C’était l’un des proverbes préférés de Night. Et Satine n’était pas en total désaccord. Après tout, on se sent toujours mieux le ventre plein. Et bien qu’elle ait décidé de ne plus (moins) tuer, elle n’avait pas eu le choix. Tout était de la faute de cet horrible milicien qui n’avait pas voulu la laisser partir, qui l’avait entraîner dans cette rue déserte. Il ne savait pas alors que Satine en était une. Il voulait s’amuser, probablement la faire chanter parce qu’elle avait dépassé le couvre-feu. Dommage pour lui qu’il n’ai pas su reconnaitre sa nature à temps.
Stupide couvre-feu. Méchant milicien. Délicieux repas. Satine ne mangeait pas à sa faim depuis bien trop longtemps. Le vampire qui l’avait recueillit recevait une ration stricte. Le minimum vital en fait. La milice, qui l’exploitait (son incroyable don de guérison en fait), ne tenait pas à ce qu’il se rebelle. En conséquence Satine et le gentil docteur (puisque telle était sa profession) ne pouvaient pas partager.
L’horrible sac-à-viande était tombé au bon moment. Sauf que Satine ne savait pas quoi faire. Comment se débarrasse-t-on d’un cadavre? Non vraiment, la jeune vampire ne savait pas y faire avec les morts. Et bien qu’elle soit cachée dans l’ombre, quelqu’un était toujours susceptible de passer. Le temps était compté.

« découpe le en morceau et balance le dans les égouts. Suggéra Night.

-Toujours aussi délicat… Et stupide. Je ne veux pas être tachée. Je ne sais pas comment faire partir les tâches de sang sur les vêtements… Je ne… Je n’avait pas prévu d’assassiner quelqu’un ce soir… 

-Bof... Alors fais le brûler. »

Oui. Faisons le brûler. Satine s’empressa de siphonner le moteur d’une voiture garée à proximité (tous les vampires savent faire ça enfin!) et de verser le liquide puant sur le non moins puant cadavre. Elle alluma la chose précautionneusement avant de s’éloigner en sautillant. Elle sautilla si bien qu’elle se cogna contre une silhouette. Elle aurait voulu s’enfuir en courant mais, pétrifiée, elle se contenta de parler d’une toute petite voix étranglée en jetant un regard sur le feu de joie qui brulait maintenant avec entrain.

-Je… Euh… C’est lui qui a commencé…

"Stupide hôte qui ne sait rien faire de ses dix doigts" soupira intérieurement Nihgt. Il espérait tout de même qu'ils devraient tuer l'intrus. Après tout, les massacres étaient de loin ce qu'il préférait.

Satine avait du mal à suivre. Son cerveau avait de plus en plus de mal à trouver une logique à ce qui venait de se passer. Tout d’abord la silhouette (qui se trouvait être un jeune humain à l’odeur alléchante) l’avait littéralement noyé sous un flot de paroles décalées. Il parlait de faire une soirée feu de camps pour jouer de la guitare, ou quelque chose comme ça. Satine aurait voulu lui rappeler que ce genre de festivité n’était pas vraiment à l’ordre du jour dans la charmante ville de Modernis, mais elle n’avait pas pu en placer une. Ensuite il avait virer au vert en découvrant ce qui servait de combustible à la flambée. Elle s’était vaguement inquiétée pour lui: Il n’aimait apparemment pas beaucoup le rôtis de milicien.
Night avait suggéré de le manger lui aussi, mais Satine avait refusé. Il avait l’air d’être un peu débile et pourtant très sympa.

« Ah je sais ! Tu es une vampire, c'est ça ? Et lui il a voulu te tuer ?

Elle avait hoché du menton.

- Oui, on peut dire ça... De toute façon c’était un milicien et il n’était pas très gentil. Puis elle lui murmura à l’oreille, sur un ton de confidence. Je croit qu’il voulait me tripoter parce que je… J’avais dépasser l’heure… Mais ensuite Night m’a dit de le manger, alors je l’ai fait. Il a le sens pratique. »

Et là, comme si un individu louche ne suffisait pas, un gars encore plus bizarre avait débarqué sur une moto lancée à pleine vitesse. Qu’il ne les ai pas percuté relevait d’un incroyable hasard. Il avait lancé une vanne à l’humain (appelons le inconnu N°1) comme si il le connaissait. Ce qui était probablement le cas. Puis le motard fou (appelons le inconnu N°2) lui avait demandé qui elle était.
Il avait ensuite entraînée une Satine trop abasourdie pour répondre, afin de lui donner une combine pour perfectionner sa technique d’incendiaire.
ET maintenant, N°2 était cramponné à N°1 comme un poulpe, dans une posture évoquant un câlin.
Satine secoua la tête. S’en était trop pour elle. On ne pouvait plus tuer et flamber quelqu’un en toute tranquillité ou quoi?
« Merde à la fin, répond à la question du monsieur! Ça commence à devenir drôle! 
- Les gens ivres ne sont pas drôles Night: On ne sait jamais si ils pourrons remarcher droit un jour.. C’est euh… plutôt tragique. Et d’ailleurs les monologues-intérieurs-à-plusieurs-dans-ma-tête alors qu’il y a des gens, ça non plus ce n’est pas drôle! Je vais plutôt répondre… »

« Je… Euh… Je sui Satine. Et dedans il y a Nightmare. Je suppose que je suis enchantée de faire votre connaissance… Ash et Ju.  (C'était comme ça que N°2 c'était présenté, et qu'il avait appelé N°1.)
Et euh.. Maintenant on fait quoi? Parce que j‘ai entendu dire que la.. La milice n’aimait pas beaucoup les barbecues…»

C’était la meilleure. Elle aurait voulu s’enfuir, mais elle avait peur que N°2 ne la rattrape avec son engin. Après tout ce type était louche et c‘était peut-être un tueur fou. Et si Satine ne savait pas y faire avec les morts, elle savait encore moins comment s’y prendre avec les vivants.

En fait, ils étaient plutôt mignons. Et gentil. Satine se félicita de ne pas avoir saigné l’humain comme Night le lui avait si bien recommandé. Cette soirée allait peut-être être moins monotone que les autres. Les deux garçons l’avaient dévisagé quand elle avait évoqué Night. Ils fixaient à présent un bâtiment tout près, sans que Satine ne comprenne.

« Nightmare… Il est dedans? Il va nous rejoindre? C’est ton petit ami? 

- Eh! Si on allait voir? »

Et voilà que le demi-vampire, Ash, lui avait attrapé la main pour l’entraîner à l’intérieur. Le contact de sa peau était… étrange. Satine ne touchait pas souvent les gens car Night ne le lui permettait pas. Il n’appréciait pas qu’on touche à son hôte. Et voilà que sa paume était en feu et que des fourmis lui remontaient le long du bras. Night s’agita. Elle serra un peu plus la main dans la sienne. Pure provocation.« Ho tout doux, où tu vas là? La seule personne que tu pourras touché sera une femme aux seins démesurément gros, alors on se calme! Concentre toi plutôt sur le trajet. Et puis d’abord où ils nous emmènent?! »Bonne question. Pourquoi allait-on dans un entrepôt pour voir Night, alors qu‘il était là? C’était stupide.

Et puis ce bruit. Du verre qui éclate. Satine se retourna lentement, à vitesse humaine, pour voir cinq miliciens. L’un des hommes avait explosé le phare de la moto avec une batte de baseball en fer. Satine avait toujours trouvait ce jeu stupide, à juste titre. La batte est une arme redoutable pour qui sait la magner.

- Je peu savoir ce que vous faites dehors après le couvre-feu? Approchez qu’on vous voie un peu mieux…

Satine soupira bruyamment. La milice allait encore lui faire le même coup… Et dire qu’ils étaient deux êtres vampiriques et que ni l’un ni l’autre ne les avaient entendu arriver. C’était pathétique. Dans sa vision périphérique elle vit Ash mettre sa capuche avant de rabattre celle du charmant humain. Elle se dit qu’elle aurait aimé en avoir une, et paniqua à l’idée de ne pas pouvoir dissimuler son visage. Ils étaient beaucoup, elle allait mourir, et surtout beaucoup souffrir avant. Sauf si… « Sauf si tu les tues. Tous. Parce qu’ils ne vont pas vous laisser partir, tu le sais. Ne t'inquiète pas, les miliciens sont habitués aux vampires agonisants, mal nourris. Toi tu viens de manger, tu es forte. Et tu as même un compagnons de jeu. »
La voix de la raison avait parlé. Night n'était pas toujours de mauvais conseil. Elle tourna son visage vers les deux garçon, en leur offrant son plus beau sourire. Quand elle parla, sa voix était totalement détendue, bien qu’assez basse pour que les miliciens n’entendent pas.

« Nightmare n’est pas mon petit ami, *beurk*, c’est juste le démon scellé dans mon corps…
Et maintenant on va rentrer dans ce bâtiment. L’humain devrait se cacher, il ne faudrait pas que les miliciens le cassent... Quand à nous,et là elle s’adressait au vampire, on les piège à l’intérieur et on les tue tous.
Ne dites pas non, parce qu’ils ne nous laisserons pas partir. »

Voilà. Pas de reddition, juste la mort. Celle de l’ennemi. Elle poussa les deux garçons à l’intérieur, ne leur laissant plus le choix. De toute façon ils n’auraient pas pu fuir, pas si les miliciens avaient donné l’alerte. Un éclat métallique brillait dans les yeux bleu de Satine, signe qu’elle avait hâte d’enfiler son costume de faucheuse.

Satine n’avait visiblement pas les même centres d’intérêt que ses deux compagnons d’infortunes. Dommage. L’humain était un pacifiste et l’hybride était un idiot. Non, à la réflexion, ils étaient tous les deux des idiots. Ne pas tuer ses gens était une regrettable erreur. Qui pouvait leur couter la vie.
Non, selon l’hybride il était plus sage d’attendre que des amis viennent les secourir. Satine se demanda un instant ce que les amis en question allaient pouvoir faire si le mot d’ordre était de ne pas amocher les miliciens? C’était trop con.
Avec un soupir d’exaspération, Satine se laissa entraîner sous la bâche.Night s'insurgea intérieurement, et satura l'esprit de Satine de jurons d'un autre monde. Dans la foulée, il maudit l'hybride qui était un lâche, l'humain qui n'était qu'une sous-race, et Satine dont le corps était une prison!

« Ha si j'avais mon propre corps...

- Si tu avais ton propre corps ça me ferait des vacances! Fait pas chier!»

L'attention de Satine était en effet ailleurs. Les coups que les miliciens donnaient contre la porte l’affolait. Ils allaient bientôt réussir à ouvrir et elle se trouverait à leur merci: sans l’aide de l’hybride, elle était impuissante. Le calme dont elle faisait preuve jusqu’ici se fissura en un instant. Sa seule force, c’était sa folie meurtrière: sans elle, Satine n’avait pas une once de courage. Elle laissa échapper un gémissement plaintif et affolé, avant de se recroqueviller contre les deux corps chaud à ses cotés.
Collée à eux, elle se concentra sur la respiration du jeune humain pour tenter de se calmer. Sans succès. Les coups redoublaient d’intensité et elle sentit le métal de la porte gémir. C’était bientôt la fin. Satine savoura les dernières minutes ou les ténèbres l’enveloppaient, la protégeaient encore du regard des miliciens.
Et puis, une idée.

« Les miliciens… Ils… Ils ne voient pas dans le noir hein? »

Parce que Satine oui. Elle était un vampire après tout. Sans attendre de réponse à sa question stupide, elle se dégagea de la bâche et attrapa le premier objet à porter de main. Aussitôt elle visa l’un des néons accroché au plafond, et répéta l’opération jusqu’à ce que toutes les ampoules soient brisées. Satan merci, les réverbères à l’extérieur étaient trop loin pour éclairer la scène quand la porte serait ouverte. Ainsi, l’obscurité pourrait cacher Satine et ses compagnons encore un moment. Du moins elle l’espérait.
Alors qu’elle revenait avec empressement sous la bâche, la porte céda dans un fracas assourdissant.

« Je crois que je vais bientôt paniquer. » annonça-t-elle dans un murmure étranglé.

Doucement, satine glissa au sol. Le Monde n’était que souffrance. Elle s’enfonça dans les ténèbres..

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«TU NE PEUX PAS PANIQUER ! hurla Ju en chuchotant. TU ENTENDS TU NE PEUX PAS PANIQUER ! PARCE QUE MOI JE PANIQUE DEJAAA !»

Sur le coup, Satine avait eu envie d’éclater de rire. Ce petit bout d’humain était un concentré de bonne humeur pour celui qui était à ses côtés. Bien sur, cela n’enlevait rien du caractère désespéré de sa situation. Quoi qu’il en soit, elle laissa Ju (il allait falloir qu’elle lui demande comment il s’appelait vraiment) la secouer dans tous les sens sans même s’en rendre compte, car ses yeux étaient rivés sur Ash. Il était en train de tripoter l’une de ses boites magiques que les gens de Modernis appelaient téléphone. Il balança le sien à travers la salle au moment même ou la porte cédait. Prenant ensuite celui de Ju, qui avait toujours ses doigts enfoncés dans la chair de Satine, il fit sonner l’appareil de l’autre côté de l’entrepôt. L’effet fut immédiat: les miliciens se précipitèrent tous vers la source du bruit, dégageant le passage vers la porte.
Ash l’empoigna et se mit à courir vers la sortie. Presque par réflexe, elle souleva Ju du sol et l’entraîna à leur suite. Malheureusement, d’autres têtes de nœud gardaient l’entrée, et deux d’entre eux moururent dans une explosion de cervelle. Leur course avait déjà reprit et en un rien de temps le trio se retrouva juché sur la moto d’Ash, dans un équilibre plus que précaire. L’hybride démarra en trombe, et pendant un moment Satine crue qu’ils étaient tirés d’affaire. Elle offrit son visage au vent, appréciant la vitesse de l’engin.
Cependant, ladite vitesse était trop grande pour qu’Ash évite l’énorme rat qui se promenait par un pur hasard dans la trajectoire de la moto. Le choc, pourtant minime, suffit à les déséquilibrer. La moto se coucha et les trois passagers furent éjecté. L’engin alla s’encastrer dans un mur pour exploser à sa guise, alors que la tête de Satine percutait le sol avec une rare violence. Cependant, c’était un vampire, et elle se releva précipitamment pour tituber vers les garçons. Ju était blessé. Grièvement? Aucune idée. Cependant elle sentait l’odeur de son sang, l’arôme délicat envahissant ses sens comme un présage de mort. Elle tourna la tête vers Ash, qui semblait moins amoché que son compagnon mais qui était loin d’être frai.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, elle entendit au loin le pas pressé des miliciens. L’explosion les attirait et il serait bientôt sur eux. Une petite voix résonna dans son esprit.

«Tire toi! Maintenant!

-Mais, je ne vais pas les laisser ici!

-Tu veux les porter sur ton dos?! Pauvre conne! Ils sont déjà mort, c’est des boulets! Casse toi!

-TA GUEULE! Cette fois, Satine avait hurlé. TA GUEULE, TA GUEULE, TA GUEULE! Je… Je vais sauver tout le monde Night… Et tu vas m’aider… Parce que tu n’as pas le choix… »

La vérité c’est que Satine savait pertinemment que laisser les deux garçons ici ne lui sauverait pas la peau. Elle avait honte de cette pensée, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’elle aurait préférer les abandonner si elle avait pu. Elle n’y pouvait, rien, elle avait tellement peur.
Elle tourna son visage vers ses compagnons d’infortune.
Il lui semblait qu’une plaie ouvrait sa joue, cependant le sang ne coulait pas. Il ne coulait jamais.

« Maintenant, vous allez vous planquer. Mais… pensez à venir me chercher hein.. À tout à l’heure… »

Elle avança alors vers le bout de la rue, chancelante, là où les miliciens arriveraient d’ici peu. Elle ne pouvait pas retenir ses larmes: le courage ne faisait pas partit de ses qualités et elle ne voulait en aucun cas faire ce qu’elle allait faire. Car si quelque chose effrayer Satine plus que tout, c’était bien l’idée de mourir dans d’atroce souffrances. Et malheureusement son corps ne pourrait jamais supporter la manière dont elle comptait utiliser le sang noir. Tant pis, il n’y avait pas d’autre alternative.
Lorsque les miliciens arrivèrent, les larmes lui brouillaient tant la vue qu’elle ne réussit pas à compter combien ils étaient. Cependant elle n’eut aucun mal à les sentir l’entourer, comme autant de vautours tournoyant autour d’une proie. Elle entendit distinctement les hommes lever leurs armes, la mettre en joue.
C’était la fin.
Et puis, avant que quiconque puissent appuyer sur la gâchette, les yeux de Satine se révulsèrent et son corps s’arqua dans une position qui était tout sauf naturelle. Dans un cri de pure souffrance, la chair de Satine sembla exploser, pour laisser place à une sorte de matière noire qui, comme un millier de dards, fonça sur l’ennemi pour le transpercer. Satine ressemblait à un arbre de noël dont chaque milicien était une décoration funèbre.
Et puis, sans explication, le sang noir qui sortait du corps de la jeune fille retrouva sa place. Les corps déchiquetés des miliciens tombèrent à terre dans un bruit mat.

Doucement, satine glissa au sol. Le Monde n’était que souffrance. Elle s’enfonça dans les ténèbres..

Satine ne sentait plus son corps, n’était plus consciente de rien. Elle flottait dans le cosmos, comme si elle était passé dans une autre dimension. Elle se sentait bien, libérée de toutes ses peurs. Seul comptait l’infini.

« Je t’avais prévenu! Pourquoi est-ce que tu ne m’a pas écouté?!
-Mmmh….
-Satine? Satine écoute moi bordel!
-Tait toiiii…. Tu ne devrais pas être là Night, c’est mon rêve…
-Mais qu’est-ce qu’elle est con! Ma pauvre fille, c’est pas un rêve!
-Qu’est-ce que ça pourrait être d’autre? C’est tellement agréable…
-C’est la mort. Tu es en train de mourir Satine.
-La mort? Comment la mort peut-elle être si douce?
-Aucune idée. Il faut que tu te réveilles.
-Pourquoi?
-Parce que.
-Tu ne veux pas mourir Night?
-Non.
-Ha… Dommage… Dit Night, comment est-ce que je peut être en train de mourir?
-Le sang noir idiote. Tu n’aurais jamais du l’utiliser comme tu l’as fait, tu es incapable de le maîtriser! Tu aurais du t’enfuir et laisser les deux autres abrutis!
-Ce ne sont pas des abrutis Night… Ils sont… Gentils.
-Gentil?! Non mais c’est la meilleure!
-Dit Night, tu crois qu’ils sont mort eux aussi?
-J’en sais rien.
-Comment ça t’en sais rien? Tu sers pas à grand chose… Je devrais peut être aller voir…
-Oui.
-Je croyais que c’étaient des abrutis.
-Mieux vaut les revoir qu’être mort!
-Si tu le dis… Tu vas m’aider?
-évidemment! Comment tu ferais sans moi?! »

Sortir du néant. Un. Deux. Trois. Douleur. Voilà, elle était vivante finalement. Parce qu’au sinon elle n’aurait pas mal. Satine ouvrit les yeux et gémit: elle avait l’impression que son corps était disloqué, et ça faisait un mal de chien. Elle jeta un regard autour d’elle. Quelqu’un était en train de la traîner par terre. Affolée, elle reconnut néanmoins le visage de Ju et la voix d’ Ash. « aide moi, on doit aller quelque part en sécurité ». Oui, il était temps de partir. Les renforts que l’hybride avait mentionné tout à l’heure tardaient à arriver, et le trio n’avait plus le temps d’attendre. Il ne l’avait jamais eu.
Satine fut prise d’une violente quinte de toux. Un liquide noir apparut au coins de sa bouche. Elle voulut l’essuyer mais ses bras ne répondaient pas. « j’ai mal » voulut-elle dire, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Bordel, pourvu que ce cauchemar passe vite.
Sur ce, elle s’évanouit.

Satine était plus ou moins consciente. Sur le trajet menant à leur planque, il lui avait semblé s’être réveiller une ou deux fois, mais elle n’était pas vraiment sur. De toute manière, qu’elle importance? Car désormais, elle était réveillée. Enfin, plus ou moins. Elle avait entendu la conversation des garçons, bien qu’elle ait gardé les yeux fermés, se gardant de se manifester.

« Night, qu’est-ce que t’en penses?
-j’en pense qui sont vraiment pas débrouillard!
-Pire que moi?
-Putain tu l’as dit! T’es sure que tu veux rester avec eux?
-Oui. Je n’irais pas loin toute seule… »

Elle était contre Ash, ce qui était plutôt rassurant. Son corps était douloureux, cependant son cerveau marché encore, motivé par la peur. Elle ouvrit péniblement les yeux, offrit un sourire misérable à ses camarades. Sa voix était celle d’un corbeau.

« Désolée pour tout ça… Si vous ne m’aviez pas croisé… Ju, viens par là. »

Elle attendit que le jeune humain se rapproche d’elle pour ôter son pull. Elle portait une tunique beige en toile fine et au col en V très échancré, maintenu par une ceinture en cuire. Par-dessus elle avait un pull en coton 10 fois trop grand pour elle, et, comme à sont habitude, elle n’avait pas de chaussures.
À présents ses vêtements étaient troués, tachés de sang, et c’est sans regret qu’elle utilisa son haut pour nettoyer le visage de Ju et penser ses plus grosses plaies. Le pauvre était couvert de sang séché et n’était pas beau à voir. L’hybride et elle-même ne devaient pas être dans un meilleur état, mais eux au moins s’en remettraient plus vite.

- Il faut qu’on parte d’ici. Ils vont nous trouver si on reste là. Inutile de préciser que des cadavres gisaient non loin de la et qu‘il allaient attirer toute la milice d‘ici peu. Ju aurait eu la trouille. À trois pâtés de maison au nord, il y un ami qui nous abritera. Le problème c’est que deux miliciens gardent la porte. Il y a un escalier de secours derrière le bâtiment, on passera par là. Ju, tu marches 5 mètres devant et tu nous prévient si quelqu’un arrive. Au moindre problème tu te tires. En courant ou en rampant je m’en fou, Tu sauves ton cul. On pourra se débrouiller. Mensonges, mais il n’avait pas besoin de le savoir. Ash, tu m’aide à marcher s’il te plait. »

Elle était épuisée et elle ne voulait pas bouger. Seulement elle ne voulait pas mourir non plus, et c’était le meilleur plan qu’elle avait. Les amener chez le docteur, celui qui l’avait sauver quand elle était arrivé à Modernis. Lui, il pourrait les aider. Maintenant ils n’avaient plus qu’à raser les murs. Et à prier pour que tout se passe bien.

Contrairement à ce qu’elle avait pensé, Les garçons n’avaient pas contesté sa décision. Bien sur Satine avait lu la réticence dans leurs yeux mais ils avaient accepté de bouger, ce qui était surement le mieux. S’ils étaient restés, combien de temps les miliciens auraient mis pour les trouver? Après tout, en voyant les cadavres et la carcasse de la moto, il auraient d’abord cherché dans les lieux désaffectés aux alentours. Mais plus important encore, combien de temps Satine aurait-elle tenue? En effet la jeune femme allait de moins en moins bien et l’odeur de Ju lui donnait de plus en plus faim. Elle voulait, non elle devait, se nourrir rapidement. Et elle n’avait pas vraiment envie de sauter à la gorge du pauvre humain.
Surtout que ce dernier fit preuve d’un courage exemplaire une fois en route. Il partit sans hésité à en avant, alors que Satine ne l’en aurait pas cru capable. Tant mieux: c’était rassurant de compter quelqu’un de bien dans les rangs surtout qu’elle-même n’était pas très fiable… Sur le coup, elle eut honte. Ce petit bout d’homme faisait preuve de plus de courage qu’elle, la vampire, qui avait pensé à les abandonner… C’était pitoyable.
Et puis, du bruit. Des rires, sales et gras. Satine resta paralysée et même Night ferma sa gueule. Satan merci Ash fut plus réactif qu’elle et se plaqua contre le mur, dans l’obscurité, la jeune fille dans les bras. Presque immédiatement il inversa leur position et plaqua Satine contre le mur, la protégeant avec son corps. La vampire le remercia silencieusement et plaqua sa tête contre son torse pour ne pas voir ce qui allait se passer. La technique de l’autruche... Qui marcha à merveille. Les hommes passèrent sans les remarquer et continuèrent leur chemin. Mais, et Ju, ne les avait-il pas croisé lui aussi? Cependant le temps qu’elle se demande ça, Ash l’avait pris sur son dos et refilé ses chaussures, après lui avoir enfilé sa veste. Trop de galanterie! Mais avant qu’elle n’ait viré au rouge et que Night fasse un commentaire douteux, ils étaient au bas de l’escalier. Ash posa une question à Ju et elle n’entendit pas la réponse, cependant le duo le rejoignit en peu de temps. Satine leur indiqua l’étage et le numéro de la porte et peu après ils étaient tous les trois à sonner chez le doc, qui finit pas ouvrir:

« Qu’est-ce que… Mon dieu Satine! Vite rentrez!
- David je…
-chut tait-toi! »

L’homme, un vampire d’âge moyen au charme non négligeable les invita à entrer et délesta Ash du poids de Satine. Il alla la poser dans un fauteuil et lui apporta une poche de sang, tout un faisant signe aux deux garçons de s’assoir dans le canapé. L’appartement du docteur n’était pas très grand, en mauvais état mais il respirait la convivialité. Parce que David était comme ça: la main sur le cœur. Il avait d’ailleurs vu au premier regard que tous les trois étaient blessés et il s’approcha de Ju. Après un « ne vous en fait pas, je suis médecin », et un sourire rassurant, il posa sur l’humain ses deux paumes. Presque aussitôt les plaies se refermèrent.

« désolé, mais demain matin vous risquez d’avoir des courbatures… »

Sur cette note humoristique (on s’en serait passé!) David s’approcha d’Ash. Il posa ses paumes sur lui et ferma les paupières, mais alors qu’il commençait à le guérir, il ouvrit précipitamment les yeux. Son don (nb: il modifie la structure cellulaire des choses pour les transformer, et en l'occurrence soigner-mais ce n'est pas illimité) lui faisait sentir que quelque chose n'allait pas du tout.

« Jeune homme, vous avez quelque chose dans le genoux je crois… Quelque chose qui est en train de vous empoisonner… Je peux vous soigner, mais cela va être douloureux… »

Satine était toute concentrée à sa poche de sang, la sirotant avec entrain. À peine les premières gorgées avalées, elle se sentait déjà capable de tout, oubliant qu‘elle avait faillit y passer. Pourtant le sang lui rendait peu à peu l’énergie qu’elle avait dépensé. C’était tellement agréable, ce liquide de vie qui coulait dans sa gorge, qu’elle laissa échapper un soupir de contentement. Qu’elle regretta dans la seconde: Elle venait de capter l’air dégoutée de Julian devant ce si délicieux repas. honteuse, Elle rabattit ses jambes contre son torse et se fit le plus petite possible. Cela ne l’empêcha pas de suivre avec attention la scène qui se jouait devant elle.


« Dites, pourquoi y'a des miliciens devant l'immeuble ? Ils surveillent quelqu'un ?

- En effet jeune homme, ils nous surveillent, moi et ma fille. Avant tout ce bazar j'étais médecin dans cette ville et j’avais une certaine notoriété. Alors quand les persécutions ont commencé j’ai été l’un des premiers chez qui on a sonné. Mais il a été décidé que je serais plus utile vivant que mort. Mon… talent de soigneur peut se révéler utile, même pour la milice. Depuis ce jour je suis surveillé et mon enfant ne va plus à l’école. En fait il semble qu’ils ne l’ont pas tué pour la garder comme moyen de pression… Sans ça, je serais déjà partit…

Et effectivement, la pauvre gamine qui avait un jour trouvée Satine était passé entre les mains des « docteurs » de la milice. Ils avaient implanté une micro-bombe made in Cyber dans sa nuque. Si la jeune hybride quittait la ville, elle signait son arrêt de mort.

-Pourrions-nous en parler plus tard? Pas devant lui…

-Bien évidemment, répondit David avec un sourire aimable.

-Au fait vous auriez une paire de chaussettes?

- Oui bien sur. En fait, je pense que vous devriez tous vous changer. Vos habits ne sont plus très frais et surtout plein de sang. Il me semble que nos amis miliciens se poserait des questions s’ils venaient à vous voir dans ces tenues.

Et sur ces belles paroles l’homme sortit de la pièce et revint un instant plus tard avec un paquet de vêtements qu’il posa sur la table basse. Satin le reconnaissait bien là: Un homme généreux prêt à aider sans poser la moindre question. Elle lui serait à jamais reconnaissante.

-Voilà. Il me semble qu’ils sont à votre taille. Si vous voulez vous laver il y a une salle de bain au bout du couloir sur votre gauche.