Une galette de pain fut posée sur la table avec un couteau à bout rond et une motte de beurre frais. Nicolas sourit à son maitre et lui attaché les cheveux en chignon comme à son habitude pour le petit déjeuner. Il lui donna son cachet puis lui appliqua une crème hydratante sur les paupières. Lestat dormait de moins en moins, il aimait profiter du jour ces derniers temps et cette crème faisait des miracles. Il était actuellement un peu moins de dix-neuf heures mais Lestat aimait manger tôt. Alors qu'il se régalait, Nicolas lui rappela que deux réguliers devaient passer dans la nuit. Gracieusement et sans répondre, le prostitué se leva et alla faire une croix sur un long parchemin posé sur son bureau. Un calendrier. Plus que trois-cents soixante quatre jours avant de revoir Armand. Voilà, là, il avait fait son rituel du matin. Il prit son esclave dans ses bras et le serra contre lui, embrassant sa gorge. Il affectionnait beaucoup Nicolas. Ses manches trop longues l'empêchaient de le toucher avec ses doigts directement mais sa main droite, à travers le tissu, caressa les cernes sous les yeux de l'autre humain.

"Tu devrais dormir plus, Sucre d'Orge."

Il partit ensuite saluer Louis et l'aider à se préparer. Il aimait ces moments complices avec le vampire. Lestat reçut une dizaine de clients et les habitués n'oublièrent pas de revenir, payant plus que la semaine précédente, comme toujours. Et vers Sept heures du matin, il échangea son costume de travail contre une belle robe achetée une semaine plus tôt, qui lui seyait à merveille. Il était bien plus beau qu'une femme. Et Nicolas l'était aussi dans son costume masculin pourpre. Le plus vieux se maquilla convenablement et sortit dans la rue, une ombrelle tenue par Nicolas au dessus de la tête. Les longs cheveux du prostitué brillaient à l'éclat du soleil levant et, en silence, Lestat s'apprêtait à rejoindre le quartier noble. Il aimait profiter du peu de soleil dans la ville endormie. Soudain, un jeune homme le bouscula. Il retint un hoquet de surprise et étudia son visage. Pas mal mais peu mieux faire. Le blond laissa la surprise marquer son visage mais un brun le tira.

"Klaym vite!"

Il remarqua un vieux vampire de sa connaissance qui les poursuivait. Et puis la bourse pleine d'or entre les mains du blond. Lestat sourit et arrêta le vampire d'un croche pate. L'autre ne parvint pas à l'éviter, trop concentré sur sa course.

"Lloyd, cher ami, vous ne devriez pas vous encombrer de tels parasites. Je m'occuperais d'eux pour vous. Tenez votre bourse."

En effet, le plus jeune tendait la bourse au vampire, dans laquelle il avait glissé une pierre. Les sous étaient dans la main de Nicolas. Un petit tour de passe passe facile. Ils furent restitués en partie aux adolescents une fois le vampire parti. Lestat ordonna à Nicolas de garder le quart du butin. Sur ce, il fit signe à Nicolas qui reprit l'ombrelle tombée au sol et tourna le dos au autres. Le brun, qui semblait être le chef, le retint.

"Merci. Je m'appelle Hyunso. Qui êtes-vous?"

Lestat se pencha et embrassa le front du gamin.

"Le meilleur prostitué de la ville, petit Hyunso. Souviens-t-en quand tu seras adulte et plein aux as. Et rends moi les sous que tu as cherché à me reprendre. De suite."

La robe:

Spoiler:

Aujourd'hui, premier jour de vacances. Pour la première fois de leur vie. En tout cas de la sienne. Aussi, Ren n'avait-il pas fermé l'œil du voyage, bien que les quatres aient dormi, lui avait toujours le visage collé à la vitre et fixait le paysage avec de grands yeux. Tâchant d'ignorer Klaym en train de jouer aux osselets avec sa pauvre mâchoire, et Han sifflant du nez. Il avait l'habitude, toutes les nuits c'était comme ça alors il ne pourrait jamais les faire changer. C'est Hyunso qui se réveilla le premier, et gratifia les autres du claque derrière le crâne à part le roux. Klaym se frotta les yeux et soupira.

"Pourquoi on va ici déjà ?"

"Parce qu'on a bien travaillé et qu'on le mérite, abruti."

Ah, Han c'était enfin réveillé. Et visiblement du mauvais pieds. Ren restait tout de même perplexe, tout comme leur leader, mais tous deux ne firent pas part de leurs inquiétudes. Ils ne comprenaient pas pourquoi on dépenserait de l'argent en vacances qu'ils avaient durement gagné. Et surtout pourquoi on les avait forcé à mettre de beaux vêtements dignes de Gothik City comme si on allait les présenter à quelqu'un d'important. Pourtant, on leur avait bien dit qu'ils allaient juste en vacances. Donc comme des touristes, donc ils auraient du porter leurs vêtements d'habitude. Cependant le roux ne s'en était pas plaint, il aimait bien son costume. Accordé avec sa tignasse, du marron, du pourpre et des couleurs or. Hyunso aussi était très beau, vêtu dans des tons sombres qui faisaient ressortir ses yeux ambrés. Le rouquin était plus que fier ce point commun avec lui.
Un quart d'heure après leur réveil, la voiture s'arrêta enfin. On déverrouilla les portes et les enfants sortir, le premier réflexe du plus petit fut de porter sa main à sa bouche et de se pincer le nez lorsqu'une odeur abominable agressa son sens olfactif. Klaym le remarqua aussi, avec beaucoup plus de tact.

"Mais ça sent l'mort ici !"

Son crâne rencontra une nouvelle fois la main du plus grand qu'il se massa par la suite en lui lançant un regard sombre. Ebourrifant sa chevelure déjà dans un état désastrophique. L'un des adultes sortit de la voiture, Ren se tordit le cou pour le regarder et grinça des dents. Pourquoi ces hommes ne retiraient-ils jamais leurs lunettes de soleil ? Ca faisait si longtemps qu'il les connaissait qu'il les reconnaitrait au premier coup d'oeil même déguisés en peluche. Leur carrure était si peu commune, l'un était immense et battit comme une armoire à glace, l'autre l'était tout autant mais sec comme un coup de trique. Et sa peau était extrêmement pâle. Il en avait déjà croisé un autre, débordant de graisse et immonde. Une seule de ses cuisses étaient presque aussi grosse que Ren, d'après Klaym. Mais Klaym en rajoutant souvent. Quoi qu'il en soit cet homme était tout bonnement repoussant, et il était bien content qu'il ne soit pas encore arrivé. L'un des hommes s'alluma une cigarette, les regarda et sourit.

"Allez vous dégourdir les jambes et revenez avant vingt heures."

Tous les cinq acquiescèrent et partir en se dispersant. Han et Maek partirent de leur côté. Ren et Klaym restèrent collés à Hyunso.

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Une demi-heure plus tard.

Ren était en admiration devant un étalage de différentes étoffes, soie, velour, tissu... pleins de couleurs différentes, certains avec des perles. Il trouvait ça beau, changeant des vêtements de Modernis. Il ne se rendit même pas compte que ses deux amis étaient partis. Pas avant plusieurs minutes, relevant la tête et les cherchant. Le rouquin commença à paniquer et un homme qui devait bien avoir la quarantaine se pencha vers lui avec un sourire tendre, lui proposant de l'accompagner dans un endroit sûr. Sans réflechir, l'enfant acquiesca et lui prit la main, ils traversèrent plusieurs rues, jusqu'à ce qu'une voix familière attire son attention et qu'il repère Hyunso sans difficulté en train de discuter avec une femme. En tout cas de dos ça avait l'air d'une femme. Et d'une belle femme. Ren alla pour les rejoindre, mais sa main resta accrochée à celle de l'adulte et il lui lança un regard interrogateur.

"Merci monsieur, mes amis sont là-bas."

Sa main serra un peu plus la sienne et il déglutit, tirant sur son bras d'un coup sec et courant pour aller se réfugier dans les bras de Hyunso. Le plus grand l'enlaca avec un regard interrogateur, puis le rouquin reporta son attention sur "la femme". Il haussa un sourcil et s'écarta à peine de son protecteur.

"Vous voulez quoi à Hyunso ?"
"Il veut les sous que Klaym lui a chouré."

Ren se mordit la lèvre, détailla l'autre de la tête aux pieds.

"Vous êtes qui ? Désolé mais vous reverrez pas votre argent."

Là, c'était clair. La première fois qu'il disait ça à quelqu'un qu'ils avaient dépouillé.

Décidément, cet homme était vraiment malpoli, il ne daigna pas lui adresser la parole. Ren s'insurgea, hé bien qu'avait-il ? Était-il sourd ? Il fut incapable de cacher son étonnement lorsque Hyunso lui rendit son argent en le regardant droit dans les yeux. Le roux quant à lui, resta bouche bée, mais ne dit rien. Lorsque le plus grand se ressaisit, il esquissa un sourire gêné et lui referma la bouche avec son index en rigolant, puis lui chuchota que de toute manière ils trouveraient bien mieux à voler. Ren acquiesça d'un hochement de tête. Ignorant les deux adultes qui s'apprêtaient à partir, lorsqu'il vit passer un éclair blond juste derrière celui en robe. Il écarquilla les yeux, se mordit la lèvre en secouant la tête et tira sur la manche de leur protecteur pour lui signifier la présence de l'hyperactif juste derrière. Les deux hommes passèrent à côté d'eux, Ren voulu saisir le bras de Klaym qui l'esquiva avec sa vivacité naturelle et un sourire espiègle étira ses lèvres abimées par un tic nerveux qui ne le quittait jamais. C'était clair, Klaym voulait leur revanche, il ne supportait pas qu'on reprenne l'argent qu'ils avaient durement volé. Aussi, les deux amis ne purent rien faire lorsque les bottes en cuir tachetées de boue après une course folle auparavant entrèrent en contact avec la cheville -et donc la robe- de l'homme qui s'apprêtait à partir. Et la boue, décida de changer aussi de vêtement, pour aller s'étaler sur la jolie robe.

Ren se mordit la lèvre pour tenter de cacher son sourire tant bien que mal. Mais il n'eut plus aucune difficulté lorsque l'Impoli tourna la tête pour les fixer, sa gorge se noua. Et son sang se mit à bouillonner dans ses veines à ses mots, ah oui ? Il croyait vraiment qu'il pourrait frapper son ami comme ça ? Lorsque le dit Nicolas s'approcha et agrippa le blond par le col, il réagit au quart de tour. Se glissant entre eux deux et repoussant brusquement l'homme, ou tout du moins essaya. Car il eut vite fait de se faire dégager et manqua de trébucher, rattraper de justesse par Hyunso qui sauva ses jolis vêtements d'une flaque de boue. Mais Ren n'en avait pas fini comme ça, il se dirigea vers l'Impoli.

"Attendez !"

Après avoir capté son attention, et lorsqu'il daigna enfin lui adressa un coup d'oeil, même Nicolas s'était arrêté dans son élan. Le rouquin se mordit la lèvre et reprit :


"Ne levez pas la main sur lui. Frappez moi à sa place si c'est ce que vous voulez."

Il était hors de question qu'on touche à l'un de ses compagnons. Il préférait encore encaisser à sa place. Lui, était sur d'encaisser, mais il avait toujours tendance à penser qu'eux -à part Hyunso- ne le pourraient pas.