Il avait fait une traversée du désert éprouvante, assoiffé. N'ayant fait aucune réserve de sang à New Esperanza, il ne s'était pourtant pas inquiété puisqu'il lui restait encore une mesure de sang. Normalement. Sauf que la gourde s'était percée depuis la dernière fois où il avait bu. La terre sèche avait absorbé tout le liquide. Le pire étant sans doute qu'il n'avait rien remarqué à l'odorat. Son sens le plus aiguisé lui faisait-il défaut ? Souffrait-il d'une maladie ? Comme la Grande Mort, qui avait éradiqué une part de la population vampirique un an et demi plus tôt. Ulrick, désespéré, affamé, se laissa tomber sur un rocher, la tête entre les mains.

« Quelle galère... »

Il n'avait même pas la force nécessaire pour courir très vite. Il pouvait tout juste marcher normalement. New Esperanza n'était pas loin, il en voyait encore les portes d'ici. Mais retourner en arrière ? Ulrick ouvrit l'un des livres que Break lui avait imposés. Les lois de New Esperanza.
Après une courte lecture, Ulrick trouva ce qu'il cherchait. La ville effectuait des dons de sang. Il était interdit aux vampires d'agresser les humains. Trop compliqué. Il devrait demander à Break la permission et son coeur était encore serré par sa conversation avec sa fille. Urielle avait confirmé ce qu'il savait et même amplifié ses craintes : Gabriel était sous la domination de démon prenommé Loki. La princesse avait, volontairement ou non, tût les détails de cette domination, de toute évidence basée sur la magie démoniaque. Etait-ce si affreux ? Ulrick laissa le livre ouvert en équilibre sur ses genoux et serra ses mains l'une contre l'autre, ses doigts entrelacés. Il sentit ses os craquer mais il ne faiblit pas. Il devait à tout prix libérer le père de ses enfants.

Trois heures plus tard... Les portes de Modernis State.
Restait à rentrer. Ulrick était si faible qu'il s'adossa au mur d'enceinte, à plusieurs mètres des portes. Il avait voyagé de nuit, mais le soleil commençait à poindre dans le ciel coloré. Ulrick recouvrit son visage de son écharpe et alors qu'il terminait cela, il entendit une voix inquiète :

« Qui est là ? Grouillez-vous de vous bouger le cul ! »

Ulrick ne comprit vraiment que la première question, l'autre étant composée de telle sorte que le sens lui était étranger. Il se décolla de la pierre et s'avança vers la lampe-torche qui trouait l'obscurité faiblissante.

« Je suis ici, » signala-t-il, non sans faire montre de fatigue dans le ton.

Le garde s'approcha , prudent. Ulrick leva les mains en l'air, montrant qu'il ne servirait pas de son épée. Et cette fois, il ne pouvait même pas bluffer, car il n'avait pas l'énergie nécessaire pour dégainer à une vitesse surhumaine. Quand il ne fut plus qu'à deux pas de l'homme, il s'éteignit.

Ulrick se réveilla en plein jour. Il le savait bien que la pièce où il avait été déposé ne disposait d'aucune fenêtre. Il était toujours affaibli par le manque de nourriture, en plus il ressentait le malaise que provoquait chez lui le soleil. D'autant plus que l'autre était particulièrement puissant à Modernis State. Au moins, il était certain d'être au sein de la ville du milieu.
Le prince se redressa sur sa couche, des plus simples, qui expliquait certainement son réveil rapide. A moins qu'il ait dormi plusieurs jours. En tout cas, il semblait être dans une cellule, plus propre que les prisons de Gothik City. Ulrick s'obligea à se lever et se rendit à la porte, qu'il tenta d'ouvrir. Sans succès. Alors, il retourna se coucher, sans même avoir vérifié la présence de son épée.

Le Milicien pénétra dans le couloir, une lumière bleutée, diffusé par un néon, éclairait faiblement les portes des cellule. L'endroit était désert, seule une des pièces étaient actuellement occupée. Eels s'approcha d'un pas régulier, sans se pressé, mais sans empressement non plus.

Son visage serein exprimait un léger contentement, visible uniquement par le petit sourire qui semblait accroché au coin de ses lèvres. La raison en était simple, il se félicitait, non pas de sa chance, car il ne croyait pas aux fruits du hasard, mais plutôt de sa perspicacité et à la vigilance des équipes qui étaient placé aux porte de la ville.
Oh, bien sure, il n'était pas sourds à ce qui se disait. Certaines mauvaise langues laissaient entendre que les gardes de la Porte se laissaient acheter, ou que certaines équipes passaient plus de temps à boire.
Mais, Eels n'était pas de ceux qui se laissait allez au désespoir. Il avait ce que certains appelait la "fois" et que lui même aurait appelé un esprit consciencieux et pratique.

Mais soit.

C'était le matin même qu'il avait fait sa dernière acquisition. Ce qu'ils avaient d'abord pris pour un Traders, un rien affaiblis avait finis par se dévoiler être un vampire dangereusement armé, mais tout a fait inoffensif, ou plus exactement, incapable de causer le moindre mal, du moins, tant qu'il était dans cet état.
Et quoi de mieux pour la sécurité de ce vampire que de se retrouver derrière les barreaux ?

Le jeune Von el Adalian, seul descendant de l'ex-gouverneur de Modernis jeta un coup d'œil dans la cellule, son occupant était évidemment toujours là, semblant l'attendre.
Le Milicien n'hésita pas un instant et ouvrit la porte. Le code ? Il n'avait plus besoin d'y penser pour que ses doigts experts le tape. Évidemment, ici tout était informatisé, on était pas à Cyber, mais tout de même.

Son léger sourire n'avait quitté ses lèvres et après avoir regardé le vampire de haut en bas, il pris la parole d'un air détendu et aimable, comme si il s'agissait là d'une discutions amicale pris au coin d'un bar - même si Eels n'avait rien d'un habitué du comptoir.

Il passa les fadaises, dans le style "j'espère que vous vous sentez mieux " Il se fichait, presque, éperdument de la réponse et il n'était pas ignorant au point de savoir qu'un vampire qui s'évanouissait devait forcément avoir un petit creux, sans parler du petit coup de soleil et du teste simple, mais efficace. Si la pâleur corporel ne suffisait pas, si la température corporel vous fait craindre l'éfficacité de votre thermomètre...Il ne suffisait plus qu'à découper un petit bout de vampire afin de vérifier son ADN et...sa cicatrisation..

- Je me nomme Eels, c'est moi qui vous ai récupéré à l'entrée de Modernis.

Le, dit, Milicien attrapa une pochette de sang dans la poche de sa veste - veste qui dissimulait plus ou moins deux révolvers [ accessoirement vide ] - et la lança au vampire.

- D'après ce que je sais, il n'est pas très goutu, mais nutritif.

L'humain avait une certaine réticence, quasi naturel, envers les vampire, néanmoins, il le dissimulait de manière polie et prenait même un air presque...non, pas amicale...mais diplomate.

- J'aurai quelques questions a vous poser et peut être pourrais-je vous venir en aide. Vous savez que la présence de vampires à Modernis est prohibé. Heureusement pour vous, je me porte garant du fait que vous n'ayez tuer le moindre humain entre nos murs.

« Je vous remercie de votre hospitalité. Elle me va droit au cœur."

Jusqu'a ces mots, Eels s'était déjà quelques peut étonné de la façon d'agir du vampire, le trouvant étrangement civilisé, ce qui n'était le cas de la plupart des parasites. Des être sanguinaires dont le cerveau semblait uniquement programmé pour déchiqueter la chair humaine afin d'en retirer le sang. Et encore, ils le faisaient sans aucun savoir faire, semblant prendre plus de plaisir à répandre le sang de leur victime qu'a le boire réellement. C'était des créature immonde qui au lieu de devenir plus sage avec les années ne devenaient que plus perfide.

Mais cette créature ci semblait d'une lignée différente, peut être que, comme chez les canidés, les chiens de race avait des gênes plus pure qui les faisaient paraître plus domesticable. Mais il ne fallait se laisser tromper, tout animal de race et ce quel qu'il soit, mis quelques jours à la chaine et un peut affamé se serait jeté sur un morceau de viande. Même si ce morceaux de viande s'avérait être le petit voisin au cheveux roux et à la mine parfaitement adorable, le genre de morceaux dont on ne ferait qu'une bouchée.

En gros, soit ce vampire était d'une politesse exemplaire ce qui était louche en soit. Soit il était encore plus perfide que les autres et il valait mieux s'en méfier. Les beaux principes de sauvegardes, du paternel ex-gouverneur de Modernis était bien présent à l'esprit du Milicien, même si un vampire du nom de Griméus Lapluie avait, dernièrement, eu une certaine tendance, involontaire, à fissurer ces même principes. De la même manière qu'on fissure un édifice dont les bases on étées montées sur un sol encore mouvant. Comme quoi, construire des édifices demande d'abords une bonne stabilité de l'assise.

" Et puisque vous tenez vraiment à m'aidez... Ce dont je sais gré d'ailleurs. J'aimerai beaucoup que vous m'indiquiez la crêperie de Gabriel Morrow. »

Les yeux sombre du Milicien s'agrandirent quelques peux de surprise. Ho certes, il avait l'habitude de dissimuler avantageusement ses pensée, mais dans ce cas si...La demande était si...osée, qu'il avait bien du mal a ne pas s'exclamer, ce qui n'était nullement son genre. Un autre se serait pris un fou rire, mais lui ne faisait que hausser les sourcils.

« Ah et il me faudrait aussi mon épée. J'en ai grand besoin. »

Là le Milicien ne pus retenir le coin de sa lèvre qui s'accorda un léger sourire. Moqueur ? Non, peut être pas tout à fait. Mais le genre de sourire qu'on accorde à une personne qui prend ses désirs pour des réalités ou...aux fous qui se prennent pour dieu et on encore bien la sottise de vous le dire. Celles qui sont réellement convaincue de ce qu'elles disent, le genre de spécimen rare que pour une étrange raison, vous plaigniez quelques peut tout en les jalousant car , elles, elles croient réellement en leur super pouvoir et même si elles n'en possèdent pas le moindre, ce petit éclat de croyance est une chose dont vous êtes absolument et irrémédiablement privé.

Le Milicien se ressaisi dans un petit toussotement des plus discrets avant de prendre la parole d'un ton raisonné qu'il employait parfois lors de quelques explication face à un groupe particulièrement incompétent et stupide. Mais même dans ces moment difficile ou le risque était présent et ou les coups risquait de pleuvoir. Ace moment critique ou votre vie n'est suspendu qu'a un fil....Le fils du gouverneur gardait un regard indifférent, voire détacher, une voix calme, un ton académique et un quelques choses de respectueux, même si il en avait la plus part du temps rien a foute de votre personne.

- J'ai bien entendu vos requêtes, monsieur...?

Il pris un air songeur, qui n'avait rien de théâtrale.

- Gabriel Morrow, ce nom ne m'est pas inconnu. Oui, je me souviens, il à rempli une fiche d'identification il y a de cela quelques semaines.

Eels aurait eu du mal a ne pas l'oublier, il avait tiré de cette lecture que Mr Morrox devait être soit très atteint du cerveau soit qu'il ne devais contenir grand chose comme jugeote, mais après tout, c'était un vampire. Dans le cas contraire, il aurait peut être fallut l'interner. Comme quoi, le traitement des vampire était plus rapide et moins couteux. Une balle et un coup de lame et le tour était joué.

- C'est bien un vampire, lui aussi ? Je dois pouvoir retrouver son adresse. C'est un ami peut être ?

Eels pris un de ses air intéressé, mais évidemment, intéressé pour le plus grand bien.

Voyez vous, Gabriel à quelques ennuis et tout information à son sujet pourrait lui épargner ces ennuis

Von el Adalian était toujours persuadé que ce Gabriel était à l'origine d'un complot, mais il ne manquait de matière pour le faire arrêter et ce dans les plus brefs délais. Jusque maintenant le vampire était passé entre les mailles du filets, mais ça n'allait pas durer. Ce Morrow avait eu l'audace d'ouvrir un commerce en plein centre ville. Il fallait vraiment être stupide pour faire une tel chose, ou très très très audacieux. Il ne savait encore à laquelle des deux familles se référait ce vampire.
Ce qui était certain, c'est qu'il était également recherché par HOP qui avait envoyé son signalement à la Milice de Modernis.

Le vampire n'eut pas le courage de lui dévoiler son nom, mais après tout cela n'avait rien d'étonnant. Demander l'identité d'un vampire revenait la plus part du temps à la même chose que de s'adresser à un mur, sauf que les murs était moins inventif en matière de mensonge.
Mais bon, Eels s'attendait à être déçus donc il accepta le surnom de "Prince" avec un soupir qui pouvait très bien passé pour une résiliation polie. Et c'était bien le cas.

Puis le vampire avait une façon de faire passé les choses avec une certaine politesse. Le jeune Von el Adalian aurait presque dit, un désespoir poli. Car la façon de s'exprimer de la créature avait quelques chose de désespérer. Mais un désespoir qui semblait être accepté et inconsciemment, le Milicien acceptait également les réponse quelques peut sommaire et incomplete qui lui parvenait aux oreilles.

« Oui da. Un vampire et... Un ami en quelque sorte. Il le fut. Si vous pouviez me donner son adresse, je vous serais éternellement reconnaissant. »

Le cadet du Gouverneur défunt, fronça légèrement les sourcils, c'était la deuxième fois que le vampire "implorait"une requête et ce en un laps de temps particulièrement court, du moins dans la situation actuelle. Situation qui aurait voulu que ce vampire se sente un rien plus en danger et un tout petit peux moins dans ses droits. En gros, il aurait mieux fait de le supplier de lui épargner la torture, il aurait du plus tôt du espérer une mort rapide, il aurait dus lui révéler tout les secrets et les manigances qu'il avait contre le peuple des humains et il aurait dus tenter de faire du Milicien indulgent que Von el semblait être un précieux ami ou du moins contacte privilégié en lui révélant tout ce que ce dernier désirait savoir. Pourquoi donc les vampires devaient soit être trop fière pour dévoiler quoi que ce soit, soit trop têtu et stupide ou encore... Découverte récente, devait montrer un courage qui avait presque tout avoir avec la bêtise. La traitrise était-elle à ce point honteuse que pour en perdre la vie ?

Le cadet Von el avait bien réfléchis à ça et au cas "Grim". Il en avait eu tout le loisir durant ses nuit d'insomnie, étrangement, le vampire ne le quittait pas, c'était comme une malédiction. Grim était certainement le cas le pire qu'il avait pus entrevoir de sa vie. Cet imbécile préférait se voire dépérir de jour en jour et encore bien à petit feu. Se voire torturer, se voire humilier, perdre presque de manière doucereuse et délicate se qu'il devait encore posséder d'amour propre. Et ça pourquoi ? Pour ne pas avoir pris la décision de divulguer quelques informations.
Eels se demandait sincèrement si ça valait la peine de souffrir a ce point pour ses idéaux. Les autres valait il la peine qu'on meure pour eux. Le jeune homme en doutait sincèrement.
Et pourtant, pourtant il avait dus se rendre compte avec un certain dégout qu'il avait une certaine admiration pour ce vampire.

Après sa tentative d'en savoir plus sur Gabriel, le vampire lui joua le grand jeux. Ho, non, il ne pouvait pas nier, ce vampire avait quelques chose de fascinant. Certes, tout vampire avait un certains charisme, une séduction plus que palpable qui avait la plus part du temps un effet assez contraire sur le jeune homme qui trouvait cela plus que répugnant.

Il s'était attendu à ce que tôt ou tard ce vampire se lève et lui fasse un numéros de Don Juan auquel, dans tel cas, il aurait répondu en lui crachant des mots tout aussi doucereux aux visages, sans pouvoir dissimuler un dégout aussi palpable que la balle qu'il aurait adoré lui tirer dans un endroit bien précis.

Mais il ne s'était attendu à ce que le vampire aie cette prestance. Ce "Prince" qui qu'il fut avait quelques chose qui ne pouvait échapper à Eels. Ce petit quelques chose qui vous donnait envie de suivre un individu, parce inexplicablement, vous sentez qu'il doit en être ainsi. Ça parole vous convaincs, son regard semble vous dicter la vérité et le suivre semble vous enivrez d'une liberté et d'un espoir nouveau. Vous vous sentez enfin vivant car vous sentez que le devoir qui vous incombe est à présent le bon, celui qui vous conduira vers un future meilleurs.
Oui, le "Prince" éveillait tout cela en Eels, il avait devant lui un meneur charismatique et à la fois investit d'une tâche désespérer mais suffisamment noble pour se bruler les ailes dans sa réalisation.

« Je sais qu'il a des ennuis. Des ennuis dont je dois le débarrasser. Et moi seul peut le faire. Je ne vous donnerai aucune information, cela ne ferai qu'entrainer des morts. Pour le bien de tous, rendez-moi mon épée. C'est la meilleure chose que vous puissiez faire. »

Les paroles prononcées étaient presque de trop, elles passèrent distraitement dans l'esprit du jeune homme, qui recula avec quelques seconde de retard.

Reculer, que faire de plus, s'éloigner de ce visage qui était bien trop prêt du sien. Reprendre ses esprits, respirez, se pincez le revers de la main en grimaçant plus que nécessaire.
Le regard du jeune homme quitta les yeux envoutant du "Prince" pour fixer sa main récemment meurtrie. Ses pauvres doigts ne se remettaient que trop lentement, à son gout, du fracassage auquel ils avaient eu droits, la violence de certain lui restait étrangement en travers de la gorge.

Eels se passa une main dans les cheveux, son expression n'était pas difficile à déchiffrez, il était torturer, mais prenait soin de ne plus croiser le regard du vampire, un peut trop séducteur à son gout.

- Savez-vous ce que vous me demandez là ?

Il cracha ces mots avec une certaine colère, mais elles ne demandaient aucune réponse et d'ailleurs, il n'en voulait certainement pas.

Von el Adalian semblait avoir pris une décision car il tourna subitement les talons, sa main se posa sur la porte...

- Attendez une demi-heure. Sortez par la porte au fond du couloir à gauche, elle sera ouverte. Une moto sera garer devant, votre épée sera là aussi, ainsi que l'adresse de votre ami. Faites attention à la moto.

Eels ouvrit la porte de la cellule et sortit, la laissant ouverte.

- Et arrangez vous pour que nos chemin ne doivent plus se croiser.

Le Milicien ne semblait pas le plus heureux des hommes. Mais si il avait dus discourir avec lui-même il aurait été d'accord avec ses pensées, il ne voulait d'un deuxième Grim.

[ Choupinette à intérêt à être épargnée car si non...Même si Eels doit en venir à hanter un fantôme...il n'hésitera pas ]

Ulrick savait que tout ça ne mènerait pas à ce qu'il espérait. Compter sur le discernement d'un humain, c'était presque suicidaire. Certainement pathétique. Désespéré. Comme lui. Finalement, sa requête était plutôt adaptée à sa situation, il ne fallait pas se plaindre.

Non, il ignorait totalement la portée de ce qu'il demandait à ce jeune humain. Car il ne savait pas quelle place il occupait dans la société de Modernis State, ou même qu'elle était la situation politique actuelle de la ville d'une manière précise. Il ne répondit pas, se contenta d'être obstiné, de ne pas fléchir. Son regard clair était toujours planté dans celui de son vis à vis. Il ne respirait pas, ne bougeait pas un muscle. Il semblait que même un cyclone n'aurait pût faire frémir un seul de ses cheveux châtain foncé.

A cet instant, il doutait profondément de la réussite de son entreprise. Personne ne serait assez stupide pour accepter, n'est ce pas ? Enfin... Il fallait être soit très stupide, soit très intelligent, pour comprendre qu'il disait la vérité. L'importance de sa quête dépassait la sphère de la guerre qui ravageait Modernis State. Ou plutôt, ce n'était pas le même monde. Comme deux histoires imbriquées bien malgré elles dans le même univers. Et il ne fallait pas que les protagonistes d'une de ces histoires entravent les mouvements des héros de l'autre, car cela deviendrait catastrophique pour ces derniers. Voilà comment Ulrick ressentait les choses. Depuis un an, son monde se limitait à sa quête. Depuis un an, il n'existait plus socialement. Depuis un an, il était un agent du Destin, sans aucune volonté propre. A ce qui lui semblait. Pour preuve : ça faisait un an qu'il n'avait pas touché une femme. Ceinture.

Le jeune homme se détourna alors, se dirigeant vers la sortie. Ulrick se détendit. Bien entendu qu'il ne l'avait pas convaincu. Il jeta un coup d'œil à la poche de sang. Si seulement il avait bu, il aurait pût le rattraper et... Il n'en crût pas ses oreilles. Des instructions ? Il acceptait ? Le vampire le fixait avec un étonnement mêlé de respect. Son cœur se gonfla de reconnaissance. Oui. Merci. Un mot qu'il avait au bord des lèvres, mais qu'il n'articula même pas. Il lui semblait que parler briserait cet espoir. Comme une fragile bulle de savon.

La porte se referma et Ulrick rejoignit sa couche, sur laquelle il se laissa tomber. Les humains. Il avait eut maintes occasions de constater leurs défauts. Et maintes occasions de constater leurs qualités. Certains valaient la peine d'être connus, choyés. Dire qu'il s'en faisait la réflexion uniquement post mortem. Oui, il aurait peut être dû ouvrir les yeux avant. Ne pas seulement considérer Gabriel comme un humain exceptionnel digne d'intérêt. Peut être qu'au fond, parmi ce garde manger bestial, il y avait des perles. Des perles qu'il fallait préserver.

Une demi heure plus tard, la poche de sang était vide, gisante sur le sol. Effectivement, le liquide ne sentait rien. Ulrick se sentait fort. Il ouvrit la porte, sans avoir besoin de forcer le mécanisme, et s'engagea prudemment dans le couloir. Personne. Il referma derrière lui et prit la direction que lui avait indiqué l'humain. Lui avait il dit son nom ? Il ne s'en souvenait plus. Il n'avait jamais eu la mémoire des noms.

Parvenus dehors au prix de beaucoup de prudence et de temps, le Prince trouva son épée, qu'il ceint à sa taille avec une grande joie. A côté, la moto promise. Ulrick lui jeta un coup d'œil curieux, puis s'en détourna. Il ignorait totalement comment ne serait ce qu'allumer cette chose. Il préférait de toute façon filer sous la nuit, son manteau étoilé, au sommet des toits de cette ville. Il devrait scruter chaque plaque de rue pour trouver l'adresse de Gabriel, de Loki. Mais il parviendrait à son but. Il existait pour cet unique but.


C'était ici. La crêperie. Le nom ne pouvait laisser de confusion. Chez Gaby. Ulrick ne prit pas la peine de consulter la carte et força la porte. Pas de temps à perdre. Il devait faire face à son démon. Le vampire se mit à fouiller les lieux. Aucune odeur suspecte ne parvenait à ses narines. Loki. Il sentait la rage faire bouillir son sang dans ses veines. Sa main tenait plus fermement que jamais la poignée de son épée, dont la lame brillait et chantait dans le noir, levée comme un compagnon alerte en quête du danger.

*Loki. Tu vas mourir cette nuit.*

Pas un bruit. Pas une odeur. Ulrick avançait à pas lents, prudents, épiant chaque recoin d'ombre. Il avait peur. Et s'attendait à tout instant à faire face à Loki, ou alors à subir l'un de ses redoutables coups par derrière. Il s'agissait d'un démon après tout. Le Prince tenait à présent son épée à deux mains, fermement. A chaque fois qu'il faisait un mouvement brusque sur le côté pour vérifier qu'aucun ennemi ne l'attendait dans un recoin, la lame émettait une note claire et douce, agréable à l'oreille, bien qu'audible seulement pour les gens proches d'elle. Les vampires. Les humains n'en percevaient jamais qu'un son lointain, quand ils arrivaient à entendre quelque chose.

Ulrick fouilla tout le rez de chaussée sans rien trouver d'autre que de la farine et un escalier, qu'il décida de gravir. Les marches ne grincèrent pas sous son poids léger, ou alors elles étaient solides. Il ne sentait toujours rien. Personne ? Il devait pourtant tout fouiller, il ne pouvait pas admettre qu'il était là pour rien. Et puis, il croyait au Destin. Oui, le Destin l'avait mené là pour une raison précise.
Soudain, une porte s'ouvrit. Il se plaqua contre le mur avant que la personne n'en sorte, puis osa glisser un coup d'œil à l'angle. Il fronça les sourcils alors que la personne refermait la porte. Elle avait des cheveux blancs. Ulrick déglutit. Non, impossible. Et pourtant, lorsqu'il se retourna, le vampire ne put que reconnaitre Gabriel. Il abaissa son arme et se montra, s'approchant. Son visage exprimait ses questions muettes. Comment ? Pourquoi ? Mais est ce que ça avait de l'importance de savoir pourquoi Loki autorisait Gabriel a vaquer à ses occupations sans chien de garde ? Non. Le démon était sans doute trop puissant pour que son prisonnier puisse s'échapper.

"Gabriel !" chuchota-t-il en posant l'index sur ses lèvres. "C'est moi, Ulrick. Chuuut. Ne dis rien. Viens avec moi."

Il saisit son bras et l'attira avec lui vers l'escalier. Il reviendrait pour Loki, mais il devait d'abord mettre Gabriel à l'abri.

Que faisait-il là ? Dans cette ville à moitié dépravée, qui voulait autant de sa présence qu'une limace voulait de celle de sel ? Ses fils étaient occupés ailleurs, sûrement avec une de leurs multiples conquêtes pour leur jeu ridicule. Quant à lui, eh bien il s'était décidé à rendre visite à la branche incestueuse de la famille, ne serait-ce que pour savoir si le couple immoral pourrait prétendre au trône de Gothik City. A en croire leur jeune fille, qu'il avait rencontrée en l'absence des parents, ils n'en avait nulle intention. Mais une enfant si jeune pouvait-elle réellement connaître tout des plus sombres pensées de ses parents ? Quant à son frère, il n'avait fait que porter sur elle un regard d'envie et d’appétit significatif de l'influence mentale d'Elijah et Lucie, sans prononcer un mot et sans même daigner accorder le moindre soupçon d'attention à son grand-oncle. Qu'importe, les enfants ne lui seraient en rien utiles à savoir. Il lui fallait les parents. Laissant la jeune vampire entre les griffes de son demi-frère, Wilfried était parti en quête de son neveu... C'est cependant un autre qu'il trouva....

Quelle surprise, quelle étrange coïncidence ! Ses pas claquant sur la route bétonnée croisèrent ceux, plus silencieux, d'un vampire pratiquement enfantin comparé à lui... Mais qui, comme lui, n'était aux yeux des autres qu'une chimère, un fantôme revenu de la tombe pour une obscure raison... qu'il ne demandait qu'à éclaircir. Alors, remettant tranquillement sa veste en place, l'homme entreprit de suivre les traces d'Ulrick, puisque c'était bien de lui qu'il s'agissait. Il resta à l'extérieur du bâtiment, passant sa tête par une fenêtre pour observer silencieusement la scène. Une scène de ménage ? Sûrement pas... L'oreille de Wilfried accrocha un mot, ou plutôt un nom. "Loki"... Ce fameux Loki, démon des livres de l'histoire familiale. Le jeune homme que son neveu tentait de "sauver" était donc un Morrow, par déduction logique. Et donc ce Loki qu'Ulrick prétendait vouloir tuer. Tuer un adversaire dont on ignore la nature ? Folie...

Le vampire s'assit tranquillement sur le rebord de la fenêtre, laissant tomber ses jambes à l'éintérieur de la pièce, observant les deux hommes à tour de rôle, avant de porter son regard de glace sur le jeune Morrow, ce "Gabriel". Un petit sourire s'afficha sur les lèvres encore tâchées d'un sang inconnu, qui ne se remarquait que très peu. Il ferma un instant les yeux, humidifiant ses lèvres d'un simple coup de langue qui effaça le liquide vermeille. Et avant que le petit vampire ne monte les escaliers, la voix calme de Wilfried s'éleva.

-C'est bien simple. Ce Loki, c'est toi. C'est le démon qui a pris ton corps, c'est l'esprit qui t'a donné de nouveaux pouvoirs, c'est celui qui a détruit ta relation avec les êtres chers qui t'entouraient... C'est cette force étrange que tu sens autour de toi et qui te rend plus sûr, plus serein, plus néfaste. Tu n'es plus qu'une regrettable abomination.

Faire des études d'histoire toute la durée de son enfance, on a beau dire, c'était suffisamment utile pour faire taire les jérémiades inutiles de l'un comme de l'autre. Il replaça une étrange mèche rebelle aux abords de son oreille et se laissa glisser totalement dans la pièce, toisant les deux autres vampires sans rouvrir la bouche...

Gabriel se mit à hurler parler. Beaucoup. Et la moitié ne fut pas comprise par Ulrick. Ainsi, son Gabriel avait été infesté par ces rustres de Modernis. Son langage était de ceux qu'il n'aimait pas, car par trop vulgaires. Les humains sous estimaient tellement la force de la politesse. Voilà pourquoi ils étaient si belliqueux. Pourquoi il y avait eu la guerre. C'étaient là les convictions du Prince, qui déplora tellement entendre ces mots sortir de la bouche du blond vampire. Il en aurait presque pleuré, s'il n'avait une affaire d'une importance si haute à régler. Néanmoins, sa gorge se serra. Gabriel... Etait comme eux.

S'il y a bien une chose qu'il comprit cependant, ce fut que Gabriel n'avait jamais entendu parler de Loki. Mais comment était ce possible ? Ce serait il... fourvoyé ? Alors c'était vrai. Tous ces signes, toutes ces recommandations, on l'avait tellement pressé... Pour mieux le tromper ? Il n'y avait donc jamais eu de Loki. Il avait couru après une chimère ? Alors que Gabriel lui tournait le dos, pour monter les marches d'un pas furieux, Ulrick se laissa basculer contre une table, fourbu, désespéré. Mais avec quelque chose en moins. Un but. Que faire maintenant ? Il posa les yeux sur sa lame. Elle ne chantait plus, comme si elle aussi s'était rendu compte de leur bêtise commune. Qu'elle aussi se rendait compte qu'elle ne servait à rien en ce monde et qu'il valait donc mieux qu'elle se joigne à son silence. Le vampire versa une larme unique, qui glissa le long de sa joue, prit son élan au bord de sa mâchoire, hésitante, avant de se jeter dans le vide. L'eau s'écrasa sur le métal, qui émit une légère mélodie en résonance de l'impact. La poigne d'Ulrick se raffermit sous sa garde. Il leva l'épée. Décidé à en finir.

-C'est bien simple. Ce Loki, c'est toi. C'est le démon qui a pris ton corps, c'est l'esprit qui t'a donné de nouveaux
pouvoirs, c'est celui qui a détruit ta relation avec les êtres chers qui t'entouraient... C'est cette force étrange que tu sens autour de toi et qui te rend plus sûr, plus serein, plus néfaste. Tu n'es plus qu'une regrettable abomination.

Ulrick sursauta, faisant volte face. Sur l'appui de fenêtre un homme. Le vampire fronça les sourcils. Il ne l'avait pas senti. Pourquoi ? Oh, c'était si simple. Il était de son sang.

"Mon oncle, c'est bien vous ? Oncle Wilfried ! Mais nous vous croyions tous..."

Il préféra se taire à ce moment, car cela aurait été un tantinet hypocrite. Ulrick mit l'épée au fourreau et se précipita sur son oncle, qui se tenait à présent debout. Le Prince se sentait plus heureux. La présence de Wil' était rassurante. Il l'enlaça, dans une étreinte qui se voulait virile d'aspect, mais l'étau de ses bras était un peu trop chaleureux et puissant. Ulrick recula de deux pas et posa la paume de sa main sur le pommeau de son arme. Après avoir étudié, content, la présence nouvelle et bienvenue, il tourna la tête vers Gabriel.

"Gabriel, je te présente mon oncle paternel, Wilfried von Dast. Il..."

A dire vrai, il ne pouvait émettre de jugement sur Wil'. Il ne le connaissait que trop peu. Il termina donc sa phrase par une petite pirouette.

"... y avait bien longtemps que je ne l'avais vu."

Ulrick n'avait cependant pas oublié les paroles du frère d'Emilien. A propos de Loki. Aussi, lorsque les politesses d'usage furent dites, il enchaina sur un ton plus inquiet.

"Vous avez dit, mon oncle, que Loki possédait le corps de Gabriel ?"

Ulrick porta un regard inquiété sur le jeune vampire. Aucune marque distinctive. Sauf peut être... Mais il y avait trop longtemps qu'ils s'étaient quittés et il faisait noir, voilà pourquoi ça ne l'avait pas frappé d'abord. Mais ses cheveux étaient un peu plus sombres. Enfin, ce qui le dérangeait, maintenant qu'il y prêtait plus d'attention, c'était les iris de son ex amant. Trop pâles. Ils étaient blancs. Le vampire tira à nouveau son arme hors du fourreau, pourtant il n'avait pas l'intention de s'en servir. Quelque chose, l'instinct, ou une force supérieure, lui avait commandé de le faire.

"Oncle Wilfried, y a-t-il un moyen pour que... ?"

L'exorciser. Pas besoin de demander s'il y avait besoin. L'épée allait répondre d'elle même. La lame se mit à scintiller, une aura brumeuse et virginale la saisit. Cette enveloppe fumeuse s'élargit, jusqu'à former un visage au dessus de l'épée. Jamais elle n'avait agit de la sorte. Ulrick était donc au moins tout aussi surpris que les deux autres, si surprise il y avait, car ses prunelles écarquillées ne pouvaient se détacher du phénomène.
Comme si cela ne suffisait pas, le vampire se brûla la main. La lame semblait chauffée à blanc, la poignée atteignait un degré phénoménal. Sa peau fumait, grésillait, mais il était incapable de lâcher l'épée. Il ne tremblait pas non plus. Une force magique liait sa poigne à l'arme.

{ Il faut exorciser le démon. Son esprit sera aspirée par l'épée. Et tu pourras le tuer. }

Ulrick reconnaissait la voix, mais aussi les traits, bien qu'indistincts. Friedrich von Dast. Friedrich Ier. Son ancêtre.

"Comment ?" clama Ulrick en serrant les dents tellement la douleur à sa main était puissante.

{ Je te le dirais quand le moment sera venu. D'abord, vous devez exorciser le démon. Je le retiendrais dans l'épée. Allez y, je vous regarde. }

Ulrick aurait préféré qu'il s'en aille le temps de l'opération. Ses joues étaient inondées de larmes, sa main droite se fonçait de plus en plus. Pourquoi donc avait il fait la bêtise de ne pas mettre ses gants ? Le Prince porta un regard plein d'espoir sur son oncle. Lui ignorait totalement comment exorciser un démon. Peut être même qu'Elijah n'aurait pas pût l'aider. Mais Wilfried ? Il semblait connaître certaines choses sur Loki. Y parviendrait il ? Avant que lui même ne tombe en cendres.