San marchait d'un pas vif, fuyant le bouffon qui lui collait aux bottes depuis qu'il était revenu. Luttant contre son pire ennemi, le vent. Le cyber se débattait contre les bourrasques violentes qui l'empêchaient de marcher droit, lui envoyaient d'agréables nuages de poussières dans les yeux ou lui arrachaient sa cigarette des lèvres. C'était bien le gros défaut de la Junkyard, si seulement la météo n'avait pas été aussi minable, il serrait surement resté. Mais là, là c'était trop. De toute manière, il n'avait rien de spécial à faire dans la cité, il avait revu tout son entourage, avait réglé quelques problèmes, distribué quelques baffes, s'en était pris d'autres et récupéré de l'argent. Le blond se rendit compte que son "ami" -qui s'était auto-assigné le rôle de protecteur lèche-cul- attendait sa réponse depuis plusieurs minutes et le fixait en plissant les yeux.

"Dans deux semaines. Trois peut être.. voire quatre."
-En gros t'en as aucune idée.

Le jeune homme acquiesca d'un hochement de tête, sortant son paquet de cigarette de sa poche, cherchant un endroit un abris. Ramenant sa tignasse blonde en arrière d'un geste de la main dans l'espoir qu'elles ne barrent plus son visage l'espace de trois secondes, il repéra ce qu'on aurait pu appeler un bar à Modernis et prit la main de son animal de compagnie pour l'y attirer, et bien que celui-ci ne soit pas rassuré par l'état des murs, il suivit sans dire un mot. San retira sa veste en cuir qu'il lança au hasard sur une fauteuil au fond de la pièce principale et s'installa sur celui d'en face. Le larbin revint quelques minutes après avec deux verres et la main et lui en tendit un tandis que le blond tirait sa première latte. Il soupira d'aise et, après quelques secondes d'absence totale, reporta son attention sur l'autre homme.

-Alors ? C'est comment Modernis ? Ils sont comment là bas ? T'as trouvé un truc intéressant ? De quoi faire du business ?

San dégagea ses belles new rock de sur la table basse, prenant un air sérieux, il se pencha et approcha son visage de celui du garçon qui fit de même, comme si il s'attendait à entendre le pire des secrets. Le cyber le fixa puis dit avec un air effroyablement sérieux.

"Mèle toi de ton cul."

Il s'enfonça ensuite dans le fauteuil, termina rapidement son verre qu'il vida d'une traite et frissonna. L'alcool avait le don de lui donner un bon coup de fouet, un peu comme le café pour certains. Les deux discutèrent pendant une bonne heure, enchainant clopes sur clopes et verres sur verres, jusqu'à ce que le blond décide qu'il était temps de partir et ne se lève, remettant sa veste et s'enfuyant presque comme un voleur en ne laissant qu'un billet sur la table. Deux ou trois connaissances le saluèrent d'un geste de la main auquel il répondit par un hochement de tête et il passa la porte en provoquant un courant d'air qui fit voler la plupart des papiers ou autres conneries laissées sur les tables. Bien entendu, son adorable "protecteur" se sentit obligé de le suivre jusqu'à sa voiture et tiqua, il n'hésita pas à lui faire part de sa surprise quant à l'état de la voiture. Mais n'eut droit à aucune explication, mais il se doutait bien que San avait encore emprunté sans autorisation pour une durée indéterminée. Il y eut encore conversation, qui prit fin elle aussi rapidement et finalement le garçon à la chevelure bleue électrique haussa les épaules et se contenta de le saluer en le voyant démarrer.

....

Lorsque San arriva, il devait être dans les environs de 18h, 19h peut être. Le cyber était trop épuisé pour arriver à lire correctement l'heure sur son portable. Il arrêta sa voiture après s'être garé et appuya sa tête contre le volant, fermant les yeux et soupirant. Il n'aspirait plus qu'à une chose : dormir. Mais pas là, pas dans la voiture, pour avoir le dos brisé le lendemain ? Hors de question.
Après avoir fait l'effort surhumain de relever la tête, il se pencha pour ouvrir sa boite à gant et y plongea la main, fouillant à l'aveuglette à la recherche de son dernier paquet de cigarettes et réfléchissant. Il devait en avoir encore deux ou trois (paquets), il aurait de quoi tenir jusqu'à demain. Le cyber trouva enfin l'objet de ses convoitises, ouvrit une fenêtre et s'installa confortablement sur le siège conducteur, en tailleur. Il sortit ensuite du papier et un sachet transparent. Après une manipulation rapide, un coup de langue et avoir balancé tout son outillage à côté, le blond alluma le joint. Une voix grave le fit sursauter tandis qu'il cherchait son briquet et il tourna la tête pour apercevoir une homme d'âge mur. Merde... est-ce que c'était obligé de rencontrer un flic à chaque fois qu'on rentrait dans Modernis ?

-Excusez moi jeune homme, c'est de l'herbe que vous fumez là.
"Que je m'apprêtais à fumer, nuance."
-Peu importe, c'est illégal. Donnez moi ça.

Et c'est ainsi que notre cher cyber se fit royalement dépouiller par un milicien, ou flic, ou quoi que ce pu être. Trop épuisé pour chercher des embrouilles et prendre le risques que le gentil monsieur n'ait envi de ramener des copains, il avait préféré obtempéré. Enfin... au moins il n'avait pas eu la bonne idée de fouiller son coffre, dommage, pour une fois que San n'avait presque rien mit dedans. Il aurait pu prouver à quel point il était un citoyen modèle. Lui, San Daven. L'homme fourra tout ce pourquoi l'hybride existait dans un sac et lui fit un signe de la main, lui disant qu'il pouvait y aller et qu'il lui souhaitait une bonne année. Alors c'était aujourd'hui le jour de l'an ? Déjà ? San soupira, plus de cigarettes, plus de drogue, briquet perdu, soirée de merde. Année de merde en perspective. Et ça ne pouvait qu'empirer. Non parce que, San ne croyait pas au dicton "Une fois qu'on a touché le fond, on ne peut que remonter." là tout de suite, il était plutôt dans l'optique "Une fois qu'on a touché le fond, on peut encore creuser !"

Le blond sortit son portable, hésitant. Il fouilla rapidement dans ses contacts à Modernis, en faisant rapidement le tour. Il lâcha un cri de désespoir en secouant son portable lorsqu'il tomba sur Yami. Bien sur, il n'y avait que la tringle à rideau qui puisse lui rendre un servi ce de ce genre. Il remit le cellulaire dans sa poche et entreprit d'aller chez lui à pieds, d'après ses souvenirs, le grand brun ne vivait pas loin.

Il arriva au bout d'un quart d'heure, une chance qu'il ait un bon sens de l'orientation. Ca aurait été le comble qu'il se perde dans cette ville. San arriva dans le hall, se figea en voyant l'ascenseur et secoua vivement la tête, non. Jamais. Les escaliers c'était bien mieux. Il monta sans encombre, et alla sonner à la porte du bouffon en déglutissant, ravalant un flot de remarques vicieuses qu'il adorait tant balancer dès son arrivée en se rappelant que Yami était une larve qui n'aimait pas qu'on lui rappel ce qu'il était, et qu'il avait grand intérêt à ne pas se le mettre sur le dos pour l'instant. Et comme il s'y attendait, il le fit mariner avant de se lever. Comme lui l'aurait fait d'ailleurs. Vicieux. Et enfin, il ouvrit la porte. Le "blondinet" haussa un sourcil en le regardant, il n'y avait pas besoin d'être très observateur pour voir qu'il était épuisé et à peine sur les nerfs. En plus de ça, le cyber tapait du pied de temps à autre. Il laissa échapper un long soupire et s'humecta les lèvres, se préparant à dire quelque chose qui risquait de lui arracher la bouche.

"Tu peux-"

Il s'interrompit et baissa les yeux pour voir le hérisson, auparavant sur l'épaule du grand brun, venir lui tourner autour dans le but précis de l'inspecter puis retourner vers son maitre. Passé cet incident, San releva les yeux et fixa Yami.

"Me dépanner. Des cigarettes."

Bien sur, il devrait le rembourser, surement avec intérêts etc.. puisque Yami, n'étant qu'un enfoiré, ne raterait surement pas une occasion de l'emmerder. Ça ne faisait qu'un mois qu'ils travaillaient ensembles, et ne s'étaient vus que trois ou quatre fois, mais ça avait amplement suffit à San pour comprendre que le grand brun était... une calamité.

Yami sourit à San. Réajustant son hérisson sur son épaule, il tâtonna le mur de droite pour trouver l'interrupteur. Une fois la lumière allumée, il put voir plus en détail son blondinet. Il semblait plutôt énervé. Ses cheveux étaient en bataille, ses traits tirés et son pied tapait régulièrement par terre. Yami, quant à lui, était en t-shirt à manches longues noir et vert, en jean noir délavé troué de toutes parts, et des chaussettes qui peluchaient. Ses cheveux avaient viré au blond, comme ceux de San quand on y pensait. Non à la réflexion, Yami ne voulait pas y penser. Ça le rapprocherait trop de cet idiot qui bossait pour lui. Il revint à lui quand il entendit le mot "dépanner". C'était une blague? Il venait le déranger alors qu'il était tranquille avec son hérisson pour le Nouvel An. Il entendit des rires venant de la télé. Merde alors, s'il avait raté une chute d'Hanna, San allait prendre un coup. Il se traina jusqu'à sa chambre et ramassa un paquet par terre. Il restait quatre clopes dedans, San devrait s'en contenter. Retournant dans l'entrée, il lui jeta le paquet au visage.

-A part ça, il m'reste qu'un paquet et demain c'est ferié donc t'auras que ça de ma part.

Tiens mais San n'avait que ça à faire de venir squatter ses clopes un jour de Nouvel An. Il était seul? Pourquoi ne le passait-il pas en famille? Oh après tout ça ne le regardait pas. Et puis San était un Cyber et Yami était bien placé pour savoir que les Cybers étaient tordus. L"humain bailla en entendant son portable sonner. Qui pouvait bien... ? Il fit signe à San d'attendre, bien qu'il aurait pu lui claquer la porte au nez et fonça vers son portable. Trop tard, la personne avait déjà raccroché. Appelant son répondeur, il déglutit en entendant le message laissé.

-Yum, tu dois surement...faire la fête avec des amis. Ce n'est pas grave, je voulais juste te souhaiter bonne année. On a pas le droit de t'appeler normalement mais... Bonne année de la part de June, Maman et moi. On t'aime fort.

Yami jeta un regard vide à l'écran de son portable. Merde, il avait écouté le message en haut parleur, comme a son habitude. Cet idiot de blondinet avait du tout entendre... Tant pis. Il ne se sentait plus de passer le réveillon seul. Il n'aurait qu'à se joindre à An, Liam et les autres. Il trouverait bien un moyen de se distraire en parlant d'Ash devant Kalem ou en parlant du croque-mitaine devant les enfants. Mais d'abord, il fallait congédier San. Il retourna près de l'autre et lui envoya un regard qui disait clairement "Pas un mot sur ce que tu as entendu.".

-Tu voulais autre chose ou je peux être tranquille pour le Nouvel An?

Alors.. allait-il lui claquer la porte au visage ou pas ? Là était la question essentielle. Et ça n'aurait pas étonné San de se la prendre en plein visage après s'être fait envoyer voir ailleurs. Mais à sa grande surprise, Yami se contenta d'allumer la lumière, l'aveuglant quelques secondes par la même occasion. L'hybride avait toujours besoin d'un temps d'adaptation plus long que la normale, il plissa les yeux, puis ceux-ci s'écarquillèrent lorsqu'il découvrit la nouvelle couleur de la chevelure du plus grand. Teint en blond ? Ah non. C'était hors de question ça, il n'avait pas le droit d'avoir la même couleur que lui, pas Yami ! N'importe qui, sauf lui. Et puis quoi encore. La tringle à rideaux l'abandonna quelques minutes devant le pas de la porte, San ne chercha même pas à jeter un coup d'oeil dans l'entrée, le son de la télévision suffisait amplement pour qu'il prenne son bouffon en pitié. Il était assez surpris d'ailleurs, il aurait pensé que le chimiste fêterait le nouvel an en famille ou avec des amis. Puisque cette fête semblait si importante pour tout le monde. Quoi que le cyber n'en avait jamais eu rien à faire. Yami vint mettre fin à ses réflexions ô combien profondes et importantes en lui lançant un paquet au visage qu'il attrapa au vol, l'ouvrant, il put constater avec plaisir et soulagement qu'il n'y en avait que quatre. Ah... ça l'étonnait aussi, qu'il lui passe un paquet entier ou à moitié plein seulement, le Cyber serait tombé sur le cul. Mais il y en avait, c'était déjà ça.
San le laissa aller faire ce qu'il avait à faire, autrement dit décrocher au téléphone. Il hésita à entamer une première cigarette en se rappelant qu'il n'en aurait que quatre pour deux jours et changea d'avis. Il ferait mieux de les garder pour plus tard, lors d'un grand moment de solitude ou d'une envie de tout défoncer. L'absence de briquet dans sa poche termina de le convaincre. Bien alors.. il n'avait plus qu'à partir. Sans dire merci, ni au revoir. Comme toujours, Yami avait beau être à son goût, et être une larve qui tentait de se rebeller, ça ne changerait rien à son comportement envers lui comme envers n'importe qui. Aussi, San allait faire demi-tour lorsqu'une chose nettement plus intéressante le fit relever la tête et tendre l'oreille, il haussa un sourcil en écoutant le monologue du garçon à l'autre bout du téléphone. Tiens.. ça le faisait penser qu'il devrait peut être prendre des nouvelles de sa famille un jour ou l'autre, histoire de savoir qui manquait à l'appel et si tout le monde était encore en vie. Enfin, il n'était même pas sur que ses parents se soient rendus compte qu'il était parti pour Modernis, puisqu'ils ne se voyaient déjà jamais. Le blond soupira en sortant son propre portable, hésitant devant le numéro qui s'affichait accompagné d'une photo. Il allait appeler lorsque le chieur refit son apparition, San rangea immédiatement le téléphone qui retourna à sa place, dans la poche de son slim noir et lacéré.

-Tu voulais autre chose ou je peux être tranquille pour le Nouvel An?

San sourit en soutenant son regard, apparemment il n'aurait pas du entendre la conversation passionnante qu'il avait eu avec son répondeur. Il passa une main dans ses cheveux, incapable de tenir en place. Hocha lentement la tête à plusieurs reprises en réfléchissant. Si, tout à l'heure il voulait lui demander autre chose. D'assez important d'ailleurs... Ah voilà, un endroit où dormir. Le Cyber reporta son attention sur le grand blond et le fixa.

"Y aurait pas un hôtel par là ?"

Il tourna ensuite la tête en pinçant les lèvres, Yami avait le don de m'insupporter et en même temps.. c'était pour ça qu'il l'appréciait. Mais là, il était trop crevé. Il allait passer le nouvel an comme une soirée de merde banale. C'est à dire rentrer, s'en griller une, et se coucher. D'ailleurs, Yami semblait être parti pour aussi.

San soupira d'exaspération lorsque l'autre lui dit qu'il n'y aurait aucun hôtel disponible, pas étonnant. Puisque la soirée était mal partie, ça continuerait comme ça et finirait forcément mal. Quoi qu'avec un peu de chance.. oui c'est ça. L'hybride soupira, et s'apprêtait à prendre les escaliers, quitter l'appartement et retourner à sa voiture pour aller squatter chez Kalem. Ignorant la remarque minable de Yami, comme si il n'avait jamais dormi sous les ponts, San n'en avait rien à faire, il se contenterait de peu. Mais pas de ça. Le brun lui avait toujours dit que sa porte lui était grande ouverte, et son frère lui était sympathique, Aless lui plaisait pas mal d'ailleurs. Pour la simple raison qu'il dégageait une aura plus que malsaine autour de lui. Enfin... son plan de secours tomba à l'eau lorsqu'il se fit embarquer par Yami dans l'ascenseur. Le Cyber se retint pour ne pas se jeter sur la porte et tenter de sortir de la boite en métal infernale, mais le problème étant qu'il était en compagnie de l'unique personne devant qui il ne voulait surtout rien laisser passer. L'hybride resta donc crispé, au bord de la crise de nerf et pâle comme un linge durant les quelques minutes de voyage. Il faillit étrangler le grand blond copieur de couleur de cheveux lorsqu'il téléphona à une connaissance pour lui dire qu'il venait, et emmenait San par la même occasion qu'il définit alors comme un "ami". Le terroriste prit un air offusqué et fut tenté de lui lancer un "Je suis pas ton ami !" mais préféra se taire. Puisqu'il savait très bien qu'en plus de ça, il aurait la voix tremblante. Et que se mettre le chimiste sur le dos n'était peut être pas une bonne chose, des fois qu'il ait l'envi de lui reprendre ses cigarettes.
Lorsque la porte s'ouvrit enfin, le Cyber ne s'en rendit même pas compte, et c'est grâce à Yami qui le poussa hors de l'ascenseur qu'il eut le courage de faire un pas en avant. Il allait partir dans une autre direction avec la ferme intention d'appeler Kalem lorsqu'une main emprisonna la sienne et le condamna à suivre son "ami". San ne dit rien et se contenta d'avancer sans rien dire. Il le regarda et soupira, bon.. si il tenait tant à faire la fête, ils feraient la fête. Le jeune homme acquiesça et lui rendit un sourire moins "enjoué" que le sien.

"Adorable."

Il alla s'installer derrière Yami, ne cherchant pas à éviter le contact physique, bien au contraire si il pouvait le faire ne serait-ce qu'un tout petit peu chier. Il serait heureux. C'est d'ailleurs pourquoi il ne se priva pas de poser ses mains sur ses hanches une fois qu'il eut mis le contact.

"Je peux savoir où on va ?"

San n'eut droit pour réponse qu'à un simple soupire, chose qui plu énormément à l'hybride qui se colla un peu plus contre lui et enserra sa taille de ses bras minces. Ils arrivèrent quelques temps après et Yami l'abandonna au moment même où le moteur fut coupé, le Cyber hésita à l'abandonner et aller se promener en attendant qu'il ne le ramène lorsqu'une voix familière l'interpella. Il tourna la tête et eut juste le temps d'intercepter la masse non identifiée qui se jetait dans ses bras et s'accrochait à son cou. San baissa les yeux et reconnu immédiatement la tignasse de son petit frère disparu, il resta interdit quelques secondes, admirant la gamine à côté d'eux qui attendait son tour en le fixant avec de grands yeux ronds. San attira la petite fille contre lui et les embrassa tous les deux. Une fois après s'être remis du choc et d'avoir failli mourir étouffé à plusieurs reprises, l'hybride se redressa et les entraina à l'intérieur. C'est là qu'il croisa, pour son plus grand soulagement, la seconde personne qu'il ait croisé à Modernis après Beackerman. Kalem. Qui ne cacha pas sa surprise en le voyant ici.

"Tu n'es pas censé être à Cyber ?"

San secoua vivement la tête et ils allèrent s'installer sur le canapé, en face du feu. Kalem tout du moins, le blond préféra s'assoir sur le tapis en s'adossant contre les chevilles de son second employeur qui lui offrit un verre et des cigarettes. Aux anges, l'hybride en allumant sur le champ, puis fut présenté à son frère et sa soeur renommés Hansel et Gretel. Ce qui tombait bien puisqu'il n'était plus sur de leurs prénoms respectifs. Il oublia complétement Yami, et discuta avec les deux têtards devant le feu, une vodka dans une main, une cigarette dans l'autre, et un enfant sur chaque jambe. Apparemment tout allait pour le mieux pour eux, ils avaient été recueilli par Kalem alors qu'Hansel avait essayé de lui voler son portefeuille. San chercha le père adoptif du regard qui avait disparu et haussa les épaules, si Hansel avait réussi son coup, ils auraient pu vivre tranquilles jusqu'à la fin de leurs jours. Ou pendant au moins deux ou trois ans. Il félicita les deux en les embrassant sur le front, Gretel lui parla d'Aless pendant une bonne demi-heure avec des yeux pétillants, tandis que son petit frère inspectait chacun de ses piercings et lui soulevait son tee-shirt pour admirer son tatouage autour du nombril. Confronté à un cruel dilemme, s'en faire un comme son frère, et ne plus ressembler à un poil près à Kalem ? San l'en dissuada en lui disant que c'était très douloureux, et qu'il lui mettrait une dérouillée si jamais il s'en faisait faire un. Réglant ainsi le problème du garçon. Liam vint se joindre peu après à eux, s'ennuyant, il avait décidé de jouer à une partie de carte avec le blond. Chose qui s'avéra difficile car de leur côté, les deux enfants faisaient un château de cartes avec.
Kalem revint plus tard avec Ash, Ash qui se présenta et se concentra ensuite sur le brun. Chacun retourna ensuite à son occupation, jusqu'à ce que Yami ne soit réveillé par l'unique parasite de la maison. Son amie. Bien sur qu'elle était chiante, puisque c'était une femme, jusqu'à maintenant, l'hybride avait réussi à l'ignorer. Mais pourquoi fallait-il qu'elle le réveille.. elle ne pouvait pas aller les chercher elle même ses buches hein ? Non bien entendu. Et en bon emmerdeur, son cher et tendre ami décida que lui aussi devrait se salir et porter le bois. Mais aussi qu'il devrait se lever. Chose qui fut plus difficile que d'habitude, les jambes engourdies par le poids des enfants restés longtemps assis sur ses jambes. Heureusement Yami vint à son secours en manquant de lui déboiter le bras et l'attirant à la cave. San suivit l'autre dans l'obscurité, veillant à bien mettre un pied devant l'autre afin de ne pas trébucher et de se payer la honte de sa vie. Une fois cette mission accomplie avec succès, il resta devant les marches, attendant qu'il fasse le sale boulot seul. Il n'allait pas lui dire qu'il n'était pas du tout rassuré à l'idée d'aller là dedans, San avait toujours évité les caves, puisque c'était le repère du croque-mitaine. Mais sa présence devait être suffisante, non ? Il écouta Yami, qui semblait essayer de se repérer dans ce noir d'encre et décida de l'aider par pur pitié. Il chercha à son tour à tâtons. Et se figea aux paroles de Yami. Le silence tomba comme une masse dans la pièce plongée dans un noir d'encre, lourd et pesant. L'hybride fut incapable de faire un geste pendant plusieurs secondes qui défilèrent beaucoup trop lentement à son gout, sa respiration saccadée. Ce n'est que lorsqu'il sentit que le chimiste commençait à manifester son impatience -ou peut être de l'inquiétude qui sait- qu'il se ressaisit et se précipita vers l'autre humain, ses deux mains agrippèrent un bras et le serrèrent tandis que le jeune homme jetait des coups d'oeils inquiet, fouillant l'obscurité du regard. Sa main droite glissa le long de la manche de Yami et il entralaca ses doigts en avancant, l'autre bras tendu devant lui et pressant le grand blond. Plus vite ils partiraient mieux ce serait. Lorsqu'il frôla une buche du bout des doigts et manqua de trébucher sur une autre, il lâcha la main de Yami. En prit plusieurs qu'il lui fourra entre les mains, il en attrapa d'autre et poussa ensuite son "ami" à remonter. San arriva le premier, posa les buches dans un coin et alla fermer la porte de la cave précipitamment. Hansel le suivit et lui tira sur la main pour qu'il le regarda, ce que fit le Cyber qui se remettait difficile de ses émotions.

"Le croque-mitaine t'a pas attrapé ! Tu l'as vu ?"

San ravala sa salive avec difficulté et secoua la tête, puis lui fit signe de retourner avec sa soeur. Sans s'excuser auprès de qui que ce soit, il attrapa un paquet de cigarette et un briquet qu'il fourra dans sa poche et sortit dehors. S'asseyant devant le pas de la porte, il se frotta le visage et ferma les yeux. Yami n'était qu'un sombre con. C'était confirmé.

San venait d'écraser son mégot sur le sol lorsque Yami le rejoint pour s'assoir à côté de lui. Il laissa échapper un soupire en attendant l'arrivée du foutage de gueule. Chose qui ne tarda pas, puisque le grand blond n'en raterait jamais une. Tout comme lui le ferait. Oui, il avait peur du croque mitaine, et oui c'était la honte. Il en avait conscience, mais c'était comme ça. Il vivait avec l'idée que ce "monstre" existait depuis tout petit, puisque c'était le seul moyen qu'avait trouvé ses parents pour qu'il se tienne à carreau ne serait-ce que l'espace d'une seconde. Il écouta Yami partir à rire sans pouvoir s'arrêter, dommage qu'il n'ait pas de cigarette entre les doigts, sinon il lui aurait écrasé sur la gorge, exactement au même endroit que lors de leur première rencontre. En y repensant, un sourire étira ses lèvres peintes. Il sursauta en sentant une main prendre la sienne et son regard croisa celui de son employeur qui souriait encore. San suivit ensuite son regard et fixa le ciel, même si quelques étoiles se distinguaient encore, mais entre les lumières de la ville et les quelques nuages qui passaient et rapidement chassés par le vent qui soufflait décidément trop fort.. il n'y avait pas grand chose à voir. Il écouta Yami partir dans un monologue qui se voulait rassurant alors qu'il venait de lui dire qu'il avait peur d'une chose en laquelle croyaient très peu de gens et tentait de le réconfortait en lui balancant les peurs de chacun. Pour An... c'était franchement la honte, pas étonnant puisque c'était une femme. Kalem par contre... bah il ne préférait pas savoir de quoi il s'agissait exactement, mais au moins ça le rendait un peu plus humain, de savoir qu'il n'était pas juste un enfoiré vicieux et obsédé. Quoi que sur ce dernier point, il s'entendait très bien avec. Et enfin vint la partie la plus intéressante, la peur de Yami. San le fixa avec de grands yeux, quoi, lui il avait peur d'être seul ? LUI ? Alors qu'il l'envoyait toujours se faire voir pour être tranquille ? Pourquoi pas.

Et arriva le moment qui ne lui plu pas du tout, la proposition, retourner à la cave avec lui. Pourquoi faire ? Se payer sa tête une fois de plus certainement. San ne refusa pas, il se contenta de rester silencieux et ramener ses jambes contre son torse en soupirant. Yami choisit ce moment pour lâcher sa main et le provoquer. Il tiqua, se mordant la lèvre inférieure puis son employeur rentra, le laissant seul. Réfléchissant, il n'avait aucune envie de passer pour un lâche aux yeux du grand blond, et le besoin de vérifier que le croque-mitaine n'était pas dans la cave où se rendaient son frère et sa soeur de temps en temps se fit sentir. Et en plus, que risquait-il... si un devait se faire bouffer, c'était bien Yami.

San se leva et rentra en trainant les pieds, apercevant son employeur affalé dans le canapé et la tête appuyée contre l'épaule de Kalem il passa une main dans la chevelure de sa sœur venue en quête d'un geste d'affection de sa part, le Cyber se rappela qu'il avait vu Yami embrasser son second employeur en arrivant... tu parles d'un hétéro. C'était surement l'un de ces gays refoulés, incapable d'assumer sa sexualité. Pauvre Yami. Il devrait lui en parler tout à l'heure. En attendant... San passa devant Kalem et saisit le poignet de son "ami", le forçant à se relever et l'attirant jusque devant la porte de la cave. Le brun en profita pour s'éclipser avec Ash, chanceux. Le Cyber reporta son attention sur Yami, levant les yeux, il planta son regard dans le sien.

"Je veux bien redescendre avec toi. À la condition que.."

Sa main descendit jusqu'au pantalon du grand blond, il glissa sa main dans la poche de son jean et saisit le portable qu'il éteignit et alla confier à sa petite sœur en lui faisant promettre de ne le laisser à personne et d'y faire attention, puis revint vers Yami et lui sourit. Il ouvrit ensuite la porte, attrapant sa main qu'il serra dans la sienne et descendit en premier, attirant Yami avec lui dans la cave et refermant derrière eux. Les plongeant dans le noir complet. Ils descendirent les escaliers sans encombre, et enfin arrivèrent vers ce qu'il supposa comme étant le milieu de la pièce. San restait le plus proche possible de son employeur, près à le jeter sur la première chose qui bougerait ou ferait du bruit, ou se cacher derrière, au choix. Le Cyber s'éclaircit la gorge et murmura :

"Voilà. T'es content ?"

San retint un rire mauvais en ayant senti son employeur frémir lorsqu'il avait promené ses mains peut être un peu trop prêt de son service trois pièces. Yami était pitoyable, le prendre constamment pour un obsédé sexuel tout ça parce qu'il était gay était la preuve d'une extrême étroitesse d'esprit. Pourvu qu'il soit aussi étroit au niveau inférieur, de toute façon il plus il ferait son parano, plus l'hybride aurait l'intention de le harceler. Et là, il n'avait même pas encore commencé. Mais ça promettrait d'être intéressant, si il continuait, il le martyriserait sans aucune pitié.

En attendant, le Cyber n'était pas fier. Et très mal assuré, tous les deux se retrouvèrent plongés dans le noir, et l'atmosphère était lourde, le silence pesant. En plus de ça, il se coltinait l'abruti. Quel con... mais quel con ! Pourquoi avait-il fallu qu'il décide de montrer son courage à Yami ? Ca n'arrangerait pas leur relation, et il n'en avait aucune envie, ils n'étaient pas amis de toute manière. San ne voulait pas être ami avec, puisqu'il n'avait absolument rien à faire du grand blond.

Une idée vicieuse traversa l'esprit du terroriste dont le visage fut éclairé d'un sourire pervers que personne ne pouvait apercevoir. Ils avaient tous les deux la trouille. Yami avait peur d'être seul... oh, comme ce serait dommage si il se retrouvait malencontreusement enfermé dans la cave pour quelques heures. Franchement, ça serait un curieux hasard.

Faisant un pas sur le côté après avoir repéré Yami qui semblait prostré à sa droite, il allait le contourner et se précipiter dans les escaliers lorsqu'une main saisi son poignet et l'attira contre son employeur en le faisait sursauter. Et se crisper. San sentit tous ses muscles se contracter, prêt à le repousser avec toute violence dont il était capable, il n'avait aucune confiance en lui. Ce type était un pervers, vicieux, mauvais et con. Comme lui, il était donc imprévisible. Mais ce n'était pas dans les habitudes du plus grand de câliner, surtout pas un mec. Surtout pas San. Il s'apprêtait à l'insulter de tous les noms en vociférant mais l'autre le coupa.

-Ne me laisse pas tout seul.

San écarquilla les yeux en gardant sa tête appuyée contre l'épaule de l'humain. Alors il avait vraiment peur ? Merde... Yami baissait dans son estime. Enfin, il n'était plus rassuré du tout là. Si le croque-mitaine se pointait, son partenaire serait trop paralysé par la peur, ou s'enfuirait en chialant. Le Cyber pencha pour la seconde option et se contenta d'acquiescer en hochant vivement la tête. Non, ils ne risquaient rien, absolument rien. San sentait son cœur battre dans sa poitrine, menaçant d'éclater. Ou peut-être était-ce celui de Yami qui le serrait contre lui. Peut-être trop fort d'ailleurs, l'hybride haletait, mais mit ça sur le compte de la peur et préféra profiter. Ce n'était pas tous les jours qu'il pourrait toucher Yami, c'était surement la première et la dernière fois, or, il avait beau être un sale con. L'humain était tout ce que lui recherchait chez un homme. Physiquement, et moralement. Un type bien tordu. L'angoisse. Yami lui plaisait.

À cette idée, le Cyber serra son haut entre ses doigts avec force et se mordit la lèvre.

"Ne t'inquiète pas.."

Ils attendirent quelques minutes dans le silence total, et San constata avec plaisir qu'il ne paniquait plus. Il sentait presque bien, plus assuré. Peut-être grâce à Yami.. ou son étreinte. Ou les deux. Il le repoussa ensuite et prit sa main dans la sienne qu'il serra avec force après avoir entrelacé leurs doigts ensembles.

"Je crois que ça ira pour aujourd'hui. On va y aller avant que..."

Il ne temina pas sa phrase, laissant à Yami et son esprit tordu en imaginer la fin et ricana nerveusement. Puis remonta avec lui et clancha la porte....

... Qui ne s'ouvrit pas.

San réessaya à plusieurs reprises, un faible faisceau de lumière passant sous la porte et le trou de la serrure les éclairait et l'hybride leva les yeux pour fixer son collègue avec un regard laissant deviner un début de panique. Des rires discrets se firent entendre et le Cyber tourna la tête vers la porte en vociférant :

"HANSEL ! GRETEL !"

San soupira d'exaspération en entendant les deux enfants tourner les talons pour surement retourner à leurs occupations. Non, ils n'allaient pas le laisser enfermer avec Yami quand même ? Ils n'oseraient pas, ils ne lui feraient pas une chose pareille. Pas à leur cher et tendre frère ! L'hybride tremblait légèrement, de peur ou de rage il l'ignorait. Peut-être les deux, bien qu'il aurait plus opté pour la peur si l'humain n'avait pas été à ses côtés. Mais heureusement, il était là. Il vint à s'assoir à ses côtés non sans mettre une distance de sécurité de vingt bons centimètres entre eux. Pas que ça le dérangea d'avoir un contact physique avec lui, mais c'était loin d'être réciproque. Et il le savait, Yami n'aimait pas qu'il le touche, juste parce qu'il aimait les hommes. Ce gars était si borné, il l'était tellement que le blond fut soudainement tenté de lui coller un pêche mais se retint. Il avait juste les nerfs à vif, ce serait injuste que ça retombe sur lui. Et puis si il voulait vraiment se détendre... il l'aurait violé plutôt qu'agressé. Ou bien les deux, après tout son employeur avait un si beau cul.

La bulle emplie de fantasmes dans laquelle commençait à se perdre San éclata lorsque la voix de l'autre s'éleva à nouveau. Le faisant sursauter, un frisson le traversa et il s'alluma une cigarette. Au moins Yami pouvait le repérer dans l'obscurité.
Un long silence s'installa pendant lequel il se contenta de fumer tranquillement, autant que lui permettait ses mains tremblantes. Prenant une dernière bouffée, il soupira.

"Parce que quand j'étais petit, mes plus vieux frères m'enfermaient à la cave dès que je faisais un pas de travers. Enfin au départ, après ils m'y jetaient par pur vice. Et dès le début ils me disaient que le croque mitaine s'y cachait."

Il marqua une pause, laissant imaginer à Yami dans quel état un gamin de six ans pouvait être mis rien qu'en entendant le moindre bruit. Puis reprit d'une voix tremblante :

"Et un jour je l'ai rencontré, pour de bon. Parce que cette fois-ci il y était."

Le cyber laissa retomber le silence. Rien, il ne dirait rien de plus. Parce qu'il n'en avait tout simplement pas la force. Il se força à sourire, bien que l'humain ne puisse pas le voir. Puis écrasa son mégot sur une marche de l'escalier.

"Et toi ? T'aime pas les caves ou tu voulais juste savoir ce que ça fait que d'avoir un gay dans les bras ?"

Normalement, il aurait eu un rire mesquin. Et Yami se serait douté qu'il lui disait ça par pur plaisir de lui rappeler quel horrible geste il avait fait. "Bien sur que tu es gay, tu m'as pris dans tes bras !". Pas là, mais il ne voulait pas montrer combien les souvenirs du passé étaient amers, en se comportant comme à son habitude : comme un connard.