Khahth s'était installé dans le parc. Il aimait bien le parc. Il y avait des arbres et des bancs, et plein de pelouse. Il aimait bien la pelouse, c'était rigolo. Il adorait aussi quand l'herbe était rendue humide par la rosée. C'était mouillée et rigolo. Mais ça faisait des taches sur les vêtements, ça c'était pas rigolo.

Pour l'instant, Khahth était assis en tailleur sur l'herbe (sèche, il n'avait donc aucune crainte de se tâcher), à l'ombre du feuillage d'un arbre, son gros carnet à dessin sur les genoux, des crayons de couleurs glissés derrière les oreilles ou entre les dents, tandis que d'autres débordaient d'une vieille boîte en métal un peu cabossé et ouverte sur le sol. Il enleva le crayon vert qu'il avait entre les lèvres et rajouta de la couleur au paysage qu'il avait fait. Il y avait beaucoup de vert dans ce dessin, peut-être parce qu'il dessinait le parc, et que le feuillage des arbres et l'herbe, c'était vert, à priori.

Il ne se rendait pas compte, mais lorsqu'il dessinait, il coinçait toujours sa langue entre ses lèvres, preuve d'une concentration intense. C'était important, de bien faire les dégradés, pour faire un beau dessin. Il releva la tête, détacha la feuille du carnet et tendit les bras pour observer son détail avec une certaine distance, le tournant un peu pour voir l'effet de la lumière sur l'aplat de couleur.

Qu'est-ce que tu en penses Ti'lapin? Il est fini hein?

Il jeta un coup d'œil sur son lapin en peluche. Il l'avait assis sur sa besace de toutes les couleurs qui contenait son matériel de dessin, pour ne pas qu'il se salisse. Il le posa sur son carnet à dessin, sur ses genoux, le temps de sortir son carton à dessins décoré lui aussi d'autocollant divers et colorés -il fallait bien ça pour aller avec sa veste à grosses rayures colorées- et pour y ranger soigneusement son dessin du parc. Il le donnerait à sa maman. Mais il fallait aussi qu'il en fasse un à son papa. Il leva les yeux au ciel, observant le feuillage de l'arbre qui bougeait dans le vent. Ça serait joli à dessiner ça. Pas très pratique aussi, parce qu'il lui fallait quand même un modèle. Il regarda de nouveau devant lui, se mordillant la lèvre pendant qu'il réfléchissait. Que pouvait-il bien dessiner pour son papa?

Il était une fois (je suis vraiment obligé de commencer comme cela, désolé, ) ….. un petit chaton qui se promenait dans les rues de modernis. Bien sûr, c’était un chat tout ce qu’il y a de plus mignon, la candeur incarnée. D’un pelage roux, avec quelques touches de blanc, sa taille est excessivement petite et fait ressortir de grands yeux candides verts émeraude.
Il flânait donc dans les rues pavées des quartiers gris de Modernis, laissant les passants se décaler sur son passage en se penchant sur lui pour le regarder. Le chaton se pavanait, libre de se montrer sans timidité face au monde, et de faire en sorte qu’il soit aimé de tous, il aime être aimé de tous, et surtout être caressé. Le quartier morne et grisonnant était triste autour de lui, mais quelques touches de couleurs retenait son attention : un tee-shirt rose, un pantalon rouge, un chapeau bleu,…
Soudain, un bol. (Oui, les chats sont soumis à un incroyable attachement à des objets particuliers). Un bol donc, blanc, avec une odeur alléchante. Le petit chat se lécha les babines, puis si dirigea tout droit sur l’objet en question pour boire goulument tout son contenu, du lait. Comblé, il s’assit puis regarda la devanture du restaurant, Un cup cake shop, plein de joli couleur. A ce moment là, la gérante caressa le petit chaton et disparu dans sa boutique avec le bol de lait.
A ce moment, l’attention du chaton se dirigea vers une poubelle, et plus particulièrement une souris qui y était penchée, que l’on surnommera Vincent, parce que c’est fun. (Pour ceux qui trouvent la référence, je dis bravo). Bien sur, voulant parfaire son éducation de chat, notre boule rousse se dirigea à pas feutrés vers sa proie. Arrivée à proximité, elle prit son élan, fit un bond d’une agilité surprenante, et… s’étala de tout son long sur la poubelle.
Sonnée, elle mit quelques temps pour reprendre ses esprits en secouant sa petite frimousse, puis bondit à la poursuite de Vincent. Pendant quelques minutes, la souris était à bonne distance du félin, qui s’amusait visiblement beaucoup, mais arrivé à hauteur d’un parc, le chat réussit à la rattraper. Le chat s’amusa pendant un court laps de temps à jouer avec Vincent, en la soulevant par la queue, en l’emprisonnant entre ses griffes, et pour finir elle fit mine de vouloir la manger avant de la relâcher. Le chaton était lassé, il fallait trouver un nouveau passe temps.
Il se mit à gambader lentement en direction du parc, pour ensuite courir après un papillon. Le papillon volait très haut, et se posa sur une branche d’un arbre immense peint de magnifiques nuances de verts et de jaunes. Le chat, peut agile pour le moment, tenta de nombreuse fois de monter à l’arbre à l’aide de ses petites griffes, mais après avoir essuyé plusieurs échec, le félin abandonna, plus assez amusant pour lui.
C’est alors qu’il le vit. Un garçon était assis de l’autre côté de l’arbre. Il était plein de couleur sur lui, et c’était joli. Le chaton décida de voir de plus près cette personne bien différente des autres. La boule de poils se rapprocha et se frotta alors à ses genoux.

-Miaouuuuuuuuuuu!!!!!!!!! rrrrrrrhhhhh!!!!!!!

OoooOOOh un pipaillon ! s'exclama joyeusement Khahth lorsque quelque chose de coloré lui passa sous les yeux.

Il faillit même se lever, pour lui courir après avec son carnet à dessin sous le bras et ses crayons de couleurs pour le dessiner. Mais il eut à peine le temps d'y penser que le papillon s'était déjà envolé. Il se rassit, avec une petite moue sur son adorable visage. Il était déçu. Lui qui pensait avoir trouvé un joli dessin à faire...

Il sursauta lorsque quelque chose se frotta à ses genoux.

Aaaah !

Miaouuuuuuuuuuu!!!!!!!!! rrrrrrrhhhhh!!!!!!!

Le cœur battant la chamade, il regarda de plus près. Une petite boule de poils toute rousse se frottait à ses jambes.

Oooooh un chat ! T'es trop mignon !

Il l'attrapa, juste sous les pattes avant, et il le souleva pour le regarder de plus près, un immense sourire qui lui faisait trois fois le tour du visage ornant ses lèvres.

Ooooh t'es trop adorable !! Comment tu t'appelles ? Moi c'est Khahth, et ça c'est Ti'Lapin ! J't'aime bien tu sais, t'es rigolo, t'es tout roux et t'es tout doux ! Tu veux rester avec moi pendant que je dessine ?

Il reposa le chat par terre, juste devant lui. Et puis soudain, ce fut l'illumination.

Eh dis ! Tu veux pas que j'te dessine ! J'veux faire un dessin à mon papa ! Tu veux hein dis ? Tu peux prendre la pause si tu veux !

Il farfouilla aussitôt dans la grosse boite en métal cabossé pour en ressortir ses crayons dans les tons rouges et orangés. Ce petit chat était tellement adorable !

Miyu, parce que ce petit chat s’appelle bien évidement Miyu, regarda curieusement le jeune homme. Alors qu’il paraissant immense comparé a elle, il semblais aussi émaner de lui une jeunesse et un bonheur candide qui l’attirait beaucoup.

- Ooooh, un chat ! T’es trop mignon !

« oui, je suis un chat, pensa-t-elle, et même le plus adorable de tous. Mais… mais… il… il le croit vraiment, j’ai réussis, il me prend vraiment pour un petit chat ordinaire, pas comme le patit roux d’il y a deux jours qui me regardait les yeux écarquillés juste parce que je l’avais un peu aider à construire son château de sable de mes seules petites pattes, m’enfin. Bon, c’est vrai, il a eu ce qu’il méritait après, ».

Tandis que le chat se retrouvait dans les mains de Khahth, ses yeux s’émerveillaient de voir comment le jeune homme le défigurait. Elle remarqua aussi la boule de poil que tentait de lui présenter Khahth. Ti’lapin avait-il dit, joli nom.

Alors que le garçon continuait à parler, Miyu l’écoutait d’une oreille peu attentive, distraite qu’elle était par les couleurs vives qui l’entourait, et qu’elle aimait surtout. Cependant, dés que les mots tes que « adorable ; rigolo, doux » étaient utilisés, elle se détournait et son attention retrouvait la tête blonde.

Soudain, un mot la surpris : « Papa ». Son regard devint humide, mais sans que les larmes ne viennent pourtant. Cela suffit au garçon pour s’activer rapidement avec ses crayons de couleur et sa nouvelle feuille de dessin.

Il plaisait à Miyu, cela se voyait, elle n’avait jamais vu un sourire aussi radieux et autant de couleurs portées en même temps par une seule personne. Elle opina donc rapidement de la tête dans de grands mouvements quand il lui demanda si elle voulait servir de modèle.

Quand elle s’aperçut que cela n'était pas du tout normal pour un chaton, elle stoppa net. « Oups, voila qui n’est pas très félin,… Il faut que je sauve les apparences… ».

-Miouuuuuuhhhhhhh !!!!!!!

Et le petit chaton couleur rouille commença dés lors à tourner sur lui-même, pourchassant sa queue… jusqu’à avoir le tournis… et tomber à la renverse. De là, elle resta sur le dos, se recroquevillant sur elle-même, les pattes près de son abdomen, et regardant le garçon avec insistance de ces grands yeux verts émeraude, comme si elle cherchait des câlins.

Quelles minutes plus tard, voyant la tête blonde qui s’affairait toujours autant, elle se mit sur ces pattes puis s’assis, tout en faisant bouger sa queue, comme pour montrer une certaine impatience. N’y tenant plus, elle pencha la tête sur le côté, les yeux inquisiteurs, puis baissa une oreille comme pas inquiétude. Elle attendit dans cette position à peine le temps qu’il n’en faut pour respirer, puis sauta plus que se déplaça, vers le fameux carnet à dessin. Elle s’étira pour atteindre le bord du papier de ses deux minuscules pattes douces, mais l’effort ne suffit pas à réussir, étant trop petite. Alors elle prit appuis sur un genou puis posa enfin une patte sur son propre Saint-Graal. D’après l’angle de vue qu’elle avait, il était difficile de le contempler, mais elle était certaine d’une chose, il était plein de jolies couleurs, il ne pouvait être que beau.

Khaht était parti, à dessiner frénétiquement le chaton. En quelques secondes, il avait déjà tracé sa silhouette au crayon à papier, avec un trait léger. Peu lui importait qu'il ne tienne pas tranquille, il avait trouvé une idée de dessin, c'était tout ce qui lui importait pour être heureux dans la vie.

Il releva la tête pour observer son modèle et eut un temps d'arrêt manifeste. Euh... c'était normal qu'un chat hoche la tête comme ça ? Et puis le chat lâcha un miaulement qui faisait tout ce qu'il y a de plus chat. Son sourire réapparut aussitôt sur son visage. Oui, ce chat était tout ce qu'il y avait de plus normal.

Eh ! T'es vachement rigolo toi ! s'exclama-t-il en voyant le chat courir après sa queue.

Il délaissa son dessin pour éclater de rire en la voyant tomber à la renverse. Il lui gratouilla aussitôt le ventre, avec un grand sourire. Il adorait les animaux. Et les chats, c'était mignon. Il allait en demander un à sa maman et à son papa. En plus, ce chat avait d'adorables yeux verts. Ooooooooh il voulait tellement le garder !

Bon, tiens toi tranquille maintenant !

Il choisit avec soin ses couleurs, dans les tons orangés vifs, et il commença à crayonner son dessin. Il allait être magnifique ce dessin d'abord ! En plus... ce chat était trop mignon, avec sa tête penchée sur le côté, et ses yeux et et et...

Eh ! laisse-moi dessiner enfin ! rigola Khahth en sentant le petit chat s'agiter autour de ses jambes.

Il regarda avec attention le petit chat s'étirer jusque sur sa feuille, et essayer de regarder son dessin. C'était vraiment un chat très intelligent ! Et puis il posa une patte sur sa feuille.

Sois sage une minute, tu veux bien ? demanda le jeune homme en repoussant doucement le chat pour pouvoir dessiner.

Il reprit son crayon, tirant un peu la langue au moment de tracer le contour des yeux verts émeraudes du chaton. Et il remarqua la trace.

Oooooh regarde c'est rigolo ! Tu as laissé l'empreinte de ta patte sur ma feuille! s'exclama-t-il en lui montrant le dessin. C'est comme si tu avais signé ton portrait !

Il adressa un immense sourire à l'animal et reprit son dessin, crayonnant avec une habileté étonnante les yeux, qu'il coloria avec le plus grand soin, essayant de retranscrire tous les reflets qu'il voyait dans les yeux de l'animal. Ensuite, il revint sur la fourrure, agissant par petites touches, pour pouvoir retranscrire la douceur du pelage de l'animal sur le papier. Il ajouta du blanc, qu'il mélangea avec le rouille qu'il avait déjà appliqué du bout des doigts, la langue toujours tiré.

Tu vas voir, ce dessin va être trop joli !