Sven était dans un était apocalyptique. Il venait de passer trois nuits consécutives dans sa voiture, puisqu’il avait oublié que l’argent de cyber n’avait aucune valeur à Modernis. De plus sa réserve de tacos était presque épuisée et il n’aurait bientôt plus rien à manger.
Pour tenter d’oublier cette désastreuse situation, Sven s’était saoulé avec une rare application (grâce à la règle du baroudeur N°1: Toujours avoir de l’alcool avec soi). Il avait désormais une mémorable gueule de bois et venait de vomir tripes et boyaux dans le caniveaux. L’estomac sur le bord des lèvres, Sven décida qu’une petite ballade à l’air frais lui ferait le plus grand bien. Il déambula bientôt dans les rues de Modernis à la recherche d’une quelconque occupation. Cette ville lui paraissait chiante à mourir, ce qui finit de le convaincre qu'avec la milice on ne devait pas s'amuser tous les jours! Mais de fil en aiguille, il finit par arriver devant le centre commercial. Attiré par l’agitation qui y régnait, Sven décida de pénétrer dans l’énorme bâtiment.
Modernis lui rappelait un peu Cyber, mais avec un siècle de retard. De plus les gens ici avaient tous l’air tellement gentils que s’en était presque risible. Quoi qu’il en soit Modernis était désormais son nouveau refuge. Il allait devoir s’adapter, et surtout trouver un endroit ou refourguer sa cam. En parlant de ça, Sven remarqua que ses mains tremblaient, agitées par des spasmes nerveux incontrôlables. C’était bien sa veine. Le jeune homme gagna le banc le plus proche et sortit de sa poche une petite boite métallique. Avec bien des peines, il réussit à l’ouvrir et à en sortir une petite pilule rose pâle. Les roses pâles étaient les médicament dont Sven ne pouvait pas se passer: celles qui atténuaient son pouvoir, celles dont le manques provoquaient chez lui des réactions imprévisibles.
Une fois la pilule avalée, les mains de Sven sortirent de leur danse folle. Alors seulement le jeune homme se rendit compte qu’il venait de s’arrêter devant la boutique d’un marchand de glace. À la vue de toutes ces gourmandises à l’arôme délicat, son estomac se tordit. IL LUI FALLAIT DU POGNON NOM D’UN CHIEN!
Sven regarda autour de lui et remarqua que les mères de famille détournaient prudemment leurs enfants de lui. Est-ce qu'il était en si mauvais état que ça? Merde, il avait pourtant fait attention à ce que ses vêtements ( un pull de coton noir informe et un jean slim au bleu éliminé) ne soient pas troué! Quoi qu'il en soit, son regard se posa finalement sur un jeune homme dont la couleur de cheveux, un bleu ravissant, lui plut tout de suite. Enfin quelqu’un qui avait l’air normal! Guidé par une attraction quasi-instantanée, Sven se leva et se dirigea vers le garçon, se remémorant rapidement les quelques formules de politesses qu’il connaissait. Avec un sourire resplendissant (autant que possible pour un Sven sale qui pue l’alcool), il demanda:

« Excusez moi jeune homme, savez-vous si il existe dans cette ville un endroit ou on peut échanger sa monnaie? C’est que je viens d’arriver, et j’ai quelques soucis au niveau euh… Budgétaire. »

Comme en écho à ses paroles, son estomac se mit à gronder tellement fort qu'il était impossible que cheveux bleu ne l'ai pas entendu.

Le petit bleu le regarda d’abord avec méfiance (il devait décidément avoir une sale tête aujourd’hui), puis lui demanda combien il voulait. Un échange? Intéressant. Surtout qu’il disait avoir des contacts à Cyber. Des gens qu’il connaissait? Sven en doutait, mais le hasard faisait parfois bien les choses. Même si le gosse avait l’air gentil et mignon tout plein (comme quoi il faut pas se fier aux apparences, ma maman me l‘avait bien dit), il pourrait peut-être se révéler utile. En tout cas le jeune homme avait immédiatement déduit d’où il venait. En même temps il avait pas vraiment l’allure Gothik…
Quoi qu’il en soit au moment ou Sven allait lui répondre quelque chose du genre «de quoi me payer une douche et une bière », une meute de filles affamée se jeta sur eux. Son nouvel ami pris illico la fuite, l’entraînant avec lui. Merde! Sven qui fuyait des filles, c’était bien la première fois qu’on voyait ça! Mais bon, est-ce qu’il avait le choix?
L’inconnu l’entraîna donc dans une petite ruelle que le soleil avait bien du mal à éclairer, histoire de se cacher. Mais qui était donc ce garçon qui attirait ainsi toutes les filles?
Alors qu’il reprenait son souffle adossé à un mur, Sven regarda son inconnu guetter un éventuel retour des harpies. Sven pria pour qu’elles ne réapparaissent pas, parce que dans cette ruelle, ils auraient bien du mal à leur échapper. Cette ville était décidément bien étrange. Depuis les jeunes filles chassaient-elles leurs mâles avec autant de sauvagerie, aussi beaux soient-ils que le petit bleu et Sven? Non, décidément, l’obliger à fuir devant le sexe opposé, c’était trop.
Au même moment, une voix le tira de ses rêveries:

« désolé mais elles sont dures à semer… On en était où? Ha oui, mon nom est Nioon. Tu viens de Cyber non? »

Mon nom est nioon. Sven se répéta en boucle le morceau de phrase tellement vite qu’il arriva bientôt à un baragouinage qui ressemblait assez à moignon moignon. Heureusement pour l’amour propre de Nioon, la litanie de Sven avait était totalement silencieuse. Mais cela n’empêcha pas notre héro d’éclater d’un rire nerveux qui secoua sa frêle carcasse dans tous les sens. Sven commençait à adorer cette ville.

« Oui, je viens de Cyber -grand sourire- Mon nom à moi c’est Sven… Dis moi Nioon, c’était quoi cette chasse à l’homme tout à l’heure? Elles te poursuivent parce que tu leur as briser le cœur? »

Sur ce, il rit à nouveau. Oui bon, il se foutait un peu de sa gueule, mais c’était totalement amical. Ce petit commençait à lui plaire, notamment parce qu’il semblait avoir cette capacité à vous entraîner dans des situations insolites et hilarantes. Autant vous dire que Sven était sous le charme.

[ HAAAAAN! Mais c’était mignon ma prononciation, on pouvait faire des jeux de mots terribles T_T x) M’enfin bon, on dira que Sven est vraiment très con (au cas ou on le saurait pas -__-’) Et pour la mort de Grim je sais pas trop, comme tu veux en fait. Sven connait encore personne (même si il va falloir qu’il trouve Allic pour s’associer à lui) donc c’est comme ça t’arrange. ]

Ce type devait être un psychopathe. Il avait beau avoir expliquer à Sven qu’il était une star poursuivit par ses groupies, il lui précisa également que si ses fans mourraient dans d’atroces souffrances cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Et son regard sadique confirma au cyber que Nioon leur aurait volontiers arracher le cœur lui-même. Un vrai malade. Sven, si il avait été célèbre, aurait porté une attention toute particulière à ses groupies. Être aimé et reconnu est quelque chose de merveilleux. D’ailleurs à Cyber, lorsque sa renommée de créateur lui avait amené l’affection d’une multitude de personnes, Sven ne s’en était pas plains, tout au contraire… à vrai dire il avait plus que profiter de la situation.
Mais bon, les jeunes aujourd’hui n’étaient plus ce qu’ils étaient. D’ailleurs en regardant Nioon d’un peu plus près, il lui sembla le reconnaître. MERDE!
Mais ce gars était vraiment un psychopathe! Sven avait déjà vu Nioon quelque part: les infos avaient rabâché pendant un bon moment l’histoire de ce jeune qui avait massacré un paquet d’élèves à la remise des diplômes. Et Sven était justement avec ledit jeune dans une ruelle sombre… Hahaha, quelle bonne blague…
Mais bon, Sven avait terriblement besoin d’une douche et Nioon lui semblait être sa seule solution. En plus son attitude renfrogné prêtait plus au sourire qu’à la crainte. Sven n’allait pas s’arrêter sur un massacre non? Après tout c’était un détail (Au secours T-T) et Sven lui-même avait commis quelques erreurs regrettables. Il préféra donc taire sa récente découverte, dans le cas ou c'était un sujet sensible.

« Et donc tu avais besoin d'argent si j'ai bien compris ? »

Tu n’imagines même pas à quel point…

« Et comment! Je crois qu‘une douche s‘impose, mais sans argent… Comme dit le proverbe: pas de bras, pas de chocolat… »

S’imposaient aussi une bière, un repas chaud et un contact pour l’introduire dans les affaires. Mais bon, fallait pas trop en demander non plus.

« Dit moi, tu connaitrais pas par hasard un ptit hôtel qui s‘appelle la dame noire? Un de mes amis m‘en a parlé et je comptais m'y installer. D‘après lui il est pas trop cher et le minibar est d‘enfer.»

L’appartement était immense. Une baie vitrée donnait sur le centre commercial et la déco était digne d’un des trip de Sven. La chaleur accueillante qui régnait dans le salon le convainquit qu’avoir accepter la proposition de Nioon n’était pas une mauvaise idée. Après tout il avait raison: Sven n’aurait pas tenu longtemps le ventre vide. Lorsque son hôte lui parla, il n’écouta que d’une oreille distraite: il était tomber en vénération devant un poster géant d’Albator.

« Au bout du couloir à droite? J’y vais… »

Quittant à regret l’image du pirate de l‘espace, Sven se rendit d’un pas traînant jusqu’à la salle de bain. Il ferma la porte à clé, se déshabilla et rentra dans la douche. Il régla l’eau de façon à ce qu’elle soit brulante et ne put s’empêcher de soupirer de bonheur: Sven avait toujours trouvé que l’eau chaude était orgasmique. Après 20 minutes à se frotter dans tous les sens, le jeune homme sortit de la douche. Il y avait temps de vapeur qu’il n’y voyait quasiment rien. Par un pur miracle il ouvrit un placard qui contenait un nombre incalculables de serviettes moelleuses. Ce n’est bien sur qu’après un séchage en règle qu’il se rendit compte qu’il n’avait pas de fringues de rechange. Tant pis. Après tout si Sven n’avait pas pris de douches depuis quelques jours, ça ne l’avait pas empêcher de se changer: ses vêtements dataient de se matin et il pouvait se permettre de les remettre sans risque.
C’est donc propre comme un sous neuf, les cheveux en bataille, que Sven réapparut dans le salon. Il chercha Nioon du regard, le vit dans la cuisine et décida d’aller lui tenir compagnie.

« Nioon, merci. Je sais pas trop dans quelle galère je serais fourré si je t’avais pas croisé ce soir… »

Ça, Sven en avait une petite idée: Il aurait passé une nuit de plus dans sa voiture, à bouffer des restes et à se shouter comme un malade. Avec la chance qu’il avait il aurait eu des emmerdes (comme cela était arrivé la veille) et, trop défoncé pour se défendre, il se serait fait cassé la gueule. Rien de très réjouissant quoi… Pour l’instant le jeune homme était au chaud dans un endroit immense et magnifique, avec en prime la perspective d’un bon repas. Que demander de mieux?

« Au fait, je sais toujours pas dans quoi tu bosses. T’es une star ok, mais dans quoi? Vu les groupies, je dirais musique ou cinéma… »

« t'aurais surement trouvé quelqu’un d’autre…

- J’imagine que t’as raison, mon charme naturel m’aurais sans doute aidé… Mais à part toi, tout le monde aurais fuit devant mon odeur de cadavre!

Sur ce, il éclata de rire. Il aurait préférait que ce soit l'une des groupies de Nioon qui le receuille, même si c'étaient des furies. Mais qu'elle fille douée de raison ce serait arrêtée devant un inconnu crasseux et à la dégaine aussi... Bref, il ne devait y avoir que Nioon pour être aussi incontient. à moins qu'il soit tellement sur de ses capacités de tueur qu'il pouvait se permettre d'accueillir quelqu'un comme Sven sans trop de risques. Et effectivement le jeune homme était loin de rivaliser pas avec une personne comme Nioon, qui avait déjà fait ses (sanglantes) preuves.
Quoi qu'il en soit, il regarda Nioon sortir des rafraîchissements pour fillettes (mais que voulez vous, personne n’est parfait), puis s’assit à table avec lui. Il se mit à dessiner des lignes imaginaires du bout de ses doigts sur la table, plus par réflexe qu’autre chose. Quand il ne s’agitait pas, Sven gribouillait.

- En fait je faisais partis d'un groupe de musique , Fairy Tales , j'étais le manager... Mais bon .... J'ai beaucoup d'autres choses à faire en ce moment et le groupe est un peu en suspend ...

Fairy Tales… Il avait déjà entendu ce nom quelque part… ha, ça lui revenait: il avait vu des affiches deux jours plus tôt et avais même entendu une de leurs chansons alors qu’il écoutait la radio dans sa voiture. Et bien, il ne pouvait pas dire que c’était son style de musique favoris, m’enfin le son était pas mauvais non plus. Et puis le présentateur avait rajouté un petit mot du style le groupe à scandale (et à succès!) du moment, pro vampire et tout le tintouin. Et les rebelles, Sven aimait ça. Il ne pouvait qu’admirer le cran de ces jeunes.

- J’en ai entendu parlé… Un groupe en faveur des droits des vampires ou quelque chose comme ça… hé ben, gérer une telle image dans cette ville de dingue, ça doit pas être facile tous les jours, chapeau! En plus tous les miliciens doivent être à votre cul… »

Oui, les miliciens devaient leur mener la vie dure, et Sven se demanda par quel hasard tout le petit groupe n'était déjà pas derrière les barreaux. Sans doutes qu'ils avaient des contacts puissants, ou une maison de disque qui employait les grands moyens pour préserver une grosse source de revenus.
Dans tous les cas, et sur ces paroles pleines d’intérêt et de bon sens, Sven se servit un grand verre d’eau. Polis, il lança un regard interrogateur à Nioon pour savoir s’il en voulait un, avant de boire le sien.

« Et donc qu'est ce qui t'as fait changer le climat très agréable de Cyber pour venir dans cette magnifique petite ville de vacances ?? »

Arf. Le sujet qui fâche. Sven ne répondit pas. Pas tout de suite. Qu’est-ce qu’il pouvait dire à Nioon de toute façon? Je suis l’un des plus gros producteur de drogue de Cyber et la tour noire veut m’éliminer? Non. Ils n’étaient pas assez intimes.

« Et bien Modernis est une petite ville pleine de charme… La liberté qui y règne m’a vraiment attiré, sans parler de l‘amour que porte les autorités aux habitants… »

Voilà. Une réponse suintant l’ironie, sur le même ton que la question que Nioon. celui-ci était d’ailleurs en train de sortir le plat du four et sa vue déclencha un violent gargouillement dans l’estomac de Sven. Encore heureux que celui de son hôte lui fasse écho.
Oui, il aimait les poireaux, le saumon et le fromage de chèvre. De toute façon, Sven aimait tout, du moment que ça se mangeait. À part peut-être les choux de Bruxelles. Ces choses infâmes sentaient les pieds et étaient proprement immangeables. Il répondit donc à Nioon par l’affirmative et se servit une part dès que le plat fut à table.
Alors que les deux garçons commençaient à manger, il reprit la parole: Après tout, Nioon l’accueillait chez lui alors il avait bien le droit à une moitié de vérité.

« En fait, si je suis ici… C’est à cause de la tour noire… On peut dire que je ne suis pas un citoyens modèle. Mes activités à Cyber étaient plus ou moins illégales… Je crois que ça ne lui a pas plut… Du coup, j'en profite pour voyager. Même si la saison n'est pas propice au tourisme à Modernis!»

Pas du tout même. Pourtant il ne reverrait pas le ciel orageux de cyber avant longtemps. Sven fut pris de nostalgie à cette pensée. Il aimait la vie qu’il avait mené, il aimé sa ville, il aimé le chaos qui l’avait entouré. Sans s’en rendre compte, il se remit à dessiner des lignes imaginaires sur la table. Pourtant au bout d’une minute ses mains se mirent à trembler et les arabesques qu’il traçait avec application se transformèrent en gribouillis. Nauséeux, Sven se leva précipitamment. Il courut se réfugier dans le couloir menant à la salle de bain, à l’abris du regard de Nioon.
Là, il sortit une de ses pilules et l’avala. Il respira lentement et attendit que ses tremblements se calment. Il avait un peu mal à la tête mais il savait que ça ne durerait pas. Aillant repris ses esprits, il regagna la cuisine. Le jeune homme lança un regard navré à son hôte, comme pour s’excuser de sa conduite.

« Je… désolé. Ya quelque chose dans ma tête qui cloche. J’ai des médicaments, mais si je les prend pas mon cerveau par en vrille. »

Il sourit à Nioon. Il n’avait rien d’autre à lui offrir pour l’instant.

Sven garda le silence, mâchoires serrées. Ce dégout dans la voix et le regard du cadet… Il détestait ça. D’ordinaire il ne disait rien, parce qu’au final les gens n’avaient aucune importance. Mais là… il ne se laisserait pas mépriser et insulter dans son amour propre comme ça!
Il attendit que Nioon revienne à table avec son yaourt pour passer à l’action. Le jeune homme se dirigea nonchalamment vers la baie vitrée, comme si il voulait admirer la vue, mais au moment ou il passa derrière son hôte il lui envoya le taquet du siècle sur le crâne. Sur le coup le nez du jeune hybride alla rencontrer son dessert, directement dans le pot.
Sven s’étonna lui-même: pour un peu il aurait fait une danse du ventre tellement il était fier de cette attaque. Même si il y avait peu de chance qu'il ait blessé l'autre, il avait réussit à l'avoir par surprise! Mais il se força à garder son sérieux. Retournant Nioon sur son siège, il le fixa dans les yeux.

« Nioon, Je suis un peu comme un hypermnésique tu vois. Ma mémoire est un sacré bordel et le seul moyen pour pas devenir dingue c’est les médicaments. Ou la drogue, comme tu veux. Alors oui j’en suis dépendant, mais je t’interdit de m’insulter sans savoir quoi que ce soit sur moi.

L’hypermnésie. C’était la maladie qui se rapprochait le plus du don de Sven, et des problèmes qui y était liés. Mais il n’avait pas la foie de tout expliquer en détail à Nioon. Pas ce soir. C’était quelque chose de trop intimement lié à son passé, ses erreurs, ses désirs… Et son hôte ne semblait pas prêt à entendre une histoire aussi décadente.
Il soufla un bon coup, puis éclata de rire:

- Tu as du yaourt sur le nez! Tu permets…

Ce n’était pas vraiment une question. Le jeune homme essuya le nez de Nioon du bout du doigt, portant ensuite celui à sa bouche, plutôt que de s’essuyer sur son jean.

-  mhhh fraise! J’adore ça!… Soit pas faché hein… Au fait, très joli caleçon! »

Comment ça pas de la fraise?! Mais ce truc avait un goût de fraise enfin! Sven s’apprêtait à démontrer par A+B à Nioon que ce yaourt était bien à la fraise (et pas à la framboise, la framboise n’avait pas aussi bon goût voyons!) quand ses précédentes paroles arrivèrent à son cerveau. Pour le coup, il ne remarqua même pas que Nioon avait rougis à la remarque sur le caleçon, ce qui l’aurait surement fait rire.
Alors comme ça son petit hôte avait eut quelques problèmes avec les merveilleuses substances? Pas son problème. Tous le monde avait affaire aux drogues un jours, d’une manière ou d’une autre, et cela ne se passait pas toujours très bien. Sven lui-même en avait fait la douloureuse expérience. C’est pour ça qu’il avait commencé à faire ses pilules… Le regard du jeune homme s’assombrit et il ne répondit que par une moue boudeuse.
Et en plus Nioon continuait à insister! Voilà qu’il lui proposer de prendre un yaourt à la fraise! Son hôte était vraiment trop récalcitrant, et Sven lui tira la langue dès qu’il eut le dos tourné, sans se rendre compte qu’il s’enfonçait… Mais bon, quand on aime avoir raison, on ne recule devant rien!

« Au fait ... si tu veux éviter de payer l'hôtel , j'ai des chambres de libres en haut ... »

Décidément, Nioon était délicieusement inconscient. Tant mieux! Le regard du jeune homme s’éclaira subitement, quittant la teinte ténébreuse qu’ils avaient eut un instant plus tôt. Il était en train de formuler une réponse quand le plus jeune quitta la pièce. Pour le coup, Sven se sentit très con, à parler dans le vide.
Le jeune homme se dirigea donc vers la cuisine et, avisant la table encore en désordre, il se mit en tête de la ranger et de faire la vaisselle. Il retroussa ses manches pour ne pas mouiller son pull, ce qui dévoila ses tatouages. Il entendit Nioon revenir mais ne réagis pas, absorbé par sa tâche et accessoirement par sa contemplation d’un ciel qui se remplissait de nuages noirs. Un orage s’annonçait et Sven s’en réjouit. Il avait toujours aimé la pluie, le grondement du tonnerre et le spectacle des éclairs. Bon, ça faisait peut-être un peu cliché mais tant pis. La télé se mit en marche dans le salon et peu de temps après les volets électriques se refermèrent, cachant à Sven la vue magnifique. L’appartement qui donnait l’impression de flotter dans les aires se transforma soudain en grotte. Une grotte éclairée par une lumière bleutée. Nioon était accro au bleu ou quoi? Encore heureux que cette couleur soit pas vilaine. Quoiqu’il en soit, Sven (qui n’avait plus rien à faire dans la cuisine), regagna le salon.

« Oh Fait! Fait comme chez toit si tu décides de rester ...

- Hé ben, à ce sujet… Si t’es sur de vouloir me supporter j’aimerais bien rester encore un peu ici, le temps de prendre mes marques dans la ville. Ce sera pas long hein, et je te rembourserais les frais, évidemment. »

Et effectivement, Sven était très tenté par la proposition de Nioon. Même si il sentait les prises de têtes arriver, le cyber sentait aussi qu’il allait beaucoup rire en sa compagnie. Ce qui était un atout majeur. En plus, il préférait de loin ce luxueux appartement à la crasse que lui promettaient les petits hôtels de Modernis.
Finalement, Sven alla s’assoir dans l’un des fauteuils. Il prit un coussin entre ses bras et passa une de ses jambes par-dessus l’accoudoir. Il ne comprenait rien à ce qui se passait à l’écran et se contentait de regarder des images vides de sens.

Nioon c’était endormit. Faut dire que le film était pas un chef d’œuvre non plus. Mais Sven était bon publique (bien qu’il n’aime pas beaucoup les zombies) et il regarda donc le film avec beaucoup d’attention. Du moins jusqu’à ce que le courant saute, après un coup de tonnerre plus fort que les autres. Nioon lui demanda s’il était encore là. Tient, il était réveillé lui?

« bien sur, ou veux tu que je sois.
-j’vais chercher des bougies, t’as un briquet?
-Oui chef. »

Sven se dirigea à tâtons vers son hôte mais, manque de bol, il se rétama par terre avec brio. « Aaaaïïïeeeuh » gémit-il assez fort. Il c’était cogné le menton sur le sol et sa mâchoire avait claqué pile sur sa langue. Douloureux. Le pire, c’était qu’il venait de se massacrer au pieds de Nioon: En effet il l’avait frôler en tombant. L’humiliation était totale. Sven tendit le bras vers son hôte et se servit de sa jambe pour se relever. Une fois debout, il alluma son briquet tempête (qui ne quittait jamais sa poche aux côtés de son paquet de cigarettes) et le tendit à Nioon. La lumière que diffusait la flamme était apaisante et rassura un peu Sven.
En attendant que l’autre aille chercher des bougies, le jeune homme retourna s’assoir sur son fauteuil. Le boucan de la tempête n’avait rien de rassurant dans l’obscurité, et il se mit doucement à flipper. Et si des zombies était en train d’attaquer la ville? Et si ils étaient déjà dans l’appartement?? Haaa mais il allait finir déchiqueter comme le héros du film!!
Heureusement pour les angoisses du jeune homme, Son hôte alluma rapidement les bougies. Et en plus il n’était pas devenu un mort vivant *ouf*. Décidément les films d’horreur en pleine tempête, même mauvais, c’était finit pour lui.

« Bon bha reste plus qu’à aller remettre le courant… Au fait, tu sais quelle heure il est? Faudrait que j’aille récupérer deux trois truc dans ma voiture, pas envie de tout me faire piquer! »

Sans compter que sa vielle voiture (qu’il appelait ironiquement son carrosse) n’était pas spécialement étanche. Et vu que l’orage ne semblait pas vouloir se calmer…

« ma mâchoire oui, mais ma langue… Et si je reste handicapé toute ma vie? Mais je pourrais plus jamais embrassé personne! L’angoisse… »

Et oui, Sven était superficiel et con. Mais bon, c’était peut-être ce qui faisait son charme… Quoi qu’il en soit le jeune homme suivit Nioon, qui c’était mis en tête de sortir sous la pluie avec lui. Les deux garçons dévalèrent l’escalier avec empressement et Sven manqua plusieurs fois de se casser la gueule encore une fois. Comme quoi descendre des marches dans le noir, c’est pas toujours une bonne idée. Arrivé en bas, Nioon alla jusqu’aux quartiers du concierge, qui n’était visiblement pas là. Le con. Mais ou est-ce qu’il était celui la? Histoire de pas perdre de temps, les deux comparses sortirent pour aller chercher les affaires de Sven. Peut être qu’entre temps, le concierge serait revenu.
Les nuages étaient bas et noirs, mais la lumière de fin d’après midi parvenait encore à passer. En plus, la température avait brutalement chutée et la pluie tombait toujours aussi fort, avec une sorte de violence que Sven ne parvenait pas à s’expliquer. « C’est comme si le ciel était furieux contre nous… ». Heureusement que Nioon avait pensé aux parapluies. Grâce à eux le duo arriva à peu près sec jusqu’à la voiture. La pauvre avait l’air d’une épave sous ce déluge. Après l’avoir ouvert, Sven pris sur la banquette arrière un gros sac, style sac de l’armée, qui contenait toutes ses fringues. Puis, il ouvrit le coffre et en sortit deux valises plutôt volumineuses. À l’intérieur se trouvait le matériel de Sven pour son boulot, ou tout du moins le strict minimum. Il n’avait pris avec lui que le matériel cyber qu’il ne pourrait pas se procurer sur Modernis.
L’opération lui avait fait lâcher son précieux parapluie et il était maintenant trempé, mais ça n’avait pas grande importance. Il en avait vu d’autre. Cependant, alors qu’il verrouillait son bébé, il aperçut au coin de la rue un groupe de filles qui arrivait vers eux, les bras chargés de paquets sous des parapluies multicolores. Elles revenaient visiblement du centre commercial, cependant ce n’était pas vraiment le plus important. En effet le plus important c’était que ces filles était les dégénérées qui les avaient poursuivit tout à l’heure. Et ça, Sven en était absolument sur. Parce que, voyez vous, sa mémoire lui faisait rarement défaut. Et quand elles les aperçurent, elles se mirent à pousser des cris hystériques en courant vers eux. Mais merde, elles avaient un radar à Stars intégré dans le cerveau ou quoi?!

« Nom de dieu, le retour des groupies! Nioon cours ou on va se faire dévorer par ses succubes! »

Et sur cet excellent conseil, Sven partit en courant tout en chopant Nioon par le bras, les valoches dans une seule mains (tel un super héros, ce qui est étonnant vu le peu de muscle sur ses bras). Une fois sur qu’il avait suivit le mouvement, le jeune cyber le lâcha et pris une valise dans sa main libre, le sac de fringues ballotant dans son dos. Putain il en aurait fait du sport aujourd’hui!

Il avaient eut un cul monstre. Sven revoyait parfaitement leur cavalcade à travers les rues, poursuivis par ces déjantées hurlantes. C’est qu’elles étaient lourdes à la fin! Même si Sven les aurait bien consolées de ne pas pouvoir se jeter sur leur manager préféré… Comme quoi, il perdait pas le nord! Pourtant quand Nioon et lui étaient rentré in extremis dans l’immeuble et que les visages des donzelles se collèrent à la vitre comme des tentacules de poulpes, le jeune homme se refroidit quelque peu: trop dégueu! Alors que les portes de l’ascendeur (le courant était revenu? Cool) se refermaient sur le duo, Sven tira la langue aux filles, l’air narquois, comme pour dire «ce soir, il est à moi!». Rendre les gens jaloux, c’était toujours très drôle! Et de toute façon, qu’elles pleurent ces mégères!
Quoi qu’il en soit, les deux jeunes arrivèrent assez vite à l’appart’ et Nioon commença à se déshabiller tout en montant l’escalier! Wahou le strip-tease! Sur le coup, Sven eut envie de lui claquer les fesses ou un truc salace mais il se rappela à temps qu’il n’avait plus de public à faire maronner. Entre temps Nioon lui avait dit d’aller prendre une chambre et c’est donc avec enthousiasme qu’il partit découvrir l’étage. Il prit bien garde à ne pas entrer dans la salle de bain, histoire de pas surprendre son hôte à poil et qu’il lui en veuille après. Cependant, en sa qualité de fouineur, il ouvrit toutes les pièces sauf la chambre de Nioon, et son choix se porta finalement pour celle en face de l’escalier et de la salle de bain. Il y avait une autre porte au bout du couloir, mais vu que la poignée était froide Sven évita de l’ouvrir: elle devait mener quelque part à un endroit froid (le toit ou une chambre froide pleine de cadavres, qui sait?) et il avait pas spécialement envie de se retrouver coincé dans un endroit frais vu comme il était trempé.
Une fois sa petite expédition menée à bien, Sven récupéra des vêtements secs dans son sac, laissant les mouillés sécher sur une chaise. En caleçon, il redescendit à la salle de bain du bas. Il prit une douche rapide et brûlante histoire de se réchauffer. Quand il se rendit compte que c’était quand même la deuxième fois qu’il se lavait ici en quelques heures, Sven se mit à rire. Et faillit glisser sur le savon pendant se moment d’inattention… Merde, il commençait à en avoir marre de tomber! Mais bon… Il sortit rapidement mais se rendit compte qu’il avait oublier son T shirt. Tant pis, il le prendrait plus tard. Pour l’instant, direction la cuisine! Le jeune homme se mit en quête de faire un chocolat chaud et en prépara finalement deux au cas ou Nioon en voudrait un lui aussi. De toute façon s’il n’en voulait pas il le boirait lui, c’était pas un problème. C’est donc sa serviette sur les épaules, les cheveux humides et en bataille que Sven attendit patiemment que Nioon revienne.

« Nioon bouge toi, ya ton chocolat qui refroidiiiiiit » hurla-t-il dans la maison, histoire qu’il vienne plus vite. Et qui pouvait résister à l’appelle d’un chocolat chaud?

Haaa mais c’est qu’il lui avait fait peur le con! Sven se retourna d’un bloc et lui lança un faux regard noir. Nan mais vraiment, il allait lui apprendre le respect à ce petit con! Enfin… Une prochaine fois peut être…

« Maaaaiiiiis…. Je savais pas que t’était là. Faudrait penser à être moins silencieux quand tu marches, tu m’as fait flipper à arriver comme ça en mode sournois! » répondit-il sur le ton boudeur d’un gamin de six ans.

Tiens, Nioon avait donc adopté le même style que Sven? Torse nu et les cheveux en bataille, ils faisaient bien la pair. Sur que les groupies en auraient eut plein les yeux si elles avaient été là.
Oui, enfin difficile d’admirer de si beaux corps (oui, on ne s'étouffe pas de modestie chez Sven) dans le noir… Parce que le courant c’était ENCORE coupé!! Le jeune homme entendit Nioon bouger et une dizaine de secondes après, la lumière revint. Comme si de rien n’était son hôte alla éteindre les bougies puis revint boire son chocolat. Il le prenait pour un con ou quoi? Comment avait-il pu faire revenir le courant?

« Bon… Que fait-on…?
-Ben… Vu que t’es torse nu, je pourrais prendre des photos de toi et ensuite j’aurais plus qu’à les revendre au groupies qui doivent faire les cents pas en bas de l’immeuble!

Avec un grand sourire qui voulait dire « je me fou de ta gueule » Sven alla s’assoir sur le plan de travail tout en sortant son paquet de clopes et son feu. Il voulut ouvrir la fenêtre et allumer sa cigarette mais se retint au dernier moment. Peut être que Nioon ne voulait pas qu'on fume dans la maison. En plus sa question l'embêtait. D'abord parce qu'il n'avait aucune idée de la réponse, mais en plus parce que cela lui faisait prendre conscience que durant ses derniers mois à Cyber, il n'avait quasiment vu personne. Il était resté trop concentré sur le boulot, sur la drogue, sur soi-même...

- Je plaisante! En fait j’en sais trop rien, ça fait longtemps que j’ai pas passé une soirée avec quelqu’un. En fait non, je devrais plutôt dire que ça fait longtemps que j’ai pas passé une soirée avec quelqu’un que pour le sexe.
Enfin bref, commence par m’expliquer comment t’as remis le courant! Et au fait, je peux fumer? »

À retenir: Nioon était susceptible. La remarque sur les photos à groupies lui avait déplu. Ho il n’avait rien dit, mais le regard noir avait suffit pour faire passer le message: attention pas content! Et vu la tête qu’il avait tiré quand Sven lui avait demandé s’il pouvait fumer, on pouvait en conclure qu’il était aussi extrêmement rabat-joie. Ce jeune avait besoin d’être pervertis, et cela sonnait comme une urgence.
Après un discours très contradictoire, Nioon ferma la fenêtre ET les volets, et partit se coller jusqu’au radiateur. Frileux? Probablement. Cela faisait longtemps que Sven c’était débarrassé de cette sensation à force de vivre en plein vent et tempêtes, mais il ne pouvait pas en vouloir à son hôte. Après tout c’était chez lui. Quoi qu’il en soit Sven alluma sa cigarette et tira une longue bouffée. La première depuis longtemps. Nicotine bénie!

« Quant à ta question , si j'ai pu remettre le courant c'est uniquement parce que mon pouvoir consiste en la maitrise de l'électricité... Rien de plus rien de moins ... Maintenant que fait-on bis...

- Hooo… ça c’est un pouvoir cool… Bon, mon petit coco, je reviens, je vais chercher de quoi nous occuper.

Sur ce, il sauta de son perchoir et parti jusqu’à « sa » chambre. Il fouilla cinq minutes dans ses valises, la clope au bec, et redescendis ensuite avec une bouteille d’alcool dans une main et une veste dans l’autre. Il lança cette dernière à Nioon.

-Tiens. J’ai cru comprendre que t’avais froid. J’ai pris une des miennes, histoire que j’ai pas à fouiller dans tes placards…

Sven brandit ensuite sa bouteille avec un air de triomphe. Il se doutait bien que Nioon ne buvait pas, mais avec ce qu’il avait dans les mains, il allait changé d’avis. Car comment rester insensible au breuvage qu’il rapportait?

-Nioon, mon ami, tu dois gouter ça. T’inquiète, ce vin ne devrait même pas s’appeler de l’alcool parce qu’il n’a rien à voir avec la bibine habituelle. Même toi tu vas l’aimer!

Il alla jusqu’au placard et sortit deux verres dans lesquels il versa un peu du contenu de sa bouteille. C’était un vin qui venait tout droit de Gothik, au gout délicat et d‘une rare douceur, qui s’arrachait à prix d’or. En fait cette boisson était tellement agréable que même les personnes qui n’aimaient pas l’alcool s’accordaient généralement à dire qu’il était bon.
Sven, avec la quasi-exclusivité qu’il avait eu sur le marché de la drogue à Cyber, avait pu se payer quelques bouteilles. Il en avait déjà sifflé la plupart, mais il sentait qu’il devait faire gouter ça à Nioon. Parce que ce serait certainement la seule occasion pour Sven de le voir boire de l’alcool.
Enfin bref, Sven se rassit à table, prit son verre entre les mains sans pour autant en boire une gorgée et fixa son hôte avec un grand sourire débile.

- Et maintenant, action ou vérité?

Oui oui, vous avez bien compris, Sven proposa à Nioon le jeu le plus cul du monde. Mais l’expérience avait appris au cyber que ce genre de conneries débouchait souvent sur des situations très drôles.