage, et suivit ses nouvelles amies vers les cachots. Évidemment, ils furent enfermés dans deux cellules différentes, mais qui se faisaient cependant face. Et une fille Kalingrad se posta devant la cellule.

Kate la regarda au travers des barreaux de la cage. Elle était pas trop mal. Mais elle doutait qu'elle soit du genre à se laisser avoir par une parade de séduction. Ses pensées dérivèrent sur autre chose. Quelle stratégie de torture allait employer Kalingrad ? Peut-être qu'il allait la torturer devant Yvan et inversement. Ça pourrait être amusant, puisqu'aucun d'eux ne parlerait.

Elle ne voyait pas Yvan depuis sa cellule. Bah, il devait sûrement être très en colère. Ce qui s'exprimerait par un magnifique visage inexpressif. De l'eau goutait dans un coin de la cellule, et le 'plic-plic' régulier faillit la rendre folle. Et puis une fille Kalingrad descendit au cachot. Pas trop tôt. La torture serait beaucoup plus amusante.

Père a demandé que la fille soit amenée en premier annonça-t-elle.

Ah, tiens ? Il ne commençait pas par Yvan ? Elle aurait dû préciser qu'il avait tué plus de Kalingrad qu'elle ce soir. Peut-être qu'il voulait faire d'elle un exemple. Yvan n'était pas du genre à se laisser impressionner.

La porte de sa cellule s'ouvrit et une fille Kalingrad l'attrapa par le bras pour la tirer dans le couloir. Elle adressa un sourire rayonnant à Yvan pendant qu'on la trainait sans ménagement dans les escaliers. Elle ne savait pas où était barrée les autres, mais pour l'instant, elles n'étaient plus que trois. Faisable donc.

Avance lui asséna sèchement celle qui semblait la plus âgée en la voyant s'arrêter.

On dit s'il-vous-plait.

De son bras libre, elle donna un coup de coude dans les côtés de celle qui se trouvait derrière elle. Elle libéra son bras d'une secousse, mais il fut néanmoins zébré de griffures par les ongles de la Kalingrad. Ah, elle pissait le sang. Elle allait en foutre partout sur sa robe.

Elle envoya voler l'une d'elle, qui chuta jusqu'en bas des escaliers. Super, plus que deux à gérer. Elle fit un pas sur le côté pour éviter une attaque, puis un autre, et elle continua à esquiver comme si elle dansait avec ses adversaires, évitant leurs lames avec adresse.

Un morceau de métal aiguisé frôla son visage, et un autre près des hanches. Celui-là était plus facile à attraper. Elle désarma son adversaire d'une brusque secousse, rattrapa l'arme et le planta d'un geste vif dans l'œil de l'autre.

Le hurlement de douleur qu'elle lâcha résonna dans l'étroit couloir. Elle attrapa l'arme de la Kalingrad blessée, pendant qu'elle essayait de retirer l'arme de son œil, et le planta dans le cœur de la deuxième. Elle arracha elle-même l'arme du visage de la première Kalingrad et la balança en bas des escaliers, puis elle poussa sa dernière adversaire contre le mur, jusqu'à ce que son crâne émette un SPROTCH en se brisant. Ah... briser des crânes, il n'y avait que ça de vrai pour se débarrasser d'un vampire...

Elle descendit d'un pas léger les marches, et commença par éclater le crâne de l'une, pendant que l'autre se tordait de douleur sur le sol. Puis, lorsqu'elle eut terminé, elle commença à découper patiemment la tête de la Kalingrad blessée.

Elle allait faire demi-tour, et se souvint d'Yvan, toujours dans sa cellule. Il allait peut-être gueuler si elle le laissait là... Elle soupira pour la forme et retourna jusqu'au cachot, tenant la tête de la Kalingrad par les cheveux.

Yvaaaan ?

MISCAST ♫ x-japan

Le père Kalingrad s'approcha d'Yvan et prit sa mâchoire entre ses doigts. Le Prince Noir le toisa sans haine. Il était tranquille. L'autre lui sourit de ses dents bien blanches. Le myosotis de ses yeux était marqué par une spirale blanchâtre, qui tournait.

"Ta petite amie est déjà sous mon contrôle. On va bien rigoler tous les deux. Sauf que... Sauf que toi tu vas directement subir la douloureuse réalité. Je te connais déjà assez."

"Chien," lança Yvan d'une voix douce.

L'autre lâcha un gloussement. Car c'était son véritable nom. Il s'éloigna d'Yvan, qui refusait toujours de bouger, et ordonna aux filles d'emmener Kate, immobile, en bas. Cinq filles restèrent pour le Prince, qui fut lui conduit à l'étage.
On l'attacha à l'horizontal sur une grande planche en métal, bras et jambes écartés. Il y avait même une attache au niveau de son torse. Et c'était certainement trop solide pour qu'il puisse se débattre. Chien Kalingrad s'approcha, les mains dans le dos. Ses yeux tourbillonnaient toujours.

"Inutile d'essayer de nous faire trembler, tu es trop haut pour utiliser ton pouvoir. Et les connexions à la terre ont été coupées par du kevlar."

Du kevlar ? Yvan fronça les sourcils. Il n'avait jamais entendu parler de kevlar et ne demanderait pas par fierté. Ensuite, qu'est ce que ça avait à voir avec son pouvoir ? Il tenta le coup, mais fut bloqué. Diable ! C'était donc vrai ! Il existait donc une matière capable de...

"Le kevlar ne bloque pas les pouvoirs. Seulement ceux liés aux quatre éléments. Pas de chance, mon prince."

Et il s'éloigna, laissant la place au bourreau. Ce dernier avait grosse poitrine et une taille très fine. La vampire fit claquer un fouet sur le bras d'Yvan, déchirant sa chemise. SA CHEMISE NEUVE ! Du moins... Nouvellement sienne. Cela, plus que la douleur, le frappa. Ca et le fait qu'on voyait sur sa peau les marques découvertes à sa résurrection. Pourvu qu'elle ne remarque rien.
Le coup de fouet était simplement pour jouer. Par la suite, la fille se mit à califourchon sur le ventre d'Yvan et déchira son vêtements à partir du col jusqu'au nombril. Puis, elle s'amusa à le brûler avec un tisonnier. Le Prince ne cria pas, se contenta d'avoir des sursauts. Jusqu'à ce que son bourreau décide de repasser sur les blessures pas tout à fait guéries. Là, Yvan hurla en se cambrant, bandant les muscles de ses bras. Les menottes ne bougèrent pas d'un millimètre.

"J'adore entendre mes victimes crier," roucoula-t-elle.



Kalingrad était debout devant la cellule de Kate, allongée sur le sol. Elle avait les yeux ouverts mais ne vivait pas la réalité. Elle agissait, ainsi qu'elle l'aurait fait si ça avait été vrai, dans le monde créé par Chien. Un monde tout à fait semblable à celui ci. Kalingrad avait toutes les images du "rêve" qui défilaient dans sa tête. Son pouvoir lui permettait d'en apprendre ainsi beaucoup sur ses ennemis. Il mit fin au carnage imaginaire quand cela cessa d'être intéressant.

"Hello ! Kate, c'est bien cela ? Tu es très intéressante. Et dangereuse. Je t'aime bien. Quel dommage que nous ne puissions être dans le même camp. Mais... Si tu changes d'avis, fais moi signe."

Il pointa ensuite son doigt vers le plafond.

"Dans dix minutes, une petite trappe laissera tomber la clef de la cellule à tes pieds. Tu pourras t'en aller. Evite simplement de tuer trop des miens s'il te plait. Quant à ton prince... Et bien il est à l'étage. Nous le torturons mais rassure-toi, nous le libérerons aussi très bientôt. Tu peux rentrer chez toi. Il te sera restituer sans... trop de dommages."

La conversation terminée, il se retira, digne. Kalingrad avait tout ce dont il avait besoin. Du moins, c'était ce qu'il pensait. De quoi aurait il pu avoir besoin d'autre ?

Kate se réveilla brusquement, avec l'impression de se réveiller d'un mauvais rêve. Ce n'était pas qu'il était mauvais, massacrer des gens n'était jamais une activité à laquelle elle rechignait, mais c'était la sensation qu'elle eut lorsqu'elle revint à elle.

Oh, et puis le sol tanguait sous elle, et elle avait l'impression qu'elle aurait pu vomir la moindre chose qui aurait été présente dans son système digestif. Oh merde. Elle s'était laissée avoir...

Elle se redressa sur les coudes, renonçant à se lever tout de suite. Kalingrand père était là. C'était vraiment, vraiment très « gentil » de la trouver intéressante. Bien que l'adjectif de dangereuse lui convenait sans doute plus. Oh, il l'aimait bien ? Super, ça lui faisait une belle jambe. Il ne pensait quand même pas qu'elle allait changer son fusil d'épaule juste avec deux ou trois compliments et un « je t'aime bien » ? Quand même... il la prenait pour qui ?

Elle leva les yeux lorsqu'il lui parla de la trappe. Ça puait un peu le piège hein. Genre je me fais chier à vous capturer pour vous laisser partir... Enfin... qu'il la laisse partir elle, elle pouvait comprendre, elle n'était sans doute pas très utile. Et puis, il ne savait pas exactement qui elle était. Heureusement, ça aurait pu lui poser des problèmes sinon. Sa famille et les Kalingrad n'avaient jamais vraiment eu des relations cordiales.

Et elle bloqua sur quelques mots du Kalingrad. Éviter de tuer trop des siens ? Elle ne promettait rien. Et « ton » prince ? « te » sera restituer sans dommage ? Diable, mais qu'est-ce qu'il croyait...

Il s'éloigna sans ajouter autre chose. Et puis elle réalisa. Oh... Il croyait qu'elle et Yvan... ? Oh Diable, Diable, Diable ! C'était le truc le plus drôle qu'elle avait jamais entendu. Elle lâcha un début de rire forcé. Où avait-il été pêché ça ?

Elle se releva, époussetant sa robe. Oh, elle était dégoûtante. Et ses bras étaient couverts de sang coagulé. Elle allait devoir reprendre un bain. Elle commença à faire les cents pas dans sa cellule, attendant que les dix minutes annoncées par Kalingrad s'écoulent. Il lui avait dit où était Yvan. Et s'il les croyait... en couple... Il espérait peut-être qu'elle irait le chercher. Ça puait le piège de plus en plus. En même temps, rien ne prouvait qu'il allait « lui restituer son prince chéri ». Elle soupira. Autre option, peut-être que tout cela n'était encore qu'une illusion. Comment avait-elle pu se laisser avoir aussi facilement ? Elle n'était pas suffisamment concentrée, mais ça ne se reproduirait plus.

La petite trappe s'ouvrit. Avant même que la clé n'atteigne le sol, elle l'avait rattrapée et s'acharnait déjà à ouvrir la porte. Bon, ok. Elle savait ce qu'elle allait faire.

Le couloir était désert. Ah, peut-être que Kalingrad s'était dit qu'elle n'épargnerait personne, et il avait peut-être préféré évacuer les lieux. Sage décision. Elle était assez imprévisible, sauf lorsqu'il s'agissait de tuer.

Elle grimpa les escaliers. Elle entendait Yvan hurler dans le lointain. Oh, pauvre petite chose... Elle assomma une fille Kalingrad qui se présenta devant elle, et brisa la nuque d'une seconde. Elle ne tuait personne hein. Enfin pas pour l'éternité. Elles survivraient. En même temps, elle n'avait pas le temps de leur découper la tête.

Les cris d'Yvan la guidaient dans le couloir. Elle assomma encore quelques Kalingrad. Oui, aujourd'hui, elle faisait dans le bourrin léger. Elle ne tuait pas. … Enfin... peut-être qu'elle tuerait le bourreau quand même.

Elle enfonça proprement la porte de la salle des tortures. Comment enfoncer proprement une porte ? Facile, il suffisait de laisser les gonds attachés au mur pour qu'on puisse en réinstaller une autre au plus vite. Elle attrapa le premier truc qui lui passa sous la main, en l’occurrence, une barre de fer, et s'avança avec sa vitesse vampirique jusqu'à la table de torture, avant de frapper la fille à califourchon sur Yvan au niveau de la taille, la jetant au sol. Elle avait dû lui éclater les reins...

Elle jeta un bref coup d'œil à Yvan. Chemise en lambeau, brûlures sur la poitrine, coup de fouet sur le bras. Elle garda un visage impassible lorsque son regard tomba sur son bras et sur les marques qui s'y trouvaient. C'était quoi ça ? Elle jeta un coup d'œil derrière elle. Il fallait qu'elle se débarrasse du bourreau avant de le libérer.

Je suis à toi dans une minute.

Elle fit tournoyer la barre métallique dans sa main, et s'avança vers la fille pendant qu'elle se relevait en se tenant les côtes. Un nouveau coup cueillit la fille dans les côtes. Puis un autre au visage. Et comme tous les autres bourreaux, elle hurlait à s'en péter la voix. Il fallait s'habituer à souffrir avant de faire souffrir les autres, règle élémentaire. Elle tapa encore à la tête, et la fille s'immobilisa. Bon, c'était toujours ça de fait.

Elle se retourna avec une pirouette vers Yvan. Il était solidement attaché à la table. Elle devrait songer à s'en faire installer une comme ça au manoir MacMahon.

Laisse-moi une minute mon chéri, ne t'impatiente pas.

Encore une fois, elle se posa la question. Où Kalingrad avait été cherché ça ? Elle se pencha sur le presque-cadavre du bourreau. Elle n'était pas sûre qu'elle était morte pour de bon. Son crâne était un peu éclaté, mais rien d'insurmontable. Ah, forcément. Clés cachées dans le décolleté. Elle se releva et revint vers Yvan, lui enlevant ses menottes et le débarrassant de la barre de fer qui appuyait sur sa poitrine.

Si on allait voir ailleurs ? proposa-t-elle, main tendue pour l'aider à se relever.

Kate ne se vexa pas une seule seconde lorsqu'Yvan ignora sa main tendue. S'il voulait jouer au grand garçon viril, c'était son problème. Vu sa mâchoire serrée, ça avait l'air de lui sacrément mal.

Il donna presque l'impression de l'ignorer lorsqu'il sortit de la pièce sans même un merci. Ça lui apprendrait à vouloir lui sauver la mise... Elle pirouetta et se mit en route à sa suite. Elle dévala gracieusement les escaliers.

Bizarre qu'ils n'aient pas croiser âmes qui vivent en sortant. Ça cachait quelque chose. Quoi exactement, elle l'ignorait. Elle jeta un œil en biais à Yvan en s'arrêtant près de lui, sur le perron de la demeure Kalingrad. Il avait un air maladif. Elle n'était pas sûre qu'il arriverait au château. Peut-être en rampant... Il devait être trop fier pour réclamer de l'aide, parce qu'il lui ordonna simplement de rentrer chez elle.

Bon... s'il tenait à rentrer tout seul, ce n'était pas son problème. Elle détourna les talons, se préparant à rentrer chez elle. Elle avait besoin d'un bain de toute façon. Et aussi de manger. Peut-être qu'elle terminerait sa soirée avec un livre ou devant son piano. Elle n'était pas encore bien fixée.

Elle s'arrêta lorsqu'il lui parla. Hum... question difficile. C'est vrai, elle aurait pu. Elle n'aurait eu aucun remord à le laisser derrière elle. Mais il fallait bien qu'elle lui réponde quelque chose. Elle soupira, et se retourna vers lui. Autant dévier le sujet.

Et pourquoi pas mon chéri ? se moqua-t-elle.

Non, vraiment, ce qu'avait insinué le Kalingrad était toujours aussi risible. En vérité, c'était juste par souci de cohérence qu'elle était allée le chercher. Elle lui avait dit, juste avant d'être emprisonnée, qu'elle était loyale. Ça l'aurait foutu mal si elle l'avait lâché. Et puis bon, c'était pas le premier des pécores non plus.

T'es sûr de pouvoir rentrer chez toi sinon ? T'as vraiment une tête de mourant.

Elle se retourna sans attendre sa réponse pour poursuivre sa route. Ce n'était pas vraiment une question dans le fond. Juste une remarque. Comme ça. Histoire de voir sa réaction.

Oh, mais c'est qu'il avait souri ! constata Kate en voyant qu'il baissait la tête. Pour une raison qu'il lui échappait, elle était donc hilarante. Mais bon, ça avait quand même était furtif.

Elle l'entendit la rattraper après qu'il lui ait demandé de l'attendre. Mais elle ne s'attendit pas du tout à ce qu'il lui attrape le poignet. D'ailleurs, cela sembla le mettre mal à l'aise, et il la lâcha vivement, comme si elle l'avait brûlée. Intéressant comme réaction. Mais il se reprit vite, prenant un air grave.

Elle prit un air étonné lorsqu'elle entendit sa proposition. Ça semblait être de rigueur. Si elle s'était attendue à ça... La remarque de Kalingrad sur le fait qu'ils étaient... un couple... lui était peut-être monté à la tête. Mais enfin, ça restait peu probable. Il était Yvan von Dast. D'après ce qu'elle avait entendu de lui, il n'était pas du tout du genre sentimental. D'ailleurs, elle avait presque l'impression qu'il lui donnait un ordre.

Elle décida de jouer les outrés. Genre « mais qu'est-ce qui te prend de me demander ça !! On parle de la maison de mon enfance, là où j'ai grandi, et où j'arrachais les pattes des araignées pour apprendre à compter ! J'y ai tellement de souveniiiiiirs ».

Tu... me demandes d'abandonner le manoir familial ?

Elle détourna la tête, pour y réfléchir. Pour y réfléchir pour de vrai. Les raisons qu'il évoquait était loin d'être idiote. Oui mais voilà. L'idée de devoir déménager la fatiguait. Elle lâcha un soupir pour lui montrer qu'elle avait fini d'y réfléchir.

J'en dis que ça prendrait un peu trop de temps de déménager là-bas toutes mes affaires. Et puis... je n'ai pas envie de les abîmer dans l'opération...

Elle fit une petite pause, le temps d'observer sa réaction.

Disons... que j'accepte de m'installer dans ton château. Moi et quelques unes de mes affaires. Mais que ma demeure restera toujours mon manoir. Mes serviteurs seront bien entendus ravis de servir un Von Dast.

Elle fit demi-tour. Si elle devait s'installer chez lui, elle allait devoir se préparer quelques affaires. Puis elle songea à autre chose. Elle allait peut-être vite s'ennuyer chez lui. Et quand elle s'ennuyait, elle tuait, mais elle n'était pas sûre que ce soit des plus recommandés dans la demeure du Prince de Gothik City. Ou alors... elle couchait, mais il n'y avait pas beaucoup de candidat à son goût. Il lui fallait quelques occupations.

Au fait... tu as un piano ? s'enquit-elle après avoir pirouetté vers lui.